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Une affaire confidentielle.

- Pourquoi ne veux-tu plus que je t’appelle Puputte ?
- Mais enfin, Corneille, tu ne te rends pas compte de ce que les gens pourraient penser ?
- Voilà dix ans que je t’appelle Puputte.
- Maintenant, je ne veux plus.
-Tu me vois t’appeler Pulchérie ?
-Mon père était un idiot. Quand bien même, je préfère Pulchérie à Puputte.
-Pourquoi, bon sang, aujourd’hui ?
-Après ce qui s’est passé, mets-toi à ma place.
-Tu es bizarre. Quand tu ne me trompais pas, tu ne disais rien quand je t’appelais Puputte. Maintenant que tu m’as trompé, cela te gêne !
- …si encore nous n’étions que deux à savoir…
- De février à juillet, nous étions au moins trois : toi Puputte, moi Corneille et Pierrot-le-Gros, ton amant !
-Je voulais dire que si nous n’avions été que deux au moment où tu ne le savais pas…
-Attends. Tu es en train de me dire que lorsque je ne le savais pas, d’autres que toi et le gros étaient au courant ?
-Comment aurais-tu voulu ? Ginette est ma meilleure amie. Quand elle a trompé son mari, je l’ai su tout de suite ! Je ne pouvais pas faire moins… Puis, elle servait de boîte à lettre, forcément son mari et son lad était au courant.
-Son lad ?
- Tu sais qu’elle a toujours aimé les chevaux.
-Et alors ?
-Elle vit entre sa maison et son écurie.
-Ça ne me dit pas…
-Merde ! Ouvre les yeux, son amant, c’est son lad ! Tu la vois dire la nouvelle à son mari et pas à son amant ? C’est une question d’équité…
-Equité et équitation, ça va ensemble, non ?
-Fais pas de l’esprit, je te prie, quand je te parle sérieusement.
-…Trois, plus le Gros et toi, ça fait cinq… et je n’étais toujours pas au courant.
-Six, si on ajoute Zoulida.
-Zoulida ?
-Oui, la femme d’ouvrage de Pierrot, qui était devenue sa maîtresse pour des raisons de commodité. Dès qu’il m’a eue, il a tout dit à Zoulida. Question d’honnêteté. Elle est partie en claquant la porte, et dieu sait, bavarde comme elle est…
-Six ! Et je ne savais toujours rien…
-Et puis, il y a Gogosse et son mari, Kiloulou !
-Mes meilleurs amis ! Tu as raconté que tu couchais avec le Gros à mes meilleurs amis ?
-Ecoute, Gogose est une fine mouche. A la tête que je faisais avec toi, elle avait deviné. Tu étais le seul à ne rien voir. Elle-même l’année dernière avait fait ça avec le laitier. Kiloulou a pardonné. Elle ne m’en a parlé que parce qu’elle voyait bien que j’étais mal…
-Vous voilà six, non, sept…
-Non, dix !
-Quoi ? Elle a eu deux amants à qui elle leur a dit ?
-Non. Un, le dernier, celui sur lequel Kiloulou a passé l’éponge, le laitier… qu’elle a juré de ne plus revoir, mais qu’elle voit toujours de temps en temps, parce qu’il est trop malheureux… Il l’aurait mal pris s’il n’avait pas su…
- Sept plus deux ça fait neuf et tu as dis dix ! C’est qui le dixième ?
-Leur fille Caline !
-Suis-je bête, je l’avais oubliée celle-là
-Elle a beaucoup souffert, tu sais !
-Qui, leur fille Caline ?
-Non, Gogosse.
-Quand elle trompait Kiloulou ?
-On voit bien que tu n’as pas notre sensibilité...
-Pourquoi Gogosse n’est-elle pas partie avec le laitier, quand tu vois la tronche de Kiloulou ?
-Tu l’imagines en tournée avec ses bouteilles ?… son vernis à ongles tout écaillé, les cheveux baguettes sous la pluie… Et puis, c’était un coup de foudre passager !
-Je le connais, son laitier. Il est marié et à quatre enfants !... en plus il a une jambe artificielle…
-Oui, mais pas la plus importante. Alors comme elle me racontait que Kiloulou avait pardonné, j’ai fondu en larmes et j’ai dit que je voulais te quitter aussi !

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-Comment tu voulais me quitter, alors que je ne le savais pas encore ?
-Il y avait trop de gens qui le savaient. J’ai pris peur. Tu te rappelles la Mercedes verte du Gros ?
-La caisse pourrie que c’était !
-Ce jour-là elle est tombée en panne.
-Le jour du départ ! Et c’est pour ça que tu n’es pas partie !
-Oui.
-A quoi ça tient quand même ! Une bagnole vous lâche et tout est dépeuplé… Dix personnes dans les confidences, sans que je sois au courant, c’était beaucoup…
-Oui… enfin, onze avec ma mère…

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