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Chantier.

Ce mot est entré dans le vocabulaire de ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Ils nous suggèrent qu’ainsi ils retroussent leurs manches pour produire des lois. Un peu comme le navire en construction attend sur le chantier qu’une de nos têtes de proue casse sur sa coque une bouteille de champagne.
Cela fait travailleur de force. Cela donne le sentiment que nos gens de bureaux à la tête des Etats dits démocratiques ne se contentent pas de plancher sur du papier ; mais en plus plongent les mains dans le cambouis.
C’est ainsi que Villepin comme Verhofstadt n’ont que ce mot à la bouche au détriment du sens qu’en donne la langue française.
A force de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ils croient nous faire gober aussi que leur stylo, c’est une clé de douze !
Villepin a raté son dernier chantier du CPE. On ne trouvera trace nulle part de la friche qu’il a laissée, puisqu’elle n’est que fictive. Son patron a procédé à son inauguration puis à son retrait. Les pièces rapportées ne s’emboîtaient pas. Il y avait un tel hors plomb qu’il était préférable de refaire des plans… sur la comète, le chantier de Villepin ne pouvant être qu’interplanétaire.
Verhofstadt aussi en a d’innombrables. C’est un multi entrepreneurs. Son casque de chantier est en permanence à sa portée pour une visite surprise. Comme Di Rupo est physicien, Verhofstadt est tout physique. Il met actuellement l’Etat en chantier. Ce vaste terrain industriel est partagé en deux, dans le hangar numéro un les ouvriers élèvent des poutrelles en s’aidant par des « ho hisse et ho », c’est le moins performant. Dans le second, le personnel ahane avec des « hisse en ho ». Il paraît que le « en » est plus performant que le « et ».
A ces messieurs qui ont l’impudeur de comparer leurs légers frissons dès qu’ils s’éloignent du chauffage central de leur cabinet, avec la sueur qui perlent à grosses gouttes sur les chantiers de bois et d’acier, il faut que quelqu’un se décide à leur expliquer qu’ils détournent un mot de sa signification à seule fin de propagande et que c’est une manœuvre indigne.
Comme tout se corrompt et se liquéfie de nos jours, les dictionnaires modernes eux-mêmes éternuent d’erreur quand on les met en regard du Littré.
Chantier à deux origines.
La première vient du latin canterium (chevron) Selon ce premier chantier, le mot signifie une pièce de bois sur laquelle on couche des tonneaux dans le cellier ; un morceau de bois qui sert à maintenir un bloc de pierre ; le support de marine sur lequel repose la quille d’un vaisseau ; l’appareil qui porte les manivelles du cordier (encore un métier perdu) ; dans les trains de bois, pièce entaillée pour la liaison avec d’autres bûches.
Voilà pour la première origine.
A moins de nous comparer aux bûches que leur chantier joindrait, je ne vois pas ce que les showmen ont affaire avec ce chantier-là.

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La seconde est d’origine berrichonne qui signifie bord d’une rivière (la Loire coule à plein chantier). Nous avions tout à l’heure la matière. Nous comprenons aussi les lieux où l’on dispose certains objets pour les conserver en dépôt ou les travailler. De même en terme de marine, c’est l’endroit où se construisent des vaisseaux.
Pourrait-on dire que la rue de la Loi où officient ces nouveaux travailleurs est un chantier ?
Où sont les pièces de bois rapportées, les bords de rivière, les tonneaux mis en perce ?
« Ainsi l’ayant honnestement ensepvely, et basty un chantier de bois, le convoyerent en armes au feu de ses funérailles », vu sous cet angle vieux françois, la version Villepin serait vraisemblable.
Reste que ces termes qui n’ont rien à voir avec l’autorité qui gère l’Etat sont inappropriés pour ce qui s’y prépare.
Que Verhofstadt et Villepin parlent de pétaudière, voire de bordel dans les moments de grand découragement seraient compatibles avec ce qui s’y passe vraiment. Quant au chantier, ne leur voulant aucun mal malgré les airs que je prends, je ne le leur souhaite pas. Qu’ils le laissent à ceux qu’ils y poussent. Et ils sont assez nombreux…
Du reste qu’y feraient-ils ? S’ils sont aussi malheureux dans leurs gestes, qu’ils le sont de leurs paroles, ils y seraient vite licenciés.

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