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Off course…

La section régionale de Liège de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente recevait ce mercredi 12 octobre Bernard Lecherbonnier prof à Paris XIII pour une conférence au titre évocateur : pourquoi veulent-ils tuer le français ?
Excellente question à laquelle personne n’a répondu, sinon de travers, comme toujours quand ce ne sont pas les usagers qui répondent mais les supposés gradés des Universités et des Hautes écoles, dont nous avions là une belle brochette à disposition.
Dans son prospectus de présentation la Ligue avait déjà dressé la liste de tous les assassins devant comparaître dans cette salle académique magnifiquement rénovée face à cet épicentre des cerveaux en hyper connexion que sont nos hauts fonctionnaires d’Académie.
En vrac, les prévenus se recrutaient chez les fonctionnaires pour faire carrière, les hommes d’affaires véreux, les chercheurs honteux de leur passeport belge, les politiciens à l’éducation lacunaire. Ajoutés à ce terrorisme linguistique, les pédagogues libertaires qui programment le massacre à la tronçonneuse du français au profit de l’engliche, les libéraux conservateurs sacrificateurs de vingt siècles d’ardente communion de « Il était une fois le français », les régionalistes exacerbés aux langues déliées pour des fellations entre « vrais wallons ».
Les patrons de cette camarilla ?
Le pouvoir politique avec l’exemple qu’il nous donne des Frères Happart mâchouillant les mots comme des chiques de tabac afin de sacrifier lalangue (en un seul mot pour faire plaisir aux exégètes de Lacan) et notre premier ministre s’embrouillant au moindre conditionnel.
Force est de constater que la Ligue avait eu son bon coup de filet et que les délinquants cités à comparaître n’étaient pas clairs.
Bien entendu, aucun des prévenus n’était présent. Comme ils faisaient défaut, ils ont été condamnés lourdement, comme il se doit.
C’est en écoutant les plaidoiries des procureurs réclamant leurs têtes que je me suis demandé si la Ligue n’en avait pas oublié quelques-unes et notamment parmi les membres du jury vis-à-vis desquels une véritable justice aurait souhaité leur arrestation immédiate.
Ce professeur d’université traitant Lecherbonnier de cher collègue et prenant la pose, enlevant, remettant, regardant par-dessus ses lunettes, véritable second rôle dans un film de Jean-Pierre Mocky, pour nous offrir une faute du subjonctif imparfait dans son apologie de l’emploi des verbes ; cet autre directeur d’un Haut-machin stipendiant ses anciens élèves en les traitant de cancres, sans s’imaginer que c’était lui qui les avait formés ; tous enfin victimes et propagateurs de ce bourgeoisisme de la cuistrerie, furieux de l’illettrisme des autres et fort indulgents du leur !

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Je leur dis : « Messieurs, le français se porterait mieux sans vous. Voyez comme ces gens venus d’ailleurs sans parler la langue deviennent sur une génération des utilisateurs à part entière. N’ayez pas peur de la langue anglaise, elle ne nous aura pas tant apporté de nouveautés que nous ne l’ayons bombardée des nôtres.
L’hégémonie d’une langue par rapport aux autres langues n’a qu’un temps. La résistance à l’anglais ne vient pas tant de vous qui parlez comme Shakespeare dans des colloques à l’étranger, mais des petites gens que vous méprisez tant et qui sont les seuls gardiens de la langue et les seuls qui lui apportent le sel de la vie, c’est-à-dire les nouveautés, les mots forgés de toutes pièces et y compris de terminologies anglaises, parce qu’ils n’ont qu’une langue et qu’ils l’enrichissent des mots qu’ils trouvent.
Ne poussez par des clameurs devant la progression de l’illettrisme. Les analphabètes étaient bien plus nombreux sous les rois de l’Ancien régime que sous le nôtre. C’est encore une idée bien bourgeoise de croire que le suffrage universel est la panacée qui consent au monde tel qu’il est aujourd’hui et qu’il est le seul juste du fait de cette unique consécration là ! C’est trop commode de dire puisque tout le monde vote, tout le monde doit savoir lire et écrire. Oui, dans l’absolu sans même le suffrage universel, c’est ainsi que cela devrait être et cela n’est pas ; mais pour d’autres raisons aussi, dont vous n’êtes pas innocents.
Cessez d’abord d’être des croquemitaines avec vos lois fossiles et vous verrez l’analphabétisme décroître. Cessez de répudier ceux que vous avez créés et qui à défaut d’être à votre image, des cuistres prétentieux, se battent dans nos écoles avec leurs moyens qui, tout en n’ayant pas la brillance des vôtres, sont autrement plus efficaces.
Enfin ne soyez pas si exigeants au point de vue de l’orthographe J’ai eu le plaisir amer de vous le dire ce soir-là, mais Renard et Flaubert admiraient beaucoup celui qu’ils considéraient comme leur maître, le duc de Saint-Simon qui n’avait aucune orthographe ; plaisir amer disé-je, tant vous n’avez rien compris à mon intervention, puisque vous avez cru que j’assimilais Renard et Flaubert au défaut orthographique de l’autre, à croire que les bouchés à l’émeri ne sont pas toujours ceux qu’on pense.
Plaise au ciel comme dirait Tartufe que nous ayons de ces enseignants sans orthographe à l’égal de Saint-Simon.
Messieurs des Hautes-Ecoles, universitaires et académiciens vous êtes des trous-du-cul de la pire espèce, fossoyeurs de la langue avec vos méthodes obsolètes, car on vous écoute, on vous admire encore et dans la position que vous occupez, vous faites cent fois plus de tort que le plus mauvais de nos instituteurs.

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