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Un commerce honnête.

Chaque image de guerre dans les pays pauvres de la planète nous renvoie à la même interrogation : mais qui arme donc ces gens dépenaillés, ces enfants soldats, ces paysans n’ayant plus que la peau sur les os et qui traînent des fusils plus qu’ils ne les portent ?
Les chefs de guerre me direz-vous, tous plus ou moins riches d’anciennes rapines et de meurtres et seuls capables de s’offrir des kalachnikovs, des bazookas et des centaines d’armes de poing de tous modèles et de tous calibres.
J’entends bien. Mais, il y a bien des marchands d’armes raflant les surplus de l’ancienne armée de l’URSS, des représentants des compagnies d’import-export, des manufacturiers spécialisés dans l’explosif, des fabricants de copies conformes de tous l’assortiment de guerre qui reconvertissent des tubes de plomberie en fusils à pompe… Bref, il y a une industrie qui sous-traite les armes, qui les vend et qui les expédie là où elles sont nécessaires aux affrontements.
Il peut sembler paradoxal que ces « industriels » passent partout à travers les mailles équiper des « patriotes » comme des « rebelles » sans se faire pincer ! Certes pas par des polices locales, souvent complices et pratiquant le bakchich, mais par les polices des Etats démocratiques partisans d’un contrôle sévère.
Le prix d’une seule pétoire suffirait à équiper de chaussures tout un bataillon ! Les seules munitions susciteraient l’envie des gangs siciliens !
Alors ? Les Occidentaux sont probablement avec les Chinois les fournisseurs occultes, même si l’organisation des trafics incombe à des maffias familières des Conseils d’administration de l’offshore chargés du port et de l’emballage.
Pourtant, parfois une pointure tombe et en tombant lève un coin de voile du mystère.
Le Hollandais Frans van Anraat s’est fait cueillir par la Justice de son pays et passe ces temps-ci devant le tribunal de La Haye qui le juge depuis pour complicité de crimes de guerre et de génocides.
Ce vieillard bien propre et aux cheveux blancs a fourni à Saddam Hussein 800 tonnes de substances chimiques qui auraient pu produire assez de gaz moutarde pour anéantir la population du globe ! Seuls – si l’on peut dire – cinq mille Kurdes et quelques centaines de militaires et de civils iraniens lors de la guerre Irak-Iran, ont fait les frais des expériences sur le terrain par Ali le chimique, un des lieutenants du dictateur.
Ce collègue d’Ali le chimique a évoqué l’autodéfense pour justifier cette vente massive de produits toxiques à l’Irak !

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Il s’entremet partout de par le vaste monde, achète aux USA (oui-oui), au Japon, déjeune à Berne et passe le week-end à Rome, s’envole pour Singapour… tandis qu’on embarque à Anvers ses saloperies sans difficulté. Elles vont faire le détour par Akaba pour finir dans les bunkers de Saddam !
Du vrai travail bien libéral, bien mondialiste, Frans innove et cumule les sociétés paravents, les mirages anonymes qu’une police n’aurait aucun mal à percer si elle avait à l’époque reçu « l’autorisation » des autorités pour le faire !
C’est sur un quiproquo que Frans s’est retrouvé en Hollande, après avoir fuit Bagdad. Il s’y croyait à nouveau sous la protection de ceux qui ont « le bras long ».
Cet exemple nous ramène aux responsabilités des industriels et des exportateurs de ces jouets particuliers qu’on donne à des gamins pour jouer à la guerre.
Frans n’est rien qu’un importateur malin qui s’est fait du fric par un commerce international réprouvé par tous, mais qui existe et que nul n’ignore..
Combien d’industriels comme lui font tous les jours ce que Frans ne fera plus pendant un certain temps ?
On ne sait pas.
Mais, en voyant tous ces pauvres types de hasard, tous ces mercenaires aux pieds nus, ces enfants perdus, en Amérique du Sud, au Moyen Orient et surtout en Afrique, on peut sans se tromper écrire que des Frans le chimique, il doit y en avoir beaucoup.
On les devine portant beau, parlant fort. On a vu un prétendant à une dynastie déchue sombrer dans le proxénétisme. Alors, pourquoi pas des criminels d’autres bricoles ?
Sur la côte d’Azur, sont amarrés des yachts somptueux dont on n’est pas sûr qu’ils sont le fruit de l’épargne d’honnêtes travailleurs, ou la vitrine de parfaits salauds.
Dans certains containers de ces philanthropes ont voisiné peut-être des mines anti-personnels, des jouets et des prothèses (pourquoi pas ?) pour les enfants nécessiteux et infirmes de ces contrées ravagées par les guerres tribales et les ambitions des caïds locaux…
Si ça se trouve, certains de ces industriels spéciaux sont décorés et admirés dans leur pays…

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