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Consultation.

-On ne peut pas dire que je sois malheureux. Il y a des gens qui le sont beaucoup plus que moi. Prenez les pays d’Afrique par exemple, mais il y en a d’autres…
-Oui.
-Au contraire. Je me sens bien dans mon pays. Les gens exagèrent sur les affaires en cours. Mes compatriotes sont des gens sérieux, travailleurs. C’est normal qu’il y ait parfois des faiblesses. Mais je les aime…
-Bien sûr.
-En général, le pays est bien géré par des gens honnêtes. C’est de la jalousie pure de comparer leurs revenus aux nôtres. S’ils sont bien payés, c’est parce qu’ils le méritent.
-Evidemment.
-Ils travaillent dur. Ils sont récompensés par la misère qui recule, la bonne réputation que nous avons à l’étranger. Du reste, les émigrés venus en masse, n’est-ce pas un signe d’amour de la communauté internationale ? Une reconnaissance et en même temps une richesse, une…
-Reprenez votre souffle.
-Les petites misères entre Wallons et Flamands sont des petits riens, comparés à ce qui se passe en Irak, entre sunnites et chiites. On a raison d’en rire. A l’étranger, notre réputation n’en souffre pas. Nous sommes Belges avant tout…
-Avant tout.
-Et fiers de l’être. J’ai toujours une photo de la famille royale dans mon portefeuille, quoique…
-Quoique ?
-Ces temps-ci avec les nouvelles naissances des petits princes, j’ai été obligé de faire un diaporama. Ce n’est pas perdu. Je le passe toujours avant le bulletin d’information de la télévision. C’est notre ciment, Monsieur Renard, la famille royale…
-Oui.
-J’entends que les grincheux se plaignent, ils ne seraient pas satisfaits… mais…
-Mais ?
-Nous votons, n’est-ce pas ? Que ceux qui ne sont pas contents votent pour l’opposition.
-C’est certain.
-J’ai toujours été très satisfait de nos valeurs. La patrie, le roi, la démocratie… Ce gouvernement est le meilleur du monde. J’exerce mon droit de citoyen plein et entier. C’est ça la vie dans un pays libre. Vous ne trouvez pas ?
-Oui.
-Quand je pense à nous tous, nous les Belges, nous formons une grande famille. Je le disais encore à ma femme hier au soir. Je faisais la vaisselle, elle mettait du vernis sur ses ongles. Vois-tu, Cornelia, nous avons eu de la chance sur toute la ligne d’être nés dans ce beau pays, d’en être les citoyens et de travailler à sa prospérité. Vous savez ce qu’elle m’a répondu ?
-Non.

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-Arthur, nous devrions faire plus que ce que nous faisons. Nous devrions augmenter volontairement notre contribution. Nous devrions donner cent euros par mois au ministère des finances en plus de notre feuille d’impôt. C’est magnifique, non, la belle pensée qu’elle a eue ?
-Oui.
-Elle est ainsi, Cornelia. Le cœur sur la main. Elle a ramené à la maison un jeune SDF qui grelottait dans la rue. Depuis, il ne nous quitte plus. Ma femme en est folle. Ah ! si tous les liégeois étaient comme nous, Monsieur Renard, Liège serait encore plus joli qu’il n’est. C’est ainsi que solidaires, nous serons encore plus… Enfin vous voyez… Je ne sais pas si je me fais comprendre… encore plus…
-La séance est terminée Monsieur Bonaloi.
-Quoi déjà ?
-La demie heure est dépassée d’une minute.
-Et alors, docteur ?
-Vous êtes en bonne voie.
-Vous croyez ?
-Puisque je vous le dis. Nous en sortirons.
-Combien vous dois-je ?
-Quatre-vingts.
-Il me semble que c’était septante le mois dernier.
-Ce n’est pas moi, Monsieur Bonaloi, c’est l’Ordre, des instructions d’en haut…
-Oui, je comprends. Ils ont leurs raisons.
-Que nous ne comprenons pas, bien sûr.
-C’est cela qui est admirable. Vivre en confiance, et tout est en place. Ils sont bien plus intelligents que nous pour comprendre. Les raisons d’en haut sont inaccessibles pour nous.
-C’est ça. La séance est terminée, Monsieur Bonaloi. Nous reprendrons le mois prochain sur cette idée d’augmentation des tarifs de l’Ordre des Médecins psychiatres.
-Vous me promettez ?
-Oui. Je vous promets. Vous me donnerez toutes les bonnes raisons que l’ordre à d’augmenter les tarifs. Vous l’avoueré-je je n’en connais qu’une seule.
-Comme je vous plains.
-Voulez-vous demander à la personne suivante de venir, en partant, Monsieur Bonaloi ?
-Merci, beaucoup docteur. Merci…

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