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Vive l’Haut-lieu...

…et m’emmerdez pas !

On s’étonnait de la stabilité de l’électorat belge.
Massivement centriste, l’électeur a horreur de ce qui bouge. Viscéralement conservateur, il ne vote socialiste que dans la mesure où ce parti précise qu’il ne fera rien qui puisse bousculer le citoyen. Chômeurs, pensionnés, bas salaires – une majorité dans ce pays – estiment que tout est pour le mieux dans la meilleure des Belgique possibles.
L’électeur fuit les nouvelles inquiétantes, les guerres entre Juifs et Palestiniens, les intégristes musulmans, les pollutions, la fin prochaine du gasoil, le cancer et la crise de 29.
Son frénétique besoin d’achats compense. Le supermarché est son univers. Il y régule son humeur belliqueuse d’acheteur compulsif. Il s’y forge une mentalité de gagnant. Il estime que, sous certaines conditions, il peut aller jusqu’à voler ou saccager, s’il lui en prend la fantaisie. Il s’y révèle ce qu’il se défend d’être ailleurs. Timidement, il essaie d’exporter ce pouvoir consommant dans les transports en commun, il y vérifie son absolu droit de s’asseoir avant tout le monde et surtout les personnes âgées. Les conflits sociaux l’irritent. On le voit bien avec les consommateurs-ouvriers de VW à Forrest. Au plus fort des manifestations, il n’y a pas 300 membres du personnel sur 5000 qui se pointent. Roi à son volant, la vie lui paraît tellement belle qu’il ne voit pas celui qui rate un virage, il ne voit pas le compteur qui grimpe à 160 quand la vitesse est limitée à 90 et il fait des appels de phare furieux aux gens qui respectent le code de la route.
Il est moulé dans l’égoïsme, base essentielle de la société performante. Il y adhère sans nul besoin de propagande, sans vraiment autre chose pour cimenter l’adhésion générale que l’insensibilité qu’il oppose à la misère. La dignité du pauvre qui cache ce qui n’est pas beau à faire voir, vient à son aide. Les prospectus suggérant les futures vacances font le reste.
« Sauver son emploi » est un devoir sacré. C’est le seul qu’il connaisse. Les sacrifices qu’il consent d’avance et qui vont lui faire perdre peu à peu les acquis sociaux, sont des arguments de syndicat pour le détourner des heures supplémentaires. Puisque l’électroménager baisse ses prix, que le matériel Hi Fi reste à des taux raisonnables et que les nouveautés cravachent sa tentation du gadget, il juge la société formidable. L’époque, en-dehors de laquelle il ne voudrait pas vivre, le comble de bonheur.

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Un sondage de quelques 70.000 personnes dans 28 pays, dont près de 2.000 en Belgique, montre que le Belge aime les patrons, si l’on en croit le bureau de recrutement Kelly Services.
On te croit Kelly !
« Deux tiers (65%) des travailleurs belges se déclareraient heureux, voire très heureux de leurs conditions de travail actuelles, selon ce sondage, qui n'a soumis le jugement des travailleurs sur leurs employeurs qu'à quatre critères: la communication, le leadership, l'esprit d'équipe et les capacités de délégation. »
Les employeurs belges accéderaient ainsi à la 2e place en Europe derrière l'Irlande, et à la 11e place au niveau mondial. On ne peut mieux illustrer le niveau auquel nous sommes arrivés. Le Belge moyen vit ce sondage comme une fierté.
Et si en mars dernier une "enquête" montrait que plus des trois quarts des travailleurs belges étaient globalement insatisfaits de leur travail, il ne faut voir là qu’une contradiction apparente. Car, ces mécontents personne ne leur a demandé pourquoi ils l’étaient. Nous sommes en mesure de dire aux patrons qu’ils étaient mécontents de leurs salaires trop élevés, de leur peu d’heures semaines, des prépensions, des privilèges et d’une sécurité sociale trop généreuse. Le travailleur belge ne comprend pas pourquoi les Chinois vendent des chemises à 5 euros et qu’on l’empêche d’en faire autant. Il réclame des mesures. Les patrons sont trop mous, trop laxistes !
Il entend plaider sa cause prochainement.
Que la FEB se le tienne pour dit.
Elle recevra bientôt une importante délégation tous syndicats confondus pour réclamer le rétablissement des 45 heures. Les pensionnés ne seront pas en reste. Certains ont déjà renvoyé le surplus de leurs retraites qu’ils estiment trop importantes à Didier Reynders.
Elio di Rupo va pouvoir réveillonner tranquille. Le plan Marshall dès janvier prochain va entrer dans une phase décisive.
Vive le patronat, vive la Belgique, mort aux vieux, aux chômeurs. Les pauvres sous les ponts, pour une Belgique croyante et heureuse.
Ah !... nom de dieu…

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