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Ce n’est plus la fête des mères !

- Tu crois qu’il vaut mieux rester ?
-Ecoute, elle n’est quand même pas bien.

-Ce n’est pas la première fois qu’elle nous fait le coup !
-Tu l’as eue au téléphone.
-Tu sais le souffle court, la voix qui s’étouffe… c’est pas difficile.
-Tu crois qu’elle simule ?
-Tu te rappelles la scène de l’année dernière, aux vacances de février ?
-C’était une drôle d’idée de partir en février.
-On ne va pas revenir là-dessus ? Tu as déjà essayé d’aller au carnaval à Venise au mois d’août ?
-C’est vrai qu’elle a été insupportable. Elle nous a quand même fait une thrombose !
-D’accord, mais c’était un mois après.
-Elle ne l’a quand même pas fait exprès !
-Va savoir avec ta mère !
-Combien de fois sommes-nous allés aux urgences pour rien !
-Même que l’urgentiste nous a dit qu’il ne fallait plus qu’on y aille, qu’elle avait besoin seulement de ne pas rester seule.
-Tu nous vois avec ta mère dans l’appartement !
-Les « Joséphine ange gardien » et les Patrick Sébastien qu’il faudrait supporter à la télé !
-On pourra faire une croix sur le club méditerranée.
-Et pour 2006, la récolte du sirop d’érable chez nos cousins du Québec !
-Même nos petits week-ends en amoureux à La Panne !
-Nous finirons par nous disputer à cause d’elle…
-Nous ne devons pas trop faire attention à ce qu’elle nous dit…
-Et si on la prenait avec nous ?
-Tu plaisantes, Tu imagines la charge que c’est ?
-Au moins, elle ne se plaindrait pas qu’on l’abandonne.
-Ou elle est réellement malade comme elle le dit toutes les années au mois de juillet, et ce serait criminel de notre part de la faire voyager, ou elle n’a rien et elle peut supporter de rester un mois sans nous voir !
-C’est logique.
-Et puis qui viendrait nourrir le chien et regarder si la pompe à oxygène des poissons n’est pas en panne ?
- Je vais lui téléphoner qu’on part !
-Sois ferme.
-Compte sur moi.
-D’autant que tu es fils unique et que, quoi qu’il arrive, elle ne pourra pas se venger en laissant son bas de laine à quelqu’un d’autre.
-C’est injuste ce que tu dis là. Tu sais bien que tout ce que je fais pour elle, ce n’est pas pour les trois sous qu’elle a !

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-Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Tu sais comme les vieilles personnes sont influençables. Tu fais ses quatre volontés pendant vingt ans sauf une fois. C’est cette fois-là qui compte. Elle va la raconter de cinquante manières différentes à ses amies pendant le restant de ses jours.
-Tu veux dire que malgré ce qu’on fait, ce sera toujours insuffisant ?
-On aurait dû partir en Afrique avec le contrat de la Gecamine si favorable. C’est pour elle qu’on n’est pas parti !
- Là, elle n’aurait rien eu à dire.
-Elle est de l’ancienne école. Le travail passe avant tout. Tu te rappelles comme elle était dure avec ton père ?
-Il n’était pas question qu’il manque un seul jour aux Forges, le pauvre.
-Alors qu’elle n’a jamais travaillé.
-Mais, elle n’est jamais partie en vacances non plus.
-Alors, que sait-elle des vacances ? C’est facile de rouspéter, quand on ne sait pas !
-C’est décidé. On part.
-Que vas-tu lui dire ?
-Que si elle n’est pas contente, je demanderai à notre voisine de s’occuper du chien.
-Ça la rendra jalouse. C’est bon ça…
-Et puisqu’on avait décidé de la placer à la fin de l’année, vu qu’il n’y aura de la place qu’après la canicule, on lui fera peur en montrant la promesse d’hébergement de madame Alice Reinfort, la directrice, en disant que nous n’avons pas encore pris une décision, mais que si elle râle trop…
-Tu sais, chéri, je n’ai jamais douté un instant de ta capacité à régler le problème de ta mère…

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