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Le pénis a encore pris 2 points en bourse.

Dans le catalogue simplifié à l’extrême de la séduction « moderne », les mots et les idées derrière les mots comptent pour très peu. Cette séduction-là, pour tout autant qu’elle puisse encore y figurer, est tout à fait anecdotique.
Autrement dit, en 2005, Jean-Paul Sartre n’aurait pratiquement aucune chance de séduire Simone de Beauvoir.
C’est que l’apparence a définitivement pris le pas sur le reste.
Dans la société libérale, le modèle sexuel proposé est l’anatomie subjective de l’espèce dans sa perfection décryptée sur les magazines et les vecteurs de l’image.
Un tel système ne prend en compte que la nouveauté par la passion irraisonnée et immédiate de deux corps « superbes » pensant par leurs organes sexuels, le système nerveux faisant office de cerveau.
La réduction des moyens de séduction s’est donc produite au profit exclusif des critères physiques. Ce qui passaient pour des avantages intellectuels et moraux jadis sont des handicaps aujourd’hui.
Le désir et le plaisir recouvrant les valeurs de l’intelligence, tout en n’expliquant rien de la sexualité, font de l’acte sexuel une entéléchie exclusivement réservée aux seuls jeunes de réalité ou d’apparence.
« T’es un sale con Richie, mais ce que t’es bien quand tu me prends !» chez Richard III vaut mieux que « J’ai 25 ans mon vieux Corneille et je t’emmerde en attendant… » de Tristan Bernard.
Le culte de la jeunesse n’existe pas en-dehors du sexe, évidemment. Dans des termes différents et pour des exploitations autres que sexuelles, les atouts essentiels redeviennent les critères de savoir faire. On ne besogne plus, on travaille.
Le chômage des jeunes est une triste réalité, un grave échec de société… mais basta :
De tous les biens terrestres, le seul auquel nous tenons tant est la jeunesse, d’où les recours aux produits de beauté et à la chirurgie esthétique.
- Moi Tarzan, toi Jane.

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C’est le style attique par excellence, plat et brutal, non pour caractériser dans la simplicité de l’abord une forme de jeunesse définitive, mais parce qu’il n’existe aucun autre moyen des parties d’énoncer autrement l’envie de tarzan de coucher avec Jane et Jane de jouir de Tarzan.
Ainsi les rapports entre les sexes, s’ils se réduisent, en sont d’autant plus directs et d’effets immédiats.
Les échanges se sont beaucoup simplifiés en s’accélérant depuis les Chat et Internet. Cette bourse d’échange fait d’une certaine manière office des grands marchés de la viande comme celui d’Anderlecht, pour notre moderne tendance.
On verra bientôt des annonces du genre : J’ai déjà 32 ans, mais j’en ai une de 19 cm qui ne demande qu’à s’allonger et qui bande à la demande. Et toi comment es-tu foutue ? Ton cul est comment ? etc…
Il paraît que des ménages nouveaux se forment et résistent même au temps sur ces seuls critères rassembleurs.
La difficulté n’est donc plus dans les relations actuelles des jeunes et des pseudo-jeunes, dont le sort est réglé mécaniquement, mais porte essentiellement sur les anciens couples dans les tranches d’âge allant ou dépassant la cinquantaine. Ils sont les marchandises à vente rapide soulignées par marqueur dont la « jeunesse » se détourne, tandis que la société les place sous le cellophane des denrées en pré-décomposition.
Certains résistent et disent non sans pertinence « Voyez, nous sommes bourgeois et cons comme vous, les jeunes, pourquoi nous rejetez-vous sur les seuls critères d’une peau moins souple que nous ne pourrions exhiber sans encourir vos quolibets ?
Bien qu’il s’en défende, le gouvernement lui-même est aspiré par la logique du jeunisme. La nouvelle vice-première Freya Van den Bossche est plus célébrée pour sa juvénilité apparente que pour ses compétences. Les journaux ne résistent pas à nous la montrer le nichon sautillant et la croupe légère, très au top « Femme d’aujourd’hui », bouillonnante et mère de famille à la fois, un symbole pour une Nation insérée dans la brocante capitaliste... Si bien que Laurette Onkelinx sombrant dans l’âge difficile, dernier lustre avant la cinquantaine, n’a plus qu’à se jeter dans la Meuse du pont de Seraing.
N’est-il pas logique que la jeunesse ait la fringale de vivre et l’âge mûr le désir de la retraite ? Aussi, ce ne sont pas les jeunes qui feront grève pour moins travailler, mais les vieux qui voient avec inquiétude la prépension leur passer sous le nez. De toute manière, les jeunes avec le départ qu’ils ont ne travailleront jamais globalement autant que les autres.
Alors, l’irréelle solution consisterait à inventer l’éternelle jeunesse, celle d’Oscar Wilde dans « Le portrait de Dorian Gray » quitte à reporter sur des vieux fictifs les séquelles de l’usure impitoyable du temps. Ce qui aurait pour avantage de conserver l’apparence de la jeunesse en ayant « la ride intérieure ».
« Mourir vos beaux yeux belle marquise me font » pourrait dire sans bafouiller l’éphèbe éternel. Le tout est de savoir si cette connaissance des textes dans la bouche d’un beau jeune homme serait de nature à enflammer davantage la petite copine du samedi soir.
Il y a gros à parier que non.
Séparé de l’âme, le corps exulte et triomphe dans une société de l’immédiateté. La jouissance n’outrage plus la nature désormais érigée en étalon.
Un moment confisquée, la sexualité – et qui mieux que la jeunesse peut la représenter ? - prend une revanche qui dépasse ce qu’on pouvait imaginer.
Aujourd’hui le pénis est à l’aise dans l’imprimé, dans les magazines et les cinémas.
Il devient une source de profit. Le jeune bourgeois n’ayant jamais senti autre chose qu’une morale qui le protégeait du peuple, affiche désormais sa sexualité, avec la bénédiction de papa qui y découvre une nouvelle source de profit.
Le colonel La Biroute, du 36me Léger, reprend du service.

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