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Elle bronze !

-T’étais où cette année ?
- A Chypre…
-T’as visité ?
-Quoi ?
-T’as visité Limassol, Paphos…
-Non. On était à Larnaka, Marilyn et moi.
-T’as vu le quartier de la Scala, l’église Saint-Lazare ?…
-Non. C’est quoi, ça ?
-Des endroits à voir à Larnaka.
-On est descendu d’avion, un car nous a amené à l’Hôtel beau Rivage.
-C’est tout ?
-Non. On a été tous les jours à la plage qui est à bien 200 mètres… peut-être plus ?
-Tu visites jamais ?
-Ma femme bronze.
-Et toi ?
-Moi, je m’emmerde à la regarder bronzer.
-Tu lis ?
-J’écoute le Tour sur une petite radio. Je bois.
-Toute la journée ?
-On revient à midi.
-Quand même. Pour quoi faire ?
-Manger.
-Et quand le Tour était à l’étape ?
-J’ai discuté au bar avec deux Belges du manque de gagne de Tom Boonen cette année.
-Et le soir ?
-Ma femme faisait admirer son bronzage sur la piste de danse.
-Et toi ?
-Je restais assis au bar avec les deux Belges… La musique les emmerde, comme moi.
-T’étais où l’année dernière ?

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-Au club Med.
-C’était mieux ?
-Tu parles ? Leurs activités, c’est con. Heureusement que c’était le dernier Tour d’Armstrong.
-Et tes deux Belges ?
-Là, c’était un Amerloque. Après l’étape, au bar, on se posait la question de savoir si Lance avait pris de la dope.
-T’as rien visité cette année-là ?
-Y avait trop de moustiques.
-Alors, à Chypre, ça t’a plût ?
-C’était pas mal. Il y avait de la bière à la pression. Sur la fin, ma femme a fait la connaissance d’un couple d’Anglais. Elle sortait danser avec eux. Je restais avec les Belges. Leurs femmes se perdaient régulièrement quelque part dans les bosquets entre l’hôtel et la mer. Ils les appelaient d’abord tout bas ; puis, ils gueulaient saisis par l’angoisse… On finissait par les retrouver, sur la plage, derrière les cabines, avec des jeune gens qui voulaient les voler… elles résistaient et finissaient par rentrer toutes dépoitraillées… on rigolait bien. Ma femme se ramenait à deux heures avec les Anglais. Cinq minutes après, elle ronflait… Sauf que sur la fin, on pouvait plus dormir à cause des avions. Ça n’arrêtait pas.
-C’étaient les Français et les Belges qu’on rapatriait du Liban. T’es pas au courant ?
-Ah bon ! Encore un tsunami ? Au Liban !... ça se rapproche de la mer du Nord.
-Tu lis pas les journaux en vacances ?
-Pas qu’en vacances, mon neveu… C’était à cause de quoi, ce chambard ?
-La guerre : Israël contre le Hezbollah.
-T’as dit le Liban ?
-C’est trop long, tu pourrais pas comprendre.
-Hezbollah ou pas, c’est plus possible d’être 15 jours peinards à bronzer, alors ? Faut qu’on nous envoie des avions bondés de réfugiés. Qui c’est qui va payer la facture ? Et tu voudrais que je m’intéresse aux journaux ! Est-ce que je la ramène quand je me fais escroquer dans un bar ? Est-ce que je demande à être rapatrié ? Non, mais !

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