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Le coq wallon se déplume.

Et si nous parlions un peu de nous, Wallons ?
Non pas de la manière dont nos responsables nous voient, mais, pour une fois, ce que nous pensons d’eux, de la Wallonie, de la place de notre Région dans la Belgique et dans l’Europe !
C’est une démarche qui peut paraître banale, mais qui pourtant est loin de l’être, puisque nous n’avons jamais que notre reflet supposé dans le regard de ceux qui pensent pour nous et qui imaginent ce que nous sommes, non pas, d’après nous-mêmes, mais d’après ce qu’ils pensent de nous.
Et qu’entend-on ? Que la Wallonie est formidablement bien gérée, au mieux de nos capacités qui ne sont pas des moindres, que nos atouts sont considérables et qu’ils sont mis en valeur à merveille par ceux qui bataillent pour nous et qui nous comprennent parfaitement.
Là-dessus nous n’aurions plus rien à dire, si nous nous satisfaisions de paroles qui cachent en réalité une situation qui n’est enviable par personne.
Par rapport à l’Europe statistiquement, nous sommes une Région pauvre au taux de chômage élevé, accablée par une fiscalité le plus souvent inefficace parce qu’elle déverse ses forces dans des engagements aléatoires, quand ils ne sont pas d’intérêt particulier.
Nous offrons le spectacle d’une Wallonie recroquevillée sur elle-même, sur des principes obsolètes, ne réclamant qu’un statu quo, à l’opposé du dynamisme flamand, d’un Etat qui ne se modernise pas de notre faute, dont nous ne saurions nous émanciper, ne serait-ce que par la pensée. Comme le lierre nous nous agrippons au tronc vermoulu d’une patrie d’occasion qui date de 1830, que nous étouffons par des lieux communs qui ont noms devoir et unité. Nous manions les symboles comme des ostensoirs pour magnifier un te deum devant les chaises vides des citoyens absents. Comme le cerf aux abois, nous guettons l‘hallali aux sons des cors flamands devant lesquels nous ne savons que fuir, c’est-à-dire que nous vivons en sursis grâce à nos concessions, sans autre espoir que celui de durer « encore un moment monsieur le bourreau » !

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On nous prête la pensée que le salut, comme toute la réflexion politique en général, est dans le renforcement du municipalisme. Tout est donc fait en fonction de l’autonomie communale, croyant par là que notre liberté ne se maintiendra que par l’intérieur.
De là l’affluence des gens de parti dans les niveaux communaux, quitte à essaimer dans les députations régionales et fédérales. Résultat, la majorité des interventions au Parlement wallon ne concerne que des problèmes relevant du ressort communal, voire provincial, d’où notre incapacité à sortir la tête du tas de sable et d’oser une réflexion sur l’état de la Belgique et de l’Europe.
L’égoïsme carriériste des élus de ce niveau est symptomatique du mal être de la Région et des Wallons. C’est l’intérêt d’une ville, c’est-à-dire d’une sous-région qui détermine les choix politiques. Les Wallons ne se parlent pas entre eux, pire, ne se connaissent pas à cause des rivalités de ville à ville. Et ce qui compte, ce n’est pas d’avoir un homme d’Etat capable de globaliser les envies de changement de toute la Région, mais de posséder « son » homme capable de diriger l’ensemble des Wallons au seul profit de la ville ou de la Commune dont il est issu. Certes, les Montois doivent une fière chandelle à Di Rupo pour tout ce qu’il a créé dans sa ville et ramené à celle-ci des projets et des subsides ; mais, c’est autre chose que de regarder son action par rapport aux besoins de l’ensemble de la Wallonie. Force est de constater que sa politique a créé un déséquilibre, favorable à Mons, et défavorable au restant de la population wallonne.
Que voit-on aujourd’hui à Liège, à Charleroi et dans d’autres villes de moyenne importance ? Une sorte de conjuration à chaque fois locale afin de pousser « son » homme aux affaires qui ne sera jugé favorablement que s’il tire à sa ville le maximum de moyens et donc de privilèges.
Cette politique est suicidaire et néfaste à la conduite d’une politique d’ensemble.
Cependant, personne n’en fera mention et l’intérêt particulier continuera à prévaloir partout où la politique des places est de rigueur.
Moralité, cette politique de clocher a conduit la Wallonie à de moins bonnes performances que la Communauté flamande qui a démarré sa nouvelle prospérité par ses exportations basées sur un aperçu global des possibilités de la Flandre, avec l’aide d’une Kredietbank communautariste et volontairement ouverte aux crédits octroyés aux multiples PME flamandes dans l’optique d’une frontière linguistique omniprésente dans ses décisions.
Une seule conclusion s’impose : le déclin wallon face à la réussite flamande dans le domaine industriel, précédera-t-il la fin de la Belgique ?
A cette question pour l’heure sans réponse, on peut penser que la frilosité wallonne est davantage le produit des personnels politiques wallons et même bruxellois, que le peuple mené en bateau dès les premiers pas du fédéralisme.

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