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Le PS et le fermage.

C’est à une époque troublée comme la nôtre que l’on s’invective le plus facilement.
Les gens de pouvoir sont les plus crédibles par une aberration qui procède de la psychologie des foules, pour nous traiter de démagogues.
Aujourd’hui, c’est faire de l’antiparlementarisme primaire que de renvoyer dos à dos les partis traditionnels belges. Se faire traiter de démagogues par ceux qui ont confisqué la démocratie est un comble.
Le raisonnement est simple. Ils nous disent « nous sommes des gens pratiques, nous mesurons l’étendue de vos besoins, mais nous ne saurions y répondre selon vos vœux sans faire des dépassements si considérables que nous ne finirions pas la législature sans dépôt de bilan.
Di Rupo excelle dans cet exercice. C’est le grand ami du peuple. Il entend ses doléances mais ne peut y céder sous peine de conduire l’Etat à la ruine. Sa dernière expression pour clore la discussion avec Reynders, autre démagogue caché, est : « demain on rase gratis » à propos de la politique fiscale que le ministre des finances propose en lorgnant sur les élections d’octobre.
Que demandent ceux que le président du PS appelle des démagogues ? La sortie immédiate de la misère du quart de la population ? La décrue sur le champ du nombre de chômeurs par une politique appropriée ? L’augmentation systématique des bas revenus, allocations sociales et pensions, de sorte que le minimum serait établi à 1200 euros ?
Rien de tout cela.

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Pour la simple raison que – même si ce programme rendait justice aux gens – ce serait illusoire que poser de pareilles exigences dans le contexte actuel.
Non. Les démagogues, selon Di Rupo, les rouges selon Didier Reynders, ne souhaitent qu’une chose : faire un constat de l’état actuel du système économique afin de voir où son évolution nous conduit. Poser la question de savoir si l’accélération des concentrations ne va pas faire surgir de la mondialisation un phénomène de boule de neige des capitaux. Se demander pourquoi nous acceptons si facilement que les bénéfices des grandes entreprises ne soient plus réinvestis dans les domaines de la recherche, de la sécurité et du progrès techniques, de sorte que chaque jour, des entreprises naguère performantes passent la main, sont cassées au profit de lointaines succursales ou pire de quelques détenteurs cosmopolites de coupons d’intérêt.
Et enfin, après avoir réfléchi à toutes ces données, les avoir collationnées et comparées, se poser enfin la question de la politique à suivre pour tenter d’influencer l’ensemble vers une direction plus humaine, plus sociale, plus profitable à tous.
C’est quand même inouï qu’au PS on ne puisse pas se poser la question élémentaire à savoir « Est-ce que la politique réformiste du PS d’André Cools à Di Rupo est une politique qui a porté ses fruits et a comporté des encouragements pour l’avenir, au point qu’elle doive être reconduite sans autre discussion d’une législature à l’autre ? Ou bien ne devrait-on pas en cas d’échec probant réunir les Etats généraux du monde du travail, chômeurs et pensionnés, afin d’imaginer une autre politique ?».
Est-ce qu’en Belgique, on ne lit jamais la presse française ? Est-ce que les militants du PS belges n’entendent pas les voix discordantes de leurs homologues français ? Quand Jean-Luc Mélanchon , animateur du courant Gauche socialiste au sein du PS français écrit : « Le pays est assis sur une poudrière de gens qui ne supportent plus la situation actuelle. Ces gens-là veulent du changement, mais nous ne proposons toujours rien ; alors, ils vont voir ailleurs. Le PS a abandonné la politique. Je vais vous dire quelque chose d’affreux : aujourd’hui, le parti qui réhabilité la politique, c’est le Front national ». (Le Monde)
Quand un militant socialiste écrit cela, est-il un démagogue ? Ou faut-il enfin réfléchir à la portée de ce qu’il écrit ?
Ce n’est pas une politique de gauche que suis le PS belge aujourd’hui. C’est une politique de gestionnaire en fermage qui rend des comptes aux propriétaires. Que ceux-ci décident de mettre en jachère, le PS met en jachère, quand il faut se séparer des saisonniers, le PS, bon gestionnaire, s’encourt prévenir les intéressés. Il ne lui viendrait même pas à l’idée que tout cela est injuste et peut-être contesté à tout point de vue, tant du point de vue de l’efficacité, que l’élémentaire respect de l’humain.
S’il y en avait quelques-uns qui en avaient encore à gauche, la contestation même du droit de propriété ne soulèverait pas des insultes et des sarcasmes, mais au contraire de l’intérêt.
Mais, bon, il ne faut pas rêver.

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