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Richard Miller : le retour !

Voilà qu’à l’occasion d’une nomination de compensation, on reparle de Richard Miller, ministre débarqué jadis du Gouvernement de la Communauté française pour faire place à Daniel Ducarme au temps de la superbe de ce dernier et avant la divulgation de son ardoise au fisc.
Les Arts et Lettres avaient besoin d’un gestionnaire, ce fut un Ducarme mirliflore qui obtint le poste.
On sait ce qu’il en est advenu et la douleur de Miller qui n’est ni parent avec dear Henry
de Sexus, ni d’Arthur le dramaturge, époux de Marilyn, mais un politicien comme il y en a à foison sur les chemins des thunes et du pouvoir, qui eut le malheur de rencontrer au sein de son propre parti une pointure 47 alors que lui chausse du 43..
L’histoire de la fourmi qui mange le puceron, de l’étourneau qui mange la fourmi et de la crécerelle qui mange l’étourneau est d’une grande banalité en politique où les emplois à bon rendement financier se disputent à belles dents.
Mais, parfois, les dessus du panier de l’Haut-lieu ont des gestes en faveur des malchanceux.
C’est ainsi que Richard Miller le libéral, le MR 100 %, plaît à une certaine gauche.
La solidarité inter parti est touchante, quand on sait que, du temps de ses malheurs, ce libéral farouche fut secouru et réconforté par Elio Di Rupo qui lui a fait confiance et avec qui il siège comme échevin des finances au conseil communal de Mons. (Décidément le président du PS est l’homme providentiel du MR après le cadeau à Louis Michel). Ce fut ensuite Didier Reynders, qui ne pouvait pas faire moins pour son collègue que le socialiste, qui nomma Miller à la tête de l’intergroupe MR pour chapeauter les groupes parlementaires. Et enfin, l’électeur l’a réélu au Parlement wallon.
L’homme n’est pas particulièrement démuni et il donne même des cycles de conférence à Mons : «Cette année, je parle de saint Georges, c’est fou ce que cela attire comme monde», dit-il. Et il s’est laissé pousser la barbe, un peu comme Castro à l’égard de Batista, pour fournir des poils à la queue du Dragon. «Je dis en riant que j’ai pris du poil de la bête.»
Ce n’est pas bien méchant tout cela, si ce n’est cette étrange solidarité des hommes politiques du sommet pour les héros malheureux du camp opposé. On ne rencontre guère de tels exemples dans les corporations où on a plutôt tendance à se marcher dessus.
Que Richard Miller ait conservé des prétentions à la culture ne fait pas de doute. Il aurait même pleuré en apprenant que Daniel Ducarme avait accueilli un acteur de Miami Vice avec les mêmes égards que s’il avait reçu Woody Allen ou Clint Eastwood.
Ceci dit, il ne faut pas croire que Richard Miller soit une flèche en matière d’art. Ce n’est qu’un honnête homme, et c’est déjà beaucoup.
S’il est bien noté au PS comme au MR, c’est qu’on apprécie de part et d’autre son indéracinable conformisme et son goût pour les arts dans la grande tradition bourgeoise. Héros libéral de la diversité culturelle, il ne va rien diversifier du tout, bien entendu. Les soupirs des anges n’ont jamais révolutionné personne.

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Voilà notre miraculé relancé pour postuler dans le futur un nouveau portefeuille des Arts et Lettres. En attendant, il ferraille contre la directive Bolkenstein qui ouvre les portes de la sous-culture anglo-saxonne, que Busquin contresigna en 1994 du temps où il était Commissaire rond-point Schuman. Au niveau européen, les règles de l’OMC (l’organisation mondiale du commerce) menacent de ficher en l’air le peu de culture française qui reste. La pression américaine directe et indirecte est intense. « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » comme dirait l’autre.
Reste que cette solidarité des partis est l’exemple de ce que les chômeurs devraient faire pour qu’on entende parler d’eux. Oublier les clivages, les sollicitudes intéressées et limitées des organisations syndicales, les recherches en solitaire d’un emploi chimérique, pour se pointer à six cents aux portes des usines afin que l’on y acte leur présence et le refus de la direction de leur signifier qu’ils sont effectivement à la recherche d’un emploi.
Tout cela bien loin, évidemment, des contingences du pouvoir. L’objectif était de sauver un homme aussi admirable que Monsieur Miller.
Voilà, c’est fait.
Les milieux spécialisés s’en félicitent.
L’Haut-lieu a toujours su préserver l’environnement ouaté de son Corps politique.
Que n’apprenions-nous à en faire autant !

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