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Et j’entendais ton rire…

Dans cette petite rubrique d’opinion pas toujours en corrélation avec le bien dire et le bien penser (qu’est-ce que le bien dire et le bien penser ?), il n’entrait plus dans mon esprit d’entreprendre sur des grande causes le moindre sujet de réflexion.
Qu’est-ce que ça peut foutre déjà au point de vue national l’opinion d’un type de mon espèce ? J’ai déjà suffisamment soulevé la question de la valeur réelle de l’opinion du citoyen belge dans le cadre d’une démocratie par délégation de pouvoir, pour en rester là. Alors, transposé à la situation internationale, vous pensez…
Pourtant, si ceux qui ont un petit quelque chose à dire, la ferme comme le citoyen lambda, on n’entendra plus que la cacophonie céleste de l’Haut-lieu, étendue depuis Bruxelles au monde entier.
Ce qui se passe en France avec le CPE m’a persuadé que malgré tout - en-dehors de la fantasmagorie des urnes où c’est un Villepin qui mène l’UMP à la défaite future, retranché des autres et seulement approuvé en sa déshérence par son copain Chirac – c’est tout de même la rue avec ses millions de protestataires qui a la vraie démocratie pour elle.
Ce qui fait que gueuler tout seul et dans son coin est peut-être plus un acte démocratique que de diriger les autres contre leur gré, plus peut-être que d’approuver les Lois promulguées en notre nom et sur lesquelles nous ne sommes pas majoritairement d’accord.
Aussi, vais-je, à nouveau à tort et à travers, revenir de temps à autre sur les grands événements dont nous lisons les péripéties dans les journaux, à seule fin de dire à quelques uns mon sentiment ; alors que j’avais perdu l’habitude de le faire par lassitude et découragement.
Sinon, à qui le dirais-je ?
A-t-on déjà vu l’Haut-lieu débattre avec la rue et écouter les gens ordinaires ?
Ainsi, de la guerre en Irak, voulue par Bush, prenant le citoyen américain à la gorge, sans que l’Administration américaine soit sensible d’abord aux sourdes réprobations et ensuite aux clameurs qui s’élèvent en avril 2006 dans ce pays.
Après l’invasion sur des prétextes mensongers, voilà l’Armée US maîtresse d’un pays, puis de moins en moins sûre d’en pouvoir façonner le nouveau visage, tandis que les morts des civils et des militaires s’accroissent, que le climat d’insécurité grandit, au point qu’aujourd’hui on peut parler de guerre civile.
Le voilà bien effondré, le rêve de Dobeliou d’étendre les « bienfaits » de la démocratie au Moyen-Orient, dans un contexte où l’assassinat se répand, alors que son discours supposait qu’il allait réduire la fureur intégriste et le nationalisme des trois communautés de la composante irakienne, et que l’ancienne dictature de Saddam allait baigner dans la douceur de vivre d’une société fondée sur les Droits de l’homme.

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De ce beau gâchis qu’est-ce que le citoyen américain peut en faire ? Rien. Si ce n’est protester et par déambulation la pancarte à la main, donner son point de vue ?
Qu’est-ce que l’Irakien peut faire, emporté par le malstrom des guerres, des intégrismes, des haines communautaires, rien, sinon, renoncer à sortir de chez lui, de peur d’une balle perdue ou se lancer la kalachnikov à la main afin de tuer pour ne pas l’être ?
Enfin, cette guerre malheureuse a ranimé la nocivité intégriste de l’Iran, fait exploser une politique de meurtres des opposants au régime Syrien, anéanti le processus de paix en Palestine et permis à l’Etat d’Israël de se moquer des nations Unies.
Tout ça au nom de la démocratie et du suffrage universel, si l’on veut bien considérer que la grande Nation américaine est supposée être gouvernée par le suffrage universel et la démocratie et qu’elle en soit à ce point éblouie et veuille en dispenser les bienfaits, de gré ou de force, au monde entier.
Voyez où l’on en est, seulement après trois ans que la guerre éclair et le triomphe des Américains aient été salués de par le monde.
Et les Etats-Unis pataugent et le monde entier s’interroge.
Résultat, en Belgique, nous avons dorénavant le père Ubu, notre père Samuel national qui voit des intégristes musulmans partout. L’opinion est vaguement inquiète et les dérives sécuritaires nous distraient à point nommé des déconvenues sociales.
Nous nous préparons à des chocs plus importants, comme une guerre avec l’Iran que seuls les Etats-Unis sont incapables d’entreprendre, tandis que dans son nid d’aigle, quelque part aux confins de l’Afghanistan et du Pakistan, Oussama ben Laden reste introuvable et nargue le monde entier.
Quel bilan tirer de cette guerre d’Irak qui était annoncée comme préventive et humanitaire?
Quelles seront les manœuvres possibles pour que le futur président sorte du guêpier ? Si ce n’est que l’on peut déjà prévoir qu’elles seront fort réduites, au point que, quelque soit l’option prise par le nouveau président lors de sa campagne électorale, il aura bien difficile de rejouer le coup du départ précipité du Vietnam !

J’ai rêvé que j’allais à mon enterrement
Tu n’étais pas venue et j’entendais ton rire…

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