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Privatisation.

-Que pensez-vous de la privatisation des prisons ?
-La liberté d’entreprendre étant un droit absolu, nous verrions cela d’un bon œil.
-Oui, mais en attendant ?
-Des initiatives peuvent être prises parmi nos jeunes entrepreneurs. Cela pourrait déboucher sur une offre d’incarcération du particulier aux particuliers particulièrement délinquants. C’est une question de coût. Si le lit de prison revient moins cher dans le privé, pourquoi pas ?
-Il y aurait une concurrence entre le ministère de la justice et la chambre de commerce de l’HORECA ?
-Exactement.
-Qui déterminerait de la prison d’Etat de la prison privée, laquelle accueillerait tel ou tel type de délinquants ?
-Le délinquant lui-même. Le consommateur aurait eu, au préalable, les éléments qui lui permettraient de comparer les services et les prix.
-Et les remises de peine ?
-Nous préparons une brochurette sur la question. Vous savez comme elles sont distribuées à environ la moitié de la peine. Nous proposons le quart, avec ristourne pendant les soldes.
-Et l’opinion publique ?
-Justement, elle nous est favorable.
-Vous n’allez pas me faire croire que l’opinion publique souhaite que Marc Dutroux sorte de prison au quart de sa peine ?
-Evidemment non. Aussi avons-nous déjà étudié avec l’intéressé un emploi fixe dans notre société d’incarcération. Ainsi, il resterait chez nous jusqu’à sa pension.
-Qu’y ferait-il ?
-Du marketing dans la pré-délinquance. Nous pensons qu’il y serait convainquant.
-Quelle serait votre expansion naturelle ?
-Nous pensons offrir aux citoyens une meilleure qualité prix dans les élections et finaliser la formation d’un gouvernement privatisé.
-L’Etat ferait des économies ?
-Enormes.
-Et le citoyen ?
-Aucunes. Cependant, il y trouverait son compte.

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-Comment ?
-Dans les offres d’emploi que nous reformulerions pour les différents ministères, le premier ministre et même le roi.
-Vous privatiseriez le roi aussi ?
-Oui. Nous avons reçu des offres de dix-sept milliardaires belges qui sont prêts à nous verser des sommes jusqu’à présent que nous gardons confidentielles en raison de la concurrence, pour ce poste suprême.
-Et les partis politiques ?
-Il y a déjà longtemps qu’ils sont privatisés.
-Comment cela ?
-Vous n’imaginez tout de même pas que les responsables dont vous entendez parler pendant des décennies et à travers toutes les législatives ne sont pas des actionnaires incontournables des partis, voire pour certain des industriels majoritaires ?
-Ah bon ! J’ignorais. Quelles seraient alors vos perspectives d’avenir ?
-Un accroissement de la délinquance et une augmentation du nombre de postes dans les ministères.
-Mais ce serait contraire au principe de rentabilité ! Comment paieriez-vous tout ce personnel ?
-Par l’inflation et en faisant appel à la main-d’œuvre étrangère.
-Vous iriez jusque là ?
-Il y a bien des plombiers polonais. Pourquoi pas un premier ministre polonais à la tête de notre gouvernement ?
-Et pour le roi ?
-Bill Gates est sur les rangs.
-Que vous resterait-il à privatiser ? La connerie ?
-Non. Celle-là, c’est déjà fait. Nous pensons aux serviteurs des cultes. Un curé, ce n’est pas grassement payé, mais cela a ses avantages.
-Comment susciteriez-vous les vocations ?
-Nous nous entremettrions à Rome pour le mariage des prêtres.
-Vous avez déjà obtenu des résultats ?
-Oui. Mais nous luttons pour de nouveaux avantages. Par exemple, le droit pour un prêtre marié d’avoir une ou deux maîtresses.
-Je vois. Vous auriez beaucoup de candidats.
-C’est l’avenir, je vous dis.

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