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Joli cœur et charentaises.

Les livres du genre « Comment réussir dans la vie » doivent singulièrement titiller la glande envieuse des paumés de la réussite. D’autant que réussir n’est pas tant de briller, d’être aimable, d’en avoir dans le chou, mais comment faire pour ramasser du pognon vite fait, sans finir comme un con à Lantin.
Cette question : « Que dois-je faire dans la vie pour réussir ? » a l’air, comme ça, raisonnable, pourtant elle porte en elle le reflet de ce qu’on est déjà, un petit arriviste qui n’est pas encore arrivé.
C’est clair que ni l’intelligence, ni l’aptitude au travail ne répondent à ce critère qui se résume à prendre l’oseille et se tirer.
Un constat, les auteurs à martingale ne donnent jamais leur numéro de compte, sauf pour payer par correspondance.
Donc méfiance.
Se pose d’abord la question « faire ou ne rien faire « ?
C’est du travail, dont il est question, quand « on fait ».
Le rapport entre le nombre d’heures prestées et le résultat met évidemment le chômeur, tête de liste à la prestation, remplir un formulaire et se présenter au FOREM tous les six mois vous fait l’heure à plusieurs milliers d’euros. Du point de vue de la rentabilité, c’est le top.
Le boulot abîme l’homme.
Le travailleur devient-il beau par son travail ? Un camionneur qui ne dort plus, cramponné 12 heures à son volant, pourquoi a-t-il des valises sous les yeux ?
Sans compter les maladies professionnelles, les courbatures et la connerie du travail à la chaîne, on ne peut pas dire que le travail rende à l’homme toute sa noblesse et le laisse avec son intégrité.
Qui c’est-y qui perd de temps en temps un doigt à la scie sauteuse ? Le patron peut-être ? Donc le performant pour réussir et rester intact ne doit surtout pas travailler, il endommage son fonds de commerce pour des ronds de carotte.
L’employé est-il mieux loti ? Quand il revient en courant pour bondir dans ses charentaises, il fait plus bander personne, sa femme en premier lieu. Et si son métier est trop prenant, il devient franchement insupportable. Il transporte ses emmerdes à domicile et sa malheureuse épouse a droit tous les soirs à un cours complet de comptabilité. Il ne se soigne plus, ne voit plus sa compagne qui se tortille pour rien dans un déshabillé, alors qu’il s’assoupit une canette à la main devant un match de foot ou le Standard perd un à zéro.
Par contre, l’oisif se distingue par sa disponibilité, sa beauté intacte, le soin qu’il en prend. Même inculte, il finira par prendre un livre un jour, même s’il ne le terminera pas, c’est toujours ça. Par le délicat ennui, tant de fois supérieur au travail, il finira par se cultiver, en tous cas passera moins con que les malheureux à la nage papillon dans les marais de l’économie.
L’oisif est toujours disponible, avec une réflexion drôle de temps en temps. Il a le temps dans la vacuité de ses jours d’en trouver une à faire péter la sous-ventrière.
A la différence de quelqu’un qui travaille, donc démontre que sa situation n’est pas brillante et que son travail est nécessaire à sa survie, l’oisif s’en fout et s’il ne fait rien, c’est qu’il peut se le permettre.
Du point de vue personnel, le besogneux inspire de la méfiance. C’est à lui qu’on vend tous les calendriers de fin d’année. C’est lui qui se ruine à tous les coups quand un marchand de vin sonne à la porte. Il s’achète même des encyclopédies qu’il n’aura jamais le temps de lire !
Si c’est à chacun son mérite, ce n’est jamais qu’en fin de parcours qu’on lui balance le compliment avec une décoration du travail avant qu’on le foute à la porte avec le souhait des survivants de ne le revoir jamais revenir dans l’entreprise pour dire bonjour ; car du coup, le besogneux aura repris des couleurs en essayant avec ce qu’il lui reste de force, de devenir oisif.
Dans les grandes lignes, qu’on réussisse ou qu’on ne réussisse pas, pour un patron, on passera toujours pour un con, et aussi dans sa famille où on aura irrité tout le monde par la parcimonie avec laquelle les mômes du damné du zoning ont eu de l’argent de poche, sans oublier ses sempiternels discours sur les traditions affirmant que tout le monde travaille, ce qui est archi faux.
Puisque l’oisiveté rend aimable et qu’on ne prête qu’aux riches, l’oisif bénéficiera de cet a- priori que les gens aimables sont toujours riches, ne serait-ce que d’une richesse intérieure.
Et puis, et puis… allez vous faire foutre.

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-Chéri n’oublie pas ta gamelle à réchauffer pour midi. Et prends ta douche à l’usine, tu salis trop la salle de bain. De toute manière, je rentrerai plus tard, je passe chez la coiffeuse et j’ai le goûter dont je t’ai parlé au profit des petits dyslexiques du syndrome de Down de la fondation de l’abbé Couillard. Si tu ne me vois pas, tu prends un surgelé, tu le passes aux micro-ondes. Tu commences à en avoir l’habitude ? J’ai pris ta carte de crédit, la mienne est « out » depuis que mon ensemble bustier et petite culotte de chez « Nana »…. Tiens, il est parti sans me dire au revoir, quel grossier ce con !...

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N’oublions pas les employées et autres ouvrières, le travail abîme aussi la femme!

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