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Eponymie franco-wallonne.

Les attentats de Londres n’ont pas seulement abasourdi l’opinion française, ils ont coupé l’herbe sous les pieds d’une anglophobie renaissante mettant en cause le lobbying anglais dans la course aux anneaux olympiques pour 2012.
L’invective a été remisée par décence sur une voie de garage, mais cela ne veut pas dire qu’elle sera abandonnée. Après le « deuil » européen, nous saurons vite si les Français ont digéré « l’affront » que leur a infligé le CIO.
Cette colère rentrée, loin d’être favorable au pouvoir en place, va se trouver bien mûrie lors du discours traditionnel de Chirac du 14 juillet. Personne ne sait ce qu’il va dire aux Français. Les rasséréner ou les faire perdre patience ? Les paris sont ouverts. Je tiens la mauvaise humeur persistante populaire à 6 contre 1 !
Si on risquait un parallèle avec l’opinion belge, on peut dire que l’état d’esprit actuel en France est partagé par l’opinion wallonne et si le climat de dépression national est vivement ressenti dans l’Hexagone, ce sentiment est également partagé par les francophones belges vis-à-vis de leur gouvernement et particulièrement de leur premier ministre flamand. Non pas par mimétisme, mais pour des raisons à peu près identiques : la montée de la précarité et le chômage élevé persistant, encore que les JO échappant à Paris sont aussi une frustration chez nous. C’est que les journaux francophones s’étaient enflammés et beaucoup investis dans la candidature de Paris.
C’est évident que la grisaille de la politique belge, l’absence de hardiesses et de bons éditoriaux dans la presse francophone, font que naturellement les lecteurs et les téléspectateurs belges portent leur regard sur ce qui se passe chez nos voisins, avec autant, sinon plus d’intérêt que ce qui se passe à Bruxelles. La lourdeur flamande conjuguée à la passivité des francophones ne produit pas d’intéressants débats, même si cette lourdeur est souvent délibérée pour servir de paravent à une politique de replâtrage que la presse, une fois de plus, n’a garde de dénoncer.
Certes par rapport au nôtre, le gouvernement Villepin avec un Sarkozy ne tenant pas en place est plus visible donc plus facilement dans la ligne de mire ; mais, nos ministres avec une mine sereine et l’air de bien maîtriser la situation font plus qu’exaspérer la population. Cette politique d’autosatisfaction des ministres belges, alors que les grands dossiers sont alternativement sortis des placards, exposés quelques jours, puis remis aux placards – décrédibilise totalement les partis au pouvoir.

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Par exemple tout ce que notre gouvernement sait faire, est à peu près la même chose que ce que fait Villepin. On augmente par-ci, par là, les produits, l’alcool fort, les consultations médicales. On tente d’alléger le travail des urgentistes des hôpitaux en augmentant la dîme prélevée sur le malade. On augmente les amendes, les radars, dans une forme de « tout répressif » afin de plomber l’avenir de l’automobiliste et de rassurer les gens qui confondent sécurité routière et lutte antiterroriste, etc… sur le temps qu’on masque l’inflation par un index bidon qui, de toute manière, n’a jamais reflété la réalité.
Comme en France pour Villepin, les Francophones ont perdu patience et ne croient plus aux rodomontades des Di Rupo et des Verhofstadt.
Un autre phénomène nous rapproche aussi de la mauvaise passe que traverse les Français. Nous avons l’impression d’accompagner nos voisins dans une spirale de l’échec avec le sentiment d’une démission inavouée du pouvoir politique vis-à-vis du pouvoir économique.
Le public sent que le pouvoir de la rue de la Loi est impuissant devant le pouvoir du monde des affaires et que les petits cadeaux qu’il lui fait ne sont que de petites lâchetés qui ne servent à rien, si ce n’est conforter l’industrie dans son omnipotence et réduire l’homme de la rue à un destin misérable sans avenir et pour tout dire définitif.
C’est que, comme en France, les partis politiques sont en crise. La droite se débat pour ne pas se faire avaler par le Vlaams belang et la gauche participationniste s’éteint en louchant vers le centre et en abandonnant au profit de réformettes sans lendemain la force explosive de la lutte des classes.
Après les premières clameurs indignées et la « mobilisation » de l’Europe derrière Blair que l’attentat conforte dans sa baraka personnelle, il faudra bien revenir aux soucis du quotidien et c’est alors que tout ce que nous mettons de côté aujourd’hui ressortira, mais pas comme le petit jeu d’aller et retour des placards de notre coalition gouvernementale, nous serons « à la française » dans des dispositions d’un ras le bol qui ne peut que déboucher sur un changement profond sous peine d’ouvrir une période d’aventure dans laquelle le destin même de la Belgique pourrait basculer dans l’improvisation d’un hallali définitif.
Et si au grand dam des pleutres de notre Elyséette, on remettait en selle les rattachistes et les fédéralistes ? Nos malheurs sont communs à nos amis français. Notre destin ne serait-il pas de revoir ensemble une nouvelle République, qu’elle soit de 89 ou de 93, mais, nom de dieu ! qu’elle soit quelque chose qui respecte le peuple ?

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