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Des sondés bien profonds

On n’est plus sûr de rien, on ne sait même plus pour qui on va voter, tellement les candidats ont l’air d’avoir tous raison !
Qui c’est qui rend des couleurs aux gens et qui tient le crayon qui va noircir le beau petit rond blanc dans l’isoloir ? Les Instituts de sondage, tiens !
En attendant le jour J, on fait des exercices. C‘est chouette, on peut voter pour Dupont, le lendemain, il déplaît, on vote pour Durand. Puis, on est déçu par Durand et on pointe Foufoune. C’est une femme. Bon. Ça change des couillus. De toute manière, on s’en fout. C’est pour rire.
C’est un peu ça les sondages.
Pour être au courant de sa propre tendance, surtout si on n’est pas soi-même bien déterminé, les élections se font au jour le jour par les simulations statistiques. On se demande si les Instituts de sondage se fichent de notre gueule, ou si ce sont les sondés qui se fichent des Instituts de sondage ?
Tiens, Bayrou recule un peu, merde, moi qui allais voter pour lui, je voterais bien pour Ségolène, puisqu’elle revient à égalité avec Sarkozy, quoique, Sarkozy n’est pas mal non plus. Les sondeurs nous le disent, ça foire avec Le Pen. Il paraît que les électeurs du Front National sont des électeurs discrets. Ils s’effarouchent de ce qu’ils vont faire. Ils votent Le Pen, pourvu que cela ne se sache pas. Du coup les statistiques sont faussées.
C’est ballot. Comment je vais m’y retrouver, si je veux voter « tendance bourgeoise » en votant comme tout le monde ?
On nous dit bien que les pronostics sont du jour. Ils constatent au moment de leur lancement ce que les urnes donneraient au premier tour si on votait le 24 mars. Alors, à quoi sert ce remue ménage d’intentions ? A rien.
Des petits malins se sont dits « Publions les résultats quand notre candidat est en hausse. Ignorons les quand il est en baisse ».
Voilà bien le progrès. On nous informe pour qui nous pourrions voter, le jour où on ne vote pas ! Le sondage n’indique que le choix de la grosse sorte, l’espèce la plus répandue vue d’avion… quand le troupeau de gnous fonce à droite, puis mystérieusement repart à gauche, pour traverser la mare au centre et se faire bouffer par les guépards, qui eux, attendent le plat du jour, comme nous attendons l’opinion de ceux qui se feront bouffer… après l’élection, la vraie celle-là.

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C’est ainsi que l’on peut faire des pronostics comme sur un champ de course. Avant d’ouvrir le journal, on fait son tiercé : Sarko 25, Ségo 24, Bayrou 22, des fois qu’on les toucherait dans l’ordre. Quant au quinté, bonsoir, Voynet à 1 %, elle ne peut pas descendre plus bas, sinon ne pas prendre le départ, les autres : Laguiller, Besancenot, Bové se débrouillent avec les 6 % qui restent. Le PC vagabonde entre 4 et 6 %. Le Front, avec ses électeurs pas fiers de l’être broutent dans les prés du 12/16 %.
Alors le quinté, les trois « naturels », en quatre Le Pen, en cinq Marie-Georges Buffet. Dans l’ordre, on touchera des clous à l’arrivée, tant c’est prévisible.
Choisir les casaques pour le quinté de la course du 24 mars c’est sur l’hippodrome. Quand au prix du Président de la République, c’est pour avril… Las, les cracks qui piaffent dans les paddocks ne nous réservent plus les émotions d’Epinard, d’Une-de-Mai de jadis. Quoique Sarkozy reste l’espoir de l’écurie de Guy de Rothschild.
En plus, on les charge puis décharge pour l’handicap selon l’humeur du Monde et du Figaro. Le voyage en Chine de Ségolène l’a plombée de quelques kilos. Voilà que l’outsider Sarko avec son truc de ministère de l’Immigration en a pris dix sous la selle…
A l’autre élection quand les sondages ont foiré en hissant Lionel Jospin sur le podium comme outsider, alors que c’était Jean-marie, certains ont des regrets. Ils se disent « si les sondages avaient clairement désigné Le Pen pour le second tour, peut-être que c’est Jospin qui y aurait été !
Les Instituts de sondage viennent de se sonder, c’est un peu comme si un urologue à défaut de client… Bref, leurs intentions sont pures et leur marge d’erreur minime. Mais comme ils pensent que l’élection d’Avril se jouera dans un mouchoir, c’est dire comme ils battent le beurre.
Cette manie de sonder tout et rien à la fois si elle agace certains, d’autres y deviennent accroc.
Ce qui convient en politique et dans la vie sociale, où il n’y a plus de caractère bien trempé et où tout se joue sur le consensus, c’est l’opinion molle. On sonde l’électeur avant de se forger une opinion. Aurait-il cent fois tort, si elle est parfaitement insipide, c’est elle qui, même si elle n’apporte pas une approche intéressante, ne pourra pas faire du tort à celui qui s’en prévaut.
C’est ainsi que nos sociétés paraissent être des sociétés mesurées, stables et peu ouvertes à la nouveauté. Les sondés ne peuvent voter que pour ce qu’ils connaissent. Comme les idées des candidats passent après leur personnalité et qu’ils sont populaires au prorata du temps qu’ils auront passé dans les médias, on peut dire que les « vieux » candidats, comme les candidats occupant des fonctions politiques et de responsabilités auront plus de chance que d’autres d'être plébiscités.
D’autant que le candidat rompu à l’exercice du pouvoir n’a pas navigué dans le système sans avoir démontré sa capacité à la langue de bois et son adaptabilité à tous les genres, à toutes les amitiés et toutes les inimitiés. Sa durée atteste de sa souplesse.
Ce que certains auteurs traduisent par « Ce ne sont pas les meilleurs qui nous dirigent, mais les pires ».
Enfin, plus je me sonde, moins je trouve le système dit démocratique… démocrate.
A quand le sondage des apparences ?

Commentaires

Je vote pour le "4" Y a plus besoin de cirer...
Bien que tous soient, c'est édifiant, identiques,
Il est visiblement certain que les 3 autres attendent le cirage...
Bien vu Watson!
Elio est le seul à être élu...
Si si élu avant le suffrage...
Finalement, en Belgique, ce qui reste encore obligatoire est malheureusement devenu inutile...

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