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L’Art liégeois-namurois.

-Sais-tu ce qu’est devenu le poète : « Pourquoi t’es comme ça ? Qu’est-ce que je t’ai fait ? ».
-On sait pas. A Paris, peut-être, dans « poètes d’aujourd’hui oubliés», c’est-à-dire mort ! Est-ce qu’on sait ?
-Tout ça fout le camp. Tout ça, c’est de la merde… Et Claude François ? Pas celui de l’ampoule, le vrai faux Claude François ?
-Il est mort aussi !
-S’ils sont tous morts, où va l’art en Wallonie ?
-Alice et Branle-L’air sont toujours là… On voit qu’eux.
-Il faut bien des temps forts aux petits gazetiers qui vont à la pipe officielle avec tellement d’ardeur qu’on dirait qu’ils ont tous la bouche d’Armstrong à la trompette.
-On voit plus des imitateurs poêlant, des faux génies et des Apollinaire de quartier. A part Roland Gera qui fait rire que Drucker, sauf qu’ils sont vranzais… T’as bien les frères…
-Dardenne ?
-Non. Taloche et Pirette, quand ils sont lucides…
-Pirette est tout seul !
-Quand il rit sur scène de ses propres vannes, on dirait qu’il est avec quelqu’un.
-Les poètes écrivent plus.
-Sauf Alice et Branle-L’air, inusables à la pêche aux honneurs
-Alice avait tout pour réussir : de belles jambes, une petite gueule d’amour. Il a fallu qu’elle écrive… Résultat, quarante années plus tard, complètement fanée, racornie, séchée par son fameux style amaytois…
-A part elle et Branle-L’air, plus personne écrit…
-Naturel, puisque plus personne lit…
-Note que si plus personne n’écrit, c’est qu’on a tout écrit et qu’on n’a plus rien à écrire…
-Où ça va, si parce que tout a été écrit, on n’a plus rien à écrire ?
-…aux Chiroux. Ils aiment bien ceux qu’ont rien à écrire et qu’écrivent quand même. Les rayons sont pleins, on refuse les nouveaux à compte d’auteur.
-On vit dans le souvenir, de ce que les autres étaient et qu’ils ne sont plus. Sauf qu’à Liège, au départ, ils n’étaient déjà plus !
-Le souvenir ? Mais on se rappelle rien !... Dans un sens, ça permet aux deux salles et demie de rejouer les trucs de l’année dernière et de l’année avant, qu’on avait vus à Paris il y a dix ans.
-Tu imagines la durée dans l’art ? C’est fou…
-Quand on se souvient pas, on trouve que c’est une première.
-C’est pas facile pour le comédien, s’il se souvient pas…
-Il fait des variantes, puis il voit son texte comme si c’était un nouveau. C’est le retenir qui est difficile. C’est pour ça qu’il joue Richard III comme Charles X.
-Ils aiment pas les princes étrangers. Ils sont rattachistes par trous de mémoire interposés.

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-Et José ? Qu’est-ce qu’i’ fout José ?
-Il a été agressé rue Saint-Gilles !
-Par qui ?
-Par sa propre image dans le reflet de la vitre du grill des poulets de la boucherie…
-Pourquoi tu parles de José ?
-Il a été décoré.
-De quoi ?
-…par un pigeon. Comme il était d’aucune discipline, on s’est dit « celui là fera pas de tort aux autres » et on l’a décoré une seconde fois..
-Ils sont forts ! Ils décorent un centenaire parce qu’ils sont sûrs qu’il n’en a plus pour longtemps !
-On est cité ardente, faut assurer l’ardeur. On en a une d’avance.
-Et l’ardeur d’aujourd’hui ?
-Voilà justement. On sait pas. Magotte s’interroge.
-Ça fait si longtemps qu’il s’interroge, il doit bien avoir une idée.
-Il attend après l’élection. Il ménage son lyrisme pour recoller à l’ardeur d’avance qui va sortir des urnes.
-Si les élites sont représentatives de ce que nous sommes, alors nous sommes une belle bande de cons.
-Quand je mets les infos à la télévision belge, je coupe le son et je mets les voix de France Inter. J'ai moins honte.
-Même les francophones unilingues, on a l’impression qu’ils sont Flamands quelque part.
-C’est la peinture qui sauve tout.
-Tu trouves ?
-Oui, à une condition.
-Laquelle ?
-Qu’on n’interviewe jamais l’artiste.
-Alors, comment on va savoir que c’est un peintre francophone ?
-Leterme est le seul qui sait, rien qu’à voir la toile.
-Ah ! bon…
- Puisque nous sommes tous des idiots, ce ne peut être qu’une peinture dégénérée.

Commentaires

C'est avec beaucoups d'intérêts ( et sourires )que nous suivons votre regard critique, merci .

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