« Emploiyouac | Accueil | Les guides de nos sommets »

Des « bons » et des « mauvais »

Question déconnade, les Talibans ne sont pas mal dans le genre.
En Afghanistan, avant l’intervention internationale, l’application de la loi coranique avait dépassé les limites de la bêtise et de l’abject. Pire encore qu’en Iran, dont nous venons de voir le côté grotesque quand, en visite en Belgique, un des premiers personnages de ce pays a refusé de serrer la main d’Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat, parce que c’est une femme !
En prenant le pouvoir en Afghanistan, après le départ des Soviétiques, les talibans, ces voyous en religion, avaient fait vomir le monde entier de la façon dont ils traitaient leurs opposants et même leurs propres sympathisants par des supplices pour un oui ou un non et l’inimaginable misogynie au nom d’Allah.
On peut dire que le spectacle était infiniment dramatique de ces femmes sans droit et piégées jusque dans la rue où elles ne pouvaient déambuler qu’accompagnées et dûment masquées de la tête au pied. Certes, en Afghanistan celles que l’on rencontre toujours emmitouflées sous le poids des croyances et la tartuferie des mâles ne sont plus « obligées » de le faire par l’Etat qui n’est plus aux mains des religieux. Si l’on excepte la connerie de certaines familles musulmanes qui persistent et signent, parfois même avec l’acceptation des victimes, admettons qu’il y a progrès.
Au bazar oriental, a succédé le self-service après la victoire américano-occidentale sur les obscurantistes coraniques. Hamid Karzai, le président légitimement élu de ce nouvel Etat, promène sa silhouette élégante dans les capitales de l’Europe avec la distinction du grand Mamamouchi et l’affabilité d’un diplomate né.
C’est parfait. Si ce n’est que ce sont les forces occidentales qui tiennent ce pays la tête hors de l’eau des glaciers qui le surplombent. Les talibans qui ne sont pas tous défaits, occupent toujours les citadelles des sommets montagneux, retranchés dans des grottes et des villages amis, entre le Pakistan et l’Afghanistan. Leur chef, Ben Laden, reste introuvable et quoique plus discret, garde un œil sur sa kalachnikov et l’autre sur de nouvelles tours à démolir.
Néanmoins, le camp occidental donne une impulsion « démocratique » à ce champ de ruine. C’est lui le principal responsable de l’Afghanistan nouveau.
Eh bien, le résultat n’est pas fameux.
Tant il est vrai qu’une barbarie peut en cacher une autre.
Bien sûr, la nôtre, est plus sournoise, moins spectaculaire, en un mot plus démocratiquement acceptable. Le malheur, c’est qu’elle a autant de sang sur les mains que l’autre.

coquelicot.JPG

Qu’on en juge.
L’Afghanistan en 2004 (chiffres de l’ONU) a fourni 87 % de la production mondiale d’opium ! Quand on pense que les barbus avaient interdit la culture du pavot au point qu’avant d’être chassés du pouvoir en 2001, la production était tombée à zéro %. Il faut croire que les sacro-saintes lois de l’offre et de la demande si chères à nos esprits « éclairés » sont plus fortes que tout.
Selon « Le Monde » les surfaces allouées au pavot à opium (matière première de l’héroïne) ont augmenté de 62 % l’année dernière atteignant le chiffre sans équivalent de 130.000 hectares (rapport ONU et ONUDC publié en Autriche).
Tout cela sous le regard impassible des militaires occidentaux stationnés l’arme au pied, quasiment le nez dans les champs de pavots ! Personne n’a encore osé faire le calcul du nombre de morts que cela représente dans nos grandes cités d’Europe et d’Amérique !
C’est à croire que si nous avons beaucoup de leçons à donner, nous en avons davantage à en recevoir.
L’ONU hésite à subventionner une agriculture afghane plus en rapport avec la santé générale, sous prétexte que les narcotrafiquants cultiveraient leurs saloperies ailleurs.
Quand on sait ce que gagne avec le pavot un agriculteur autochtone, on pourrait se demander si les dollars de subvention à l’hectare seraient de nature à perturber l’économie mondiale ?
En attendant, cette production satisfait aux vices des héroïnomanes et fait des milliers de morts par an d’overdose.
Bien entendu, si le paysan afghan est victime en raison du prix dérisoire qu’il reçoit de ses cultures, cela va sans dire que dans la chaîne du producteur au consommateur, d’importants personnages se sucrent au passage, puisqu’un kilo de produit fini se revend entre 10.000 et 15.000 €… Le blocage ne vient-il pas de là ?
Les mesures, par exemple, pour empêcher le blanchiment de l’argent sale – Reynders en sait quelque chose lui qui limite sans justificatifs les paiements en liquide à 3000 € - ne touchent en réalité que le gagne-petit de la chaîne du vice. Les gros comptes en banque échappent évidemment à tout contrôle. Le malfrat de chez nous, distributeur de la merde afghane est finalement aussi mal payé que l’agriculteur producteur, si l’on tient compte du risque beaucoup, plus grand qu’il encourt.
C’est le seul effet de la démocratie aujourd’hui, faire trinquer les gens du dessous sous prétexte qu’on leur assure une certaine liberté.
Même si c’est peu, c’est toujours quelque chose.

Commentaires

Juste!
Mieux que rien...
Richard, merci pour ce rayon de soleil.

Poster un commentaire