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Un jour propitiatoire

- Le bureau des certificats citoyens, s’il vous plaît ?
- Septième étage, escalier du fond, porte C. Mais je crois qu’elle n’est pas là.
- Ah ! bon. Où est-elle ?
- L’employée est au CHU.
-Grave ?
-Elle souffre d’une paralysie administrative.
-C’est quoi ?
-On attrape ça facilement, vous savez. Parfois rien qu’à traverser un couloir… C’est une maladie nosocomiale des bâtiments administratifs. On en a parlé dans « La Meuse ».
-Je vais où, moi, alors ?...
- Il y a bien l’escalier D par la porte M, mais vous ne pouvez pas prendre l’escalier D.
-Pourquoi ?
-Parce que la porte M qui y conduit est une porte dérobée.
-Et alors ?
-On la dérobée, je vous dis. Elle a disparu !
-On vole beaucoup dans le bâtiment ?
-Vous voyez au-dessus de vous ?
-C’est le ciel. Je suis dans une cour.
-Non. Monsieur. Hier on a démonté le toit de mon bureau.
-Pour en faire quoi ?
-Pour le mettre au-dessus du bureau de l’échevin des Travaux publics.
-Que des individus ont enlevé durant la nuit, sans doute ?
-Exactement. Le problème, c’est qu’ils ont emporté le bureau qui était en-dessous en même temps. Ce qui fait que mon toit démonté encombre les couloirs.
-Qu’allez-vous faire, le remonter ?
-On n’aura pas le temps. Demain, il aura disparu à son tour. Surtout qu’il est déjà par terre.
-Donc, personne ne peut me faire un certificat citoyen ?
-Je peux en faire un si vous voulez. C’est pour quel usage ?
-Avant, je travaillais au ministère du passé antérieur et…
-C’est quoi, ce ministère ?
-C’est un ministère qui se situe dans le temps avant qu’une date ait été prise pour savoir ce qu’on allait pouvoir y faire.
-Dites donc, c’est bien compliqué cela ! On comprend que les Flamands ne veulent plus de nous.
-C’est très réfléchi au contraire du Gouvernement wallon. Comme les Flamands ne conjuguent pas après l’imparfait, notre ministère reste hors de leur portée.
-Ça ne me dit pas pourquoi vous voulez un certificat citoyen ?
-Je pose ma candidature à l’ONEm pour un poste de facilitateur.
-C’est nouveau ?
-C’est pour faciliter.
-Faciliter quoi ?
-Faciliter l’entrée dans la vie professionnelle..
-Un genre d’obstétricien administratif ?
-On aide les chômeurs à faire leur premier pas à la vie dans notre salle de travail de l’ONEm. On leur apprend à pousser la porte des intervieweurs. On interprète leur échographie et on voit s’ils sont viables.
-S’ils ne le sont pas ?
-Notre Ministre les euthanasie.
-C’est sans douleur ?…
-Les chômeurs mal aimés s’y attendent. D’autres sont placés six semaines dans des couveuses à pénalités.
-Si c’est pour faciliter l’accès aux layettes administratives, c’est Bien.
-Oui. Il faut les aider à changer de couche, les rendre mobiles.
-C’est un vrai parcours du combattant de leur trouver une crèche ?
-Heureusement qu’il y a des gens biens qui s’occupent d’eux.

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-Vous pensez à qui, en ce moment ?
-A Monsieur Kubla, pardi !
-Quoi, Kubla à un centre d’intérêt d’adultes au chômage ?
- A la RTBf il l’a déclaré haut et fort. Il veut fermer son centre d’intérêt. Il n’en veut plus !
- Encore une fermeture !
-Il ne supporte pas que les facilitateurs facilitent.
-Qu’est-ce qu’il veut ?
-Pour en finir avec le chômage, il veut supprimer les chômeurs.
-C’est logique.
-Sans supprimer le chômage, pour autant. Ainsi, il n’y aura plus de chômeurs !
-Et alors votre certificat citoyen ?
-J’hésite. Je me demande si être facilitateur a de l’avenir ?

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