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Les postillons de l’apostille.

Ce n’est tout de même pas à un pauvre type comme Richard III d’encore taper sur le clou. Pourtant, les avocats, ça commence à bien faire.
Le PS à lui tout seul est le plus grand prétoire de Belgique.
On ne peut pas dénier le droit à un citoyen de faire de la politique, mais puisqu’on a bien établi des quotas pour les étudiants en médecine, on pourrait en faire autant pour certaines professions libérales que l’on voit trop souvent, ces temps-ci.
Comment ce fait-il que cette honorable profession soit la première pourvoyeuse en parlementaires et diverses autres professions publiques ?
Si c’est pour le côté coupeur de cheveu en quatre, manipulateur d’opinion et grande gueule pour amuser le tapis que l’on préfère ces adeptes de la langue de bois au MR et au CDh, on pourrait expliquer cet afflux de compétences au sein du PS par le côté « terre vierge » de l’ex parti ouvrier, les Sioux des maisons du peuple ayant quitté Di Rupo depuis longtemps.
Il est vrai que les avocats par mimétisme professionnel sont des artistes transformistes qui vous jouent l’ouvrier du bâtiment au noir, comme la veuve sanctionnée de l’ONEm avec un réalisme saisissant. Encore qu’au sein du PS leur rôle favori soit administrateur de la société, ce qui ne les empêche pas d’y joindre l’anonyme, éventuellement.
Leur registre étant étendu, on peut se demander où ils s’arrêteront ?
Même les fonctions suprêmes ne leur sont pas interdites. Il se pourrait que l’un d’entre eux se découvrît descendant de Léopold II, par les femmes bien entendu, à seule fin de s’introduire dans l’ordre hiérarchique de la dynastie.
Ces moments-ci, ce serait plutôt là où ils ont toujours brillé, à savoir devant les tribunaux, qu’ils sont les plus demandés. A force de plaider, ils sont devenus plaideurs, faut-il s’en étonner ? Leur capacité à occuper le terrain partout finira par leur jouer un mauvais tour. C’est ainsi que certains pourraient, comme ce fut le cas par le passé, être à la fois devant et derrière les barreaux.
Comme les magistrats sont des avocats en puissance, certains d’entre eux l’ont même été avant de changer de robe, les voilà au face à face : juges, avocats, plaignants, parties civiles, avocats-inculpés et avocats-disculpés, dans un imbroglio fameux qui plonge la Nation dans la consternation.
La société ne serait-elle qu’un immense palais de Justice avec ses caméras cachées à chaque carrefour, ses écoutes téléphoniques élargies aux bénéfices des cocus des polices locales et fédérales et enfin ces radars distributeurs automatiques de procès qu’on nous promet sur chaque pont enjambant nos autoroutes ?
Une société comme celle-là ne peut se passer d’avocats, il est certain ; même si le terroriste est une graine de criminel tout de même assez rare sous nos climats, il devient urgent pour les avocats en quête de prospérité de ne pas en voir éteindre la race. Aussi, à défaut, nous fait-on chaque semaine le portrait au vitriol des olibrius de ben Laden à seule fin de nous maintenir en état de poursuivre l’étranglement de la démocratie des mains mêmes de ceux que notre légèreté a commis à sa défense, nos chers avocats !
Particulièrement concentrés au PS, les Fregoli de la manchette se remuent beaucoup cette semaine à cause de « La Carolorégienne ». Ce n’est pas tous les jours que les cordons des dossiers se dénouent pour répandre dans la rue des torrents de feuillets, tous plus noirs les uns que les autres, libérant des affaires que les avocats des autres formations politiques MR et CDh défendraient gratuitement au titre de la partie civile.
Au fait, qui est la partie civile ? L’Etat dans les mains d’un avocat-ministre qui envoie un administrateur temporaire, sans doute aussi avocat de son état, remettre de l’ordre dans les paperasses de « La Carolorégienne ». Et voilà que, comble de l’horreur, Van Cauwenberghe, un avocat reconverti en politique comme par hasard, est toujours le gérant du cabinet d’avocats Van Cauwenberghe-Lemal auquel « la Carolorégienne » a longtemps confié la défense de ses intérêts ! Ainsi les larmes du ministre-président au Conseil communal de Charleroi la semaine dernière n’auraient été qu’un effet lacrymal de prétoire !
Comme si ce n’était pas assez, le PS est par ailleurs rattrapé par les Affaires Agusta-Dassault, avec encore une belle brochette d’avocats en cause.

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Une seule solution pour s’en sortir : puisque notre société est essentiellement conduite par des avocats et que c’est entre eux que tout se passe, pourquoi ne pas mettre sur pied un système où les élections se feraient entre les seuls avocats ? Ce serait un gain de temps et d’argent, le résultat serait le même et enfin il n’y aurait plus d’affaires délicates étalées sur la place publique. Pour les distinguer du vulgaire, ces éminences garderaient leur robe en toutes circonstances, y compris dans la rue, ce qui éviterait aux forces de police de dresser des contraventions qui finissent sans suite dans les corbeilles du pouvoir. Enfin, ce serait un talisman pour les files d’attente et les spectacles où les gens de robe entreraient sans payer, comme c’est le cas neuf fois sur dix.
Je dépose donc ma requête au greffe – pardon au parlement – dans l’espoir qu’elle sera entendue et j’invite tous les lecteurs de ce blog à la signer :
La démocratie sera avocatière ou ne sera pas !

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