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Violence…

…le pouvoir et le voyou même combat ?

Une vieille dame se fait piquer son portefeuille avec ses cartes de banque et ses pièces d’identité au centre ville. Elle s’en aperçoit quelques minutes plus tard. Elle court au Commissariat de la Violette où elle téléphone à ses deux banquiers, la Poste en l’occurrence et City Bank. On prend bonne note de part et d’autre, enfin, on la rassure, le pickpocket n’a pas son code secret. Mieux, un coup de fil de la Poste lui signale une tentative à un bancontact, mais le retrait n’a été que virtuel ???
Quelques publicités subsistent encore sur l’impossibilité de retrait sans code secret.
Quel n’est pas l’étonnement de la vieille dame lorsqu’une semaine plus tard ses relevés montrent, au contraire, que les retraits ont été bel et bien réussis !
Elle en est actuellement à se voir intimer l’ordre par City Bank de rembourser les euros prélevés de sa carte Visa (on lui propose un arrangement 50 euros le mois, un crédit de crédit en quelque sorte), quant à la Poste, elle s’est servie sur le compte approvisionné de la personne, sans plus de cérémonie.
Voilà où l’on en est dans une Société toute construite autour de la responsabilité des entreprises vis-à-vis de la clientèle et de l’assurance que les cartes bancaires sont les moyens les plus sûrs d’opérer des achats et de payer des services.
Les violences sourdent de partout, parfois d’endroits qu’on ne soupçonne pas.
Le premier violent n’est-il pas l’Etat qui prélève sur le travail de chacun selon ses humeurs politiques, ménageant les uns, accablant les autres et réduisant à l’état de misère les populations les plus pauvres ?
Les banques ne sont pas en reste qui dépensent des millions d’euros de publicité pour les prêts à la clientèle qui se révèlent être des manières d’usurier avec des taux d’intérêts énormes.
Ils égalent en cynisme le geste délictueux du voyou qui vole sans état d’âme, le pauvre comme le riche.

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L’histoire de l’indice des prix est assez savoureux. Il ne bouge pratiquement plus, soit un ou deux % l’an. Cependant, les consommateurs sentent le souffle de l’inflation dans leur supermarché quand ils passent à la caisse. C’est que si les appareils électroménagers, Hi Fi et autres babioles de la modernité, ