« Loi naturelle contre loi du marché | Accueil | Il faut libérer le soldat Gilad Shalit »

Chagrins liégeois.

A chaque fois, c’est pareil. On s’étonne. On se demande comment c’est possible. Oui, c’est l’homme, ça madame… et la femme aussi, mais un peu moins.
Le mystère de la personnalité humaine, pas plus qu’un orage d’été ou le jet vainqueur de trois dés qui roulent sur un tapis vert, ne peut être enfermé dans la logique.
On a raison d’aimer Rousseau dans ses « Confessions », mais Jean-Jacques en qualité de philosophe, c’était fichu le doigt dans l’œil : « Je suis sûr que mon cœur n’aime que le bien – écrit l’auteur d’Emile. Tout le mal que j’ai pu faire dans ma vie a été le résultat de la réflexion, et le peu de bien que j’ai été capable de faire a été le résultat de l’impulsion.»
Alors, l’homme né bon ?… Pardon, pas aujourd’hui.
De même cette question rémanente : est-ce la société qui corrompt l’homme ou est-ce l’homme qui corrompt la société ?
Ce n’est plus d’actualité. On aurait plutôt tendance à écrire en ce jour noir : « On ne sait, de l’homme et de la société lequel corrompt le plus l’autre. »
Probablement qu’ils s’encouragent mutuellement ?
Alfred Adler situe la bête humaine dans trois paramètres : la profession, le social, la sexualité. Freud semblait réserver l’exclusivité au troisième. En l’occurrence, il n’avait pas tort.
Qu’il soit question des gènes au cœur des chromosomes, des fatalités de l’environnement, de la somme d’enseignements tirés des soupirs et des aveux sur le divan des psychanalystes, et encore, des lois de la gravitation universelle dans des conjonctions planétaires, rien n’expliquera jamais pourquoi chaque homme est différent et imprévisible.
Pourquoi, à peu de choses près, sommes-nous tous pareils et pourtant si différents, au point qu’une créature s’appelât Saint Vincent de Paul et une autre Dutroux, sans qu’on puisse déterminer, avant de connaître de leur personnalité et les étapes qui jalonnent leur vie, lequel est bon et l’autre monstrueux ?
Une figure géométrique s’inscrit sur la vitre gelée un soir de givre, un enfant pleure dans la nuit, on voit dans le jardin les empreintes d’un oiseau sur la glaise tendre, les derniers tisons jettent sur les murs les ombres fugitives d’ultimes rougeoiements… sommes-nous sous l’influence de toutes ces choses ou est-ce, de ne ni les voir, ni de les entendre qui font ce que nous sommes ?
Ne pouvant nous y reconnaître, nous ne pouvons l’expliquer. Ne pouvant nous y projeter, comment pourrions-nous les amener à nous y découvrir ?
Il y a des mystères dans l’homme qu’on explique chez les animaux que nous sommes par la vie des grands singes. Cependant, aucun primate n’atteint à notre sauvagerie, ne dépasse notre cruauté ou notre altruisme…

arbre4.JPG

L’homme écrit des poèmes dont il ne comprend pas le sens. Nous les lisons parfois de manière emphatique, nous en connaissons presque tous les mots et nous faisons semblant de savoir ceux que nous ignorons. Nous en écrivons d’autres que nous expliquons aux soirées languissantes. Nous nous quittons avec des airs entendus, la musique des mots encore dans les oreilles. Il y aura toujours un mystère que nous n’éluciderons pas, une motivation secrète qui n’est pas reconnue. Nos pensées et nos actes nous échappent…
Est-ce que la transgression de l’oméga qui se révolte contre l’alpha contredit Konrad Lorenz au point que l’anomalie supplante le courage, et que l’énergie et la confiance en soi seraient en un instant balayées par l’horreur ?
Peut-être bien, dans le fond, que la fatalité pousse à l’avance certains destins dans les abysses où ils se reconnaissent et s’interpellent entre eux, en-dehors de toute explication humaine ?
Peut-être sommes-nous fous, nous –mêmes, en voulant comprendre l’incompréhensible, ce que le bon sens populaire assimile à la folie ?
Et folie pour folie, sommes-nous prêts à notre tour, à massacrer ceux qui massacrent des enfants innocents ?
Ah ! les honnêtes gens sont bien plus proches qu’ils ne le pensent des assassins !

Poster un commentaire