« Où on va ? | Accueil | Fin prêt ! »

La peur des autres.

La désormais célèbre émission de la RTBf sur la scission de l’Etat belge avait été diffusée pour que les francophones aient un vrai débat sur les relations entre Wallons et Flamands.
De ce point de vue, hormis l’initiative de la rédactrice en chef du Soir et son homologue flamand du Standaard, c’est plutôt raté.
Il n’y eut aucun débat populaire d’ampleur. L’émotion des premiers jours est retombée comme un soufflé dans l’assiette des fins d’année. Les sanctions annoncées à grands renforts de cris effarouchés n’ont heureusement pas emporté les journalistes et la direction de la RTBf. La ministre ne prendra aucune sanction et Philippot touchera en 2007 son traitement de faire-valoir officiel, comme d’habitude.
Malgré tout, certaines petites choses ont cristallisé aux yeux des observateurs. Elles sont susceptibles de nous éclairer sur le comportement des chefs des partis francophones.
La principale est une fureur des premiers jours, qui est à la mesure de la peur permanente des responsables flamands.
Cette peur dans le chef de Di Rupo tient aussi à son attachement maladroit à la monarchie. Un attachement assez surprenant de la part d’un socialiste en général plus républicain qu’on ne l’est dans les autres formations, si l’on tient compte du prolongement secret du PS dans les loges maçonniques où il est de bon ton d’afficher à côté d’une laïcité sans faille, un bel esprit républicain.
Assez fin politique, l’aigle de Mons a perçu que la base populaire du parti a beaucoup changé depuis les années soixante. Aussi n’est-il pas trop déphasé de l’opinion des sections locales impressionnées par la crainte de perdre beaucoup dans une aventure séparatiste.
Enfin, la peur en un mot, si elle n’est pas de la même veine au sommet qu’à la base du parti, a rendu Elio Di Rupo fort circonspect avec les « gens d’en face », y compris avec le SP qui prend parfois des initiatives redoutées chez les francophones bruxellois. Cette frousse ne date pas d’hier. Son origine nous vient de l’échange de Comines contre les Fourons dans les débuts de l’appétit flamand. Devant l’indignation quasi générale en Wallonie, le parti dirigé à l’époque par Léo Collard a cru redresser sa position compromise en distillant des consignes de prudence à l’égard des Flamands (imprévisibles et versatiles) qui avec le temps et sous l’actuel président se sont muées en une politique de la peur de rompre. Rappelons aussi que le PS exclut les socialistes membres du Mouvement Populaire Wallon !

littoral1.JPG

Chez Reynders, la prudence a pour fondement le dynamisme et l’impulsion du patronat flamand à la FEB et dans les milieux financiers. Ce parti joue sur l’ambiguïté de l’appartenance à une bourgeoisie traditionnellement apatride et un vernis social voulu par Louis Michel. L’actuel président pense que les remous nationalistes et tous les séparatismes en général aboutissent à un climat qui n’est pas favorable aux affaires. Marchand dans l’âme, ce parti confond l’Etat avec un souk et ne désespère pas du mercantilisme gisant quelque part sous les strates des nationalismes les plus enracinés. D’une certaine manière, Reynders est tout aussi attaché à la monarchie que Di Rupo ; mais ses raisons se fondent davantage sur les intérêts de classe que sur le mouvement compulsif du PS. Il est de cette manière bien plus près des réalités du personnel d’Etat, parlementaires et fonctionnaires, que sont rival. L’apparatchik libéral est convaincu que la seule manière de préserver son statut est dans un fédéralisme de salon qui ne touche pas aux privilèges, mais prodigue, au contraire, la multiplication des emplois politico-administratifs de haute capacité salariale, dont il est friand. Tout cela est fort éloigné des propos du vieux de la veille, François Perrin et même de Jean Gol, qui,sur le tard, avait des bouffées estudiantines de sa jeunesse gauchiste.
Le CDh n’a pas conservé du PSC le goût du séparatisme que certains Chrétiens, influencés par Gendebien, avaient, malgré le chauvinisme royaliste d’un Nothomb et le mercantilisme tendance PRL d’un Deprez. Ce ne sont pas les constitutionnalistes attardés, universitaires accrochés aux wagons par une Milquet opportuniste, qui referont de ce parti un mouvement basculant dans la politique d’une Wallonie indépendante.
Que vont-ils bien imaginer pour nous « punir » geignent les électeurs qu’un récent sondage accuse de méfiance et de pessimisme à l’égard des politiques.
Les Flamands sentent qu’ils ont devant eux des gens bon à tout pour qu’on ne prononce pas le mot « séparatisme » et sonne la fin de la Belgique. Ils jubilent et ils ont raison. Ils sont secrètement content qu’une Belgique où ils sont les maîtres possède encore tant d’attraits pour les Wallons et les Bruxellois et, finalement, pour eux aussi, dans de telles conditions.
Nos profils bas francophones devraient lire les déclarations de Steven Vansteenkiste au journaliste Philippe Dutilleul « Si demain, dans une Flandre indépendante, les citoyens ont le sentiment d’être moins bien traités que dans le cadre de l’Etat belge, ils risquent de se retourner contre les dirigeants qui auront négocié cette autonomie », pour savoir qu’il n’y a pas un seul Flamand, en-dehors du Vlaams belang qui prendrait aujourd’hui une telle initiative.
Il est vrai que lorsqu’on ne maîtrise plus ses sphincters devant un adversaire, on n’a plus qu’une idée, se pourvoir en papiers toilette !


