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Le syndrome des affaires

Plus le pouvoir économique monte en force, au point de mettre au second plan le pouvoir politique, plus ce dernier, par compensation de sa perte d’autorité d’un côté, augmente ses démonstrations d’autorité de l’autre. C’est comme dans une dictature en proie à la guerre civile, plus la portion de territoire dans les mains du dictateur diminue, plus celui-ci emploie la manière forte pour contraindre davantage le peuple à subir son joug.
Dans un pays qui compte un million de chômeurs, une aggravation de la pauvreté et une diminution des revenus des pensionnés et des travailleurs de base, n’est-ce pas dérisoire de sortir – en vrac et dans le désordre - des lois antitabac sans que l’on détermine ce qu’est le stress primal qui en perpétue l’usage, d’inonder les ménages pauvres de feuilles d’impôt et d’intimidation à payer dans les délais, d’augmenter toutes les amendes aux infractions du code de la route, d’installer des éducateurs de jeunes, d’améliorer à toute force l’environnement pour la qualité de vie en ignorant que la qualité de vie commence par le niveau de vie, de multiplier les contrôles tatillons et contraignants, y compris l’inspection automobile, de s’inquiéter de la statistique des vols dans les grands magasins, de réprimer la petite délinquance, de surveiller les quartiers à problèmes, de nourrir la conviction d’une insécurité grandissante par des mesures d’investissements de protection, d’aller jusqu’à établir les prix du pain pour en arriver à ce qu’il coûte aussi cher, bref, de verser peu à peu dans un régime dictatorial, quand il suffirait pour éliminer d’un coup 90 % des problèmes d’offrir un travail convenable et bien payé aux gens, et d’élever d’autant les pensions et les indemnisations de maladie et de chômage ?
Pourquoi le législateur ne le fait-il pas ?
Parce qu’il a perdu le pouvoir de gérer l’Etat aux noms des seuls citoyens et qu’il ne le peut pas dans un concept égoïste et libéral.
Les partis politiques qui forment les majorités comme les minorités, qui sont en permanence les pourvoyeurs du pouvoir et des oppositions ne peuvent plus peser sur l’économie qui leur échappe. Le nouveau pouvoir essentiellement économique énonce ses propres lois, contradictoires à la volonté populaire puisqu’elles produisent des dégâts visibles sous nos yeux.
Le pouvoir politique a pris le parti qu’ont pris les syndicats vis-à-vis des employeurs :
Il joue un rôle d’intermédiaire entre le pouvoir économique et nous, avec ce que cela implique de compromission, de lâcheté et d’abandon des principes et finalement de collaboration infamante. En liant son destin à l’économie libérale, le système politique est devenu aussi immoral que son mentor.

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C’est un ministre socialiste qui pénalise les chômeurs. C’est un MR qui parle de supprimer l’imposition des revenus quitte à compenser par l’augmentation des taxes indirectes. C’est l’ensemble de la classe politique qui se démène pour « attirer » l’investisseur, c’est-à-dire caresser dans le sens du poil le pouvoir qui les domine.
C’est tout le drame dans lequel nous sombrons. Incapables de trouver une nouvelle formule, le pouvoir politique voit toutes les richesses produites par les citoyens se dévoyer au profit de quelques privilégiés, contre lesquels il n’a pas prise. Evidemment sa prise de conscience serait plus grande si ses indemnités ses jetons de présence et ses petits privilèges s’en trouvaient également touchés.
Il est tout de même paradoxal que plus nous produisons de richesse, plus nous nous appauvrissons !
Il y a jusqu’à la chasse à l’argent noir qui délimite les pouvoirs de contrôle de l’Etat aux quelques voyous, concussionnaires et profiteurs interlopes, de bas étage, sachant qu’il est impossible de contrôler les grosses fortunes, surtout celle qui se sont établies sur plusieurs générations et encore moins, d’inculper les pontes.
Il arrive même parfois, poussé par ses démons contradictoires que le législateur élève au maximum les taxes indirectes comme sur les pneus ou les freins, en même temps qu’il déplore les accidents dus à l’usure de ces articles essentiels dans le freinage des véhicules. Il sait très bien, en laissant les taxes sur ces articles à des taux plus doux, qu’il sauverait des vies humaines.
C’est également le cas des Ecolos qui poussent à l’augmentation des taxes sur les eaux sous bouteille plastique et qui parlent d’engagement à gauche, alors que les personnes âgées des maisons de retraite n’ont que ce genre de flacons pour se désaltérer, la consigne en verre étant trop dangereuse.
On l’a assez dit : Etat voyou, Etat proxénète, Etat pervers ? Non ! Etat incapable, Etat diminué, Etat subalterne, Etat croupion, oui.
L’Europe au lieu de renforcer le pouvoir citoyen, le dilue et le pervertit davantage. Elle le fait inconsciemment en se superposant au pouvoir de la nation, en multipliant les sources de décisions parfois contradictoires.
Pour que l’Europe soit efficace, il faudrait en finir avec les Parlements locaux et les souverainetés nationales, supprimer les intermédiaires entre l’Europe et nous, faire qu’en sorte le parlement européen soit seul à bord et qu’il ne dépende que des citoyens électeurs européens, ou supprimer l’Europe.
Ce n’est pas demain la veille… Il y a trop de gens aux ambitions politiques à pourvoir. L’Europe et les Etats sont les derniers employeurs généreux. On sait pourquoi.

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