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Docilité.

La bêtise vient de frapper un grand coup dans le monde belge du surmoi. La Belgique officielle, les milieux catholiques et la bourgeoisie rentière et industrielle, ont collaboré passivement et parfois activement à l’Autorité d’occupation, durant la dernière guerre !
Il a fallu pour cela que le CEGES ponde une étude scientifique commandée par le Sénat.
Quatre ans, il leur a fallu… Tous les survivants de cette période déjà lointaine auraient pu en dire autant en moins de cinq minutes, si on les avait interrogés !
Le Centre d'études guerre et sociétés contemporaines (Ceges) s’est donc délecté en présentant ses conclusions devant la commission des Affaires institutionnelles de la Haute assemblée.
L’analyse est sans appel. "… la responsabilité des déportations des Juifs et des Résistants repose en première instance sur les figures de proue du régime national-socialiste allemand et sur ceux qui, en Belgique, ont choisi de collaborer avec ce régime… l'Etat belge a adopté une attitude docile par une collaboration indigne d'une démocratie à une politique désastreuse pour la population juive, belge comme étrangère."
Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, les vertus patriotiques en cas de malheur ne sont pas du côté de l’establishment, que j’aime assez appeler l’Haut-lieu ; mais viennent des milieux populaires. Ce sont eux qui ont fourni le plus de martyrs à la résistance. Les militants de gauche furent parmi les plus acharnés. C’est un fait historique incontestable.
En 1940, le « troupeau » de fidèles de l’Eglise catholique était bien d’accord avec l’Haut-lieu et le monde industriel : l’Allemagne était le rempart de l’Europe bien pensante à l’expansion des Rouges.
Ce n’était pas exactement le scénario que la bourgeoisie espérait. Mais, tant pis, le parvenu est pragmatique. Peut-être plus collaborationniste côté flamand, quoique le wallon moins participatif, fût aussi déterminé.
Dans toute démonstration, il se trouve toujours quelques exceptions. Des forts caractères parmi les milieux bien pensant, loin de confirmer la règle, la remettent en cause. Oui, il y eut parmi les catholiques et les industriels, d’authentiques résistants et même dans les familles nazifiées, quelques trublions, membres sympathisants ou actifs de la Résistance.

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Mais la majorité fut plus balourde que jamais, à partir du moment où rester en vie dans le confort était l’essentiel.
Ne nous faisons pas d’illusion, que des voyous attaquent un passant pour lui piquer son portefeuille, peu de témoins secourront l’agressé en 2007. Ce sont avec les mêmes mentalités que s’aborda 1940. Plus tard, quand l’Occupant déporta massivement les Juifs et traqua les Résistants, la plupart des gens établis mirent la tête dans le sable.
Cette lâcheté est toujours actuelle. Elle commande à l’attitude des citoyens d’aujourd’hui, regroupés sous un slogan qui paraît sage de prime abord, mais qui consacre les pleutres dans une Belgique faite au moule « Tout ce qui est excessif est insignifiant ».
En 40, l’excès c’était la révolte devant l’envahisseur et la résistance. Léopold III était bien le roi de ces gens-là qui capitulèrent, puis s’arrangèrent avec l’ennemi, et parfois s’enrichirent « parce qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement pour vivre ».
L’excès aujourd’hui pour les mêmes, c’est l’idée que le système capitaliste n’est pas bon.
Pendant les cinq années de guerre, comment en était-on arrivé là, se demande Rudi Van Doorslaer et son équipe ?
"Le manque de préparation juridico-administrative à une seconde occupation; la culture xénophobe, parfois antisémite de l'élite dirigeante; enfin, globalement, le déficit démocratique dans les années 1930 et 1940", que de mauvaises et lamentables raisons !
Après la guerre, bien entendu, le refrain des collabos et des sympathisants nazis était « …qu’on ne savait pas, qu’on ignorait tout des déportations, etc. »
Les Administrations communale, régionale et nationale collaborèrent de façon maximale avec l’ennemi. Nos gendarmes montèrent bel et bien la garde aux endroits stratégiques pour protéger le rail des sabotages, les Juifs durent bien réclamer l’étoile jaune à des Belges sur « réquisition » de l’Administration allemande.
Certains Résistants moururent des balles de la police collaborant avec la gestapo.
Oui, l’Ordre nouveau avait été assimilé en quelques mois par l’Haut-lieu, les milieux catholiques et la bourgeoisie.
Oui, les faux culs d’alors, sont bel et bien les faux culs d’aujourd’hui. Et ça tient le haut du pavé et ça discourt sur les voyous et les petites gens.
Et ça serait près d’écouter encore et toujours le discours de Henri de Man du 28 juin 40 « Acceptez le fait de sa victoire (celle d’Adolphe) et essayez plutôt d’en tirer des leçons (il n’a pas osé dire parti) pour en faire le point de départ d’un nouveau progrès social ».
Voilà que tout est terminé depuis soixante-deux ans. Leurs successeurs collaborent à la mondialisation de l’économie, avec l’enthousiasme de 40, pour un nouveau progrès…
Il ne restait plus à Léopold III qu’à rencontrer Hitler à Berchtesgaden, ce qui fut fait le 19 novembre 1940, et aux Belges de 2007 de poursuivre l’espoir d’une vie meilleure dans le libéralisme, dans sa forme la plus falsificatrice de la démocratie…

Commentaires

Aix en Provence, le 11 mars

Cher Duc de Gloucester

Je viens de découvrir votre blog. Assez réjouissant !
Dans le contexte du dossier "Ceges", puis-je vous suggérer de lire mon livre "La Liste de Saint Cyprien" ?
(je n'ai pas mis 4 ans mais pas non plus 5 minutes pour l'écrire - mais vous n'avez pas tort dans votre constat !) - bonne lecture et, peut-être, édification ?

Recevez, cher Duc, mes prolétaires salutations.

M B Bervoets

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