Commentaires

Moi, je l'aime bien Di Rupo car j'adore regarder les surfeurs à la télé !
La décennie dernière, il disait : "Il ne s'agit pas d'une privatisation camarade, mais d'une consolidation stratégique." Ca a stratégiquement consolidé sa cote de notoriété. Ca n'a pas stratégiquement consolidé le morale de popa quinqua qui, d'expert-comptable qualifié faisant des navettes Verviers-Bruxelles pour former des agents de Belgacom, s'est retrouvé dans un call-center à répondre à 400 appels par jour. Effet papillon !

Puis après cette belle époque des nineties ("Delors, c'est Dieu, et Blair est son prophète"), il a opéré un salto idéologique époustoufflant en se déclarant : le relais des altermondialistes !

Aujourd'hui, il en est à une acrobatie de génie du sport : surfer sur la planche à repasser de la rombière de plus de 65 ans fan de Place Royale d'Anne Quiévrain dans l'espoir, le mince, le très mince espoir de devenir Empereur de boulevard, rue de la Loi ! On le savait ministre-président de parti, c'est-à-dire prince-évêque juste au-dessus des barons politiques, mais juste en-dessous des barons Albert Frère et Etienne Davignon, on le sait à présent unitariste sur le trop tard. La bure lui est donnée. Le ton est donné ! Leburton ! Que de souvenir ! Je tétais le sein de ma mère !

Je crois que je vais me rattacher à la France tout seul avec Perin avant qu'il ne meurt! A défaut d'alternative à la rente financière à l'étage européen et à la rente électorale sur le sillon, ils ont au moins droit à l'alternance et à des foires d'empoigne où le citoyen de base ne ressemble pas à une autruche à la recherche de la houille, mais ne découvrant que sa rouille et sa propre trouille !

On a belgifié l'Europe ! C'est notre revanche sur l'histoire ! Il a suffit qu'ils installent leur brol à Bruxelles pour que nos saxifrages surréalistes prennent le contrôle du Berlaymont ! Au début, ils s'en sont aperçus, alors il a fallu évacuer ! Ca nous a couté très cher, mais on est habitués ! Après c'est reparti de plus belle ! On étendra un jour le côté platteland du projet jusqu'aux chaînes de l'Oural en bétonnant la Constitution universelle façon Léopold II ! Du grand travail de baptisseur !

Somme toute, Di Rupo est ce clown qui m'a permis de comprendre que Coluche est le seul immigré italien qui a fait preuve de clairvoyance quand il parlait de ce pays ! A chaque clown son antithèse !

Seul Busquin mérite les honneurs : "le parti show-chialiste" ! Ca c'est du parler vrai !

Mais courage ! J'apercois une lueur dans la nuit ! Verofstadt l'assagi qui fait des navettes courageuses de Bruxelles à Brussels pour déclarer à la manière d'un régent d'après-guerre : "Ik ben ici to save ze brol" !

Je veux ! Dans les années quatre-vingts, on l'appelait Baby Thatcher, et Perin disait : "Il n'y a plus que Verofstadt pour croire en Milton Friedman."
Depuis, ouf, il parle comme le socialiste allemand Helmut Schmidt dans les années septante : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain qui sont les emplois d'après-demain."

Encore heureux, s'il avait parlé comme Adam Smith, on aurait eu droit à : "Les profits et la rente écrasent les salaires. Le supérieur de la nation opprime l'inférieur."

Le socialisme version patte d'éléphants est sauf ! Je vais commencer à croire que le monde s'est arrêté de penser l'année de ma naissance !

Poster un commentaire