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Indignation sur la toile

Les experts du gouvernement ne vous le diront pas, certes, cependant les experts de la rue vous l’affirmeront, car ils en ont l’expérience : à moins de 1.500 euros par mois, on ne peut pas vivre décemment en Belgique.
Ce ne sont pas les gros salaires du gouvernement qui prétendront le contraire en privé, même s’ils l’affirment haut et fort en public.
Or, un jeune sur deux, trois manœuvres sur quatre et neuf pensionnés sur dix n’arrivent pas aux mille euros !
Et ça fait un paquet de monde.
Je vous épargnerai l’énumération de ce que pourrait faire le modeste travailleur avec 500 euros en plus sur sa paie. Il pourrait se marier, avoir des enfants et s’acheter une petite voiture. Je vois d’ici les gros salaires se récrier. « C’est faux ! Quatre ménages sur cinq ne gagnent pas 1500 euros et pourtant ils roulent en voiture, partent en vacances et ont des enfants.
Admettons. Mais dans quelles conditions ? Dans la gêne constante et l’angoisse des fins de mois. En ce qui concerne les enfants, pourquoi selon les théories de ces messieurs du parti des officiels puisqu’il fait bon vivre à mille euros, donne-t-on des allocations familiales aux mères de famille ? N’est-ce pas implicitement dire « C’est dur avec un petit salaire d’élever des enfants. Voici une compensation propre à soulager votre misère pendant le jeune âge de votre progéniture ».
Si ça n’est pas un aveu…
Et quand l’élégante Marie, les yeux dans le beurre, serpentiluche à la tribune du parlement wallon en condamnant le parasitisme social, son but est d’amoindrir encore les indemnités de toute nature. De sorte qu’elle tire par le bas le revenu du plus grand nombre, en toute indépendance fraternelle et socialiste, bien entendu.
Tout cela est archiconnu et ne fait même plus l’ombre d’une discussion.
Ce dont il s’agit aujourd’hui n’est plus de savoir comment par une nouvelle tranche d’index, certains pensionnés et allocataires sociaux toucheront 4 euros cinquante de plus, ce qui, moins les taxes, leur fera 1 euro 75, mais de savoir comment il se fait qu’aux tribunes officielles, il ne se lève jamais plus personne pour clamer l’imposture de nos menteurs favoris ?
Sans doute la chape de plomb qui pèse sur les épaules de l’homme de vérité est-elle pour quelque chose dans le silence général. Mais, il est des silences plus gênant que les autres.
Il n’y a plus de ces grandes voix à la frontière de la marginalité et du pouvoir qui dénonce le scandale d’une société qui mange gaillardement ses petits fours sur le dos des gens qui n’ont qu’un quignon de pain gris. Disparue cette race de grands journalistes qui en décrivant les abus montraient le crime organisé contre le peuple. Fondue comme neige au soleil cette tribune permanente où s’exprimait librement la conscience et l’indignation, dans la recherche constante d’une vérité contestée et pourtant incontestable.
Tout se passe comme si la résignation était le lot d’une génération accablée et sacrifiée, la nôtre, au nom d’une utopie : le fric, et d’une escroquerie : le progrès en marche !
Au contraire, des années de révolte, nos endormeurs d’Etat se sont améliorés plus qu’il n’est permis, ils sont devenus nos thanatopracteurs. Du coup leur effronterie dépasse ce que les « élites » avaient espéré de mieux de la gauche croupion.
Les « défenseurs » du peuple anathémisent celui-ci, le culpabilisent et le rendant responsable de tout, l’infantilisent pour longtemps.

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Rarement on aura vu autant de souplesse et de servilité aux autres époques, si ce n’est celle du temps de guerre. Les gens de plume ont changé leur stylo contre un plumet et commencent quasiment leurs baratins par un « Madame est servie » métaphorisé, emballé, servi de mille manières, mais très « gens de maison ». A croire que l’onctueux à lui seul fait toute la rhétorique.
J’ai l’air d’un dinosaure, moi, avec mes répliques grognonnes à l’emporte-pièce et ma sincérité. C’est tout ce que j’ai… mais c’est de bon cœur.
Dinosaure sans doute, mais les vrais fossiles ne sont pas ceux qui s’indignent encore et prêtent aux suborneurs du peuple les intentions que personne d’autre n’ose dénoncer.
Les vrais fossiles sont ceux qui croupissent dans la mare des certitudes assises, celles qui ne suscitent nulle controverse, ne demandent rien qu’un accord passif et accordé à l’avance à tout misérable qui par astuce et forfanterie s’est hissé au pouvoir. Et s’il en est, parmi ces plumitifs qui répliquent aux importants comme le bossu Lagardère « sur ma bosse monseigneur », pour servir à la fois de pupitre et assouvir leur besoin d’argent et de promotion, ils sont encore plus dégueulasses que les autres.
Ah ! ce qu’elle a bon dos la conjoncture ! Quand les pouvoirs derrière le décor constitutionnel ne sont plus partagés que par des affidés, dans des sociétés secrètes et dans des conseils d’administration.
Aussi, je commence à être las des gouvernements, des partis, des grands leaders et des déclarations, de cette agitation en ombres chinoises et dont on voit plus souvent les fesses de l’artiste que le visage.
J’en ai marre des discours interchangeables, des décisions que l’on croit audacieuses et qui partent avec l’eau de la tinette dans les égouts anonymes des prostitutions infâmantes...
Je suis saturé de voir leurs gueules dénoncer le défaitisme et la morosité.
Peints au bonheur du jour, leurs pauvres visages ressemblent à ceux de ces vieilles énamourées tellement tirées par la chirurgie esthétique qu’on dirait des manuscrits de la mer Morte.
Tous chantant « Toujours sourire » du pays du même nom, ils sont les Maurice Chevalier d’un music hall tragique, du temps où les « grands artistes » chantaient devant la wermacht.
Je suis écoeuré surtout qu’ils osent encore piquer dans le portefeuille des gars qui travaillent à moins de mille euros par mois, et aux pensionnés à qui on demande sans mourir de honte la petite rallonge de 500 euros de contribution annuelle avec une retraite de mille euros, quand ces veaux marins qui nous dirigent aussi peu lettrés qu’il est permis sous des dehors prétentieux d’universitaires au sacrifice, sont aussi mous qu’un trampoline, aussi efficaces qu’un garde-barrière pour un Thalys, aussi sensibles qu’un pénis synthétique à la pénétration d’un travesti ; tant et si bien que lorsqu’ils se carapatent avec le fric qu’ils ont si peu mérité, on a envie de crier « au voleur ».

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