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L’Europe du bon vouloir des autres

Cette campagne des Communales va sur sa fin. Assez curieusement, je n’ai lu, ni entendu depuis deux mois, la moindre allusion à l’Europe.
Tout se passe comme si l’Europe n’existait pas, ou n’existait plus depuis que la copie de Giscard fut refusée à l’oral en France et en Hollande.
C’est que l’Europe dès qu’elle a voulu ressembler à la grenouille qui veut devenir un bœuf, s’est coupée brusquement des masses populaires.
Plus aucun citoyen ne comprend goutte au lacis des règles et des procédures.
Vingt-cinq, puis vingt-sept ou vingt-huit, peu savent encore le nombre exact d’Etats membres. Cela fait une si importante communauté qu’elle en est devenue abstraite.
De ces règles biscornues, mal expliquées donc incompréhensibles sont sorties des procédures qui décident pour les Etats concernés de ce qui peut advenir dans un tas de choses si diverses que les antieuropéens avaient un pont en or pour se moquer d’une standardisation qui, curieusement, au lieu de simplifier les rapports, les compliquent de plus en plus.
Après le « non » à la Constitution, la stupeur a clos le bec des Nations les plus proeuropéennes. Au lieu d’en donner acte, les donneurs de leçon ont pris les « mauvais » européens pour les ingrats enfants de l’admirable cause.
Puis, plus rien !
On a continué comme s’il ne s’était rien passé, laissant l’impression qu’on allait réchauffer le plat et le repasser dans quelques temps, en essayant d’en changer quelques garnitures.
Eh bien ! agir de la sorte, après avoir entendu quelques leaders jurer qu’on allait donner plus de poids à la participation des peuples, c’est se ficher du monde.
De telle sorte que si on ne parvient pas réellement à dépêtrer l’Europe des techniciens et des mandataires de ses quatre horizons, on fera le jeu de l’Angleterre qui ne demande qu’une association commerciale des Etats membres.
Voilà pourquoi nos communaux sont prudents au seuil du bureau de vote, même si les problèmes européens ne concernent pas trop les communes. Mais c’est également un signe, celui d’un manque d’intérêt, voire une méfiance qui naguère aurait été jugée impossible.
C’est dommage.
Dans les grands ensembles qui se partagent le monde, l’Europe aurait pu jouer la carte sociale et remplacer l’Amérique, en tant que phare d’une industrialisation moins franchement destructrice de l’environnement.
C’est dans le jeu international que la coordination des Etats européens aurait pu être bénéfique aux populations, dans une même politique extérieure et avec l’intégration possible d’une armée capable de nous faire respecter.
Les récents événements au Liban, pays jadis tourné vers l’Europe ont montré comme celle-ci était impuissante à faire entendre raison à des Nations cent fois moins puissantes comme l’Etat d’Israël ou comme la Syrie.
Ce qui aujourd’hui paralyse l’Europe est moins le rejet de la proposition d’une Constitution européenne, que l’absence de projet interfrontière des Etats membres, de discussions et de mise en œuvre, même à l’aide de référendum, de ces projets.
Bien entendu, aucun Etat membre n’a intérêt à mettre fin à l’expérience. Au contraire, les Etats pris de vertige font une course vers l’avant, vers plus de membres, vers plus de dissolutions dans de plus en plus grands espaces. Ainsi, ils justifient les payements de leurs fonctionnaires, des aides éventuelles qu’ils reçoivent et des marchés privilégiés qu’ils ouvrent dans du donnant donnant avec leurs partenaires.
Jusqu’à présent l’équilibre géopolitique s’est toujours contenté du leader américain. Que va faire l’Europe lorsque les pays continents émergents, comme la Chine ou l’Inde rivaliseront d’importance et d’influence avec les Etats-Unis ?
L’Europe acceptera-t-elle de troquer la vassalité qui était la sienne, contre une vassalité chinoise ?
Sinon, qu’espérerait-elle mettre en avant comme force d’opposition ?
C’est bien de faire de l’humanitaire sous la protection des chars américains. Ce sera moins évident quand ceux-ci auront disparu de la scène mondiale dans un repli nécessaire dans les limites de leurs territoires.

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Alors, on s’apercevra que l’Europe n’ayant su répliquer à la montée de l’Islam, incapable de regrouper des forces dispersées dans toutes les nations de sa composante, ne tient plus qu’à un fil, celui du bon vouloir des autres.

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