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Tu vois, au fait…

-Tu vois, j’ai peur de sécher, tu vois… C’est inhumain une idée tous les jours. Je passe parfois un mois sans en avoir une, tu vois…
-Ce que je t’en disais, c’était pour te distraire… au fait.
-Me distraire. Tu vois, je me distrais pas comme ça… le mieux pour moi, c’est pas de penser…
-Au fait, chacun à sa méthode. C’est une question personnelle… C’est quand tu fais le bilan que tu t’aperçois…
-Je peux le comprendre. Mais moi, tu vois, tout le temps revenir sur la société, les grands principes… Qu’est-ce que t’en sais ?
-Je le sens en moi, en fait…
-Y a un malaise, quoi ?
-Si tu veux.
-Le malaise, tu vois, c’est quand j’ai pas digéré ou que je m’engueule avec Solange. Comment tu veux changer, toi, la société ?
-Au fait, je me suis posé la question ; mais, on peut pas changer, rien, et on changera jamais rien.
-Là, on est d’accord. T’auras toujours le type au-dessus de toi qui te fera chier, pas parce qu’il peut pas te piffer, mais parce qu’il est payé pour te faire chier… S’il te faisait pas chier, c’est lui qui perdrait son boulot…
- Moi, je vois plus loin, au fait… Nous sommes dans un système qu’est venu tout seul à force…
-A force de quoi ?
-A force que les gens veulent qu’il soit profitable pour eux et pour qu’il le soit pour eux, il faut qu’il le soit pour beaucoup de blaireaux, ou c’est couille en barre, au fait…
-C’est un piège à cons, en quelque sorte…
-Pas qu’en quelque sorte, dès que tu sors de l’œuf…
-C’est ça tu vois qui me fais peur. L’homme s’aime pas, il s’invente des choses pour se faire chier.
-Voilà. On sait plus si c’est l’efficacité du système qui fait chier, ou si c’est l’homme…au fait, les deux sans doute ?
-Oui, on est des loups pour soi et pour les autres. C’est chose qu’a dit ça…
-On s’est laissé entraîner par soi-même. On sait plus s’arrêter.
-Je te suis là, tu vois. Faut pas croire, j’aime pas d’avoir des idées, parce que quand j’en ai, je pense comme toi, tu vois. Ça me dérange. Et comme tu dis que ça sert à rien, quand c’est la connerie des autres qui souffle un peu, on est entraîné quand même et vers quoi, je te le demande ?
-A fait, je n’en sais rien non plus.
-Alors, pourquoi tu te fends d’une idée tous les jours ? Pour faire chier aussi ? T’aides à faire tourner la roue, à ajouter une couche sur la tartine de merde ?
- Y a un peu de ça. On n’échappe pas à l’ambiance… La morale collective, c’est quelque chose. Au fait, c’est pour gueuler que j’ai mal quelque part…

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-T’as mal quelque part ?
-Non. J’ai voulu dire, quelque part, j’ai mal…
-C’est la même chose.
-Non, c’est tout différent…
-Je comprends pas.
-Au fait, si tu pourrais… Mais t’es comme tout le monde…
-C’est-à-dire comme toi ?
-Entre autres.
-Alors, si je suis comme toi, pourquoi tu la ramènes ?
-On est quand même pas que des robots. Au fait, on ne vit plus que par quelques petites différences…
-Ce que tu veux dire, au fait, c’est que ta petite différence te fait avoir une idée tous les jours…
-Qu’est-ce que tu viens de dire, là ?
-…que t’as une idée tous les jours et pas moi ?
-Non. Avant…
-J’vois pas…
-T’as dit « au fait ».
-Alors, je peux pas dire « au fait » ?
-C’est moi qui dit « au fait »
-T’as le monopole d’ « au fait » ?
-Non. mais c’est Richard qui s’est encore paumé dans ses dialogues.
-Tu vois, c’est un con.
-Au fait, oui.

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oué po mol

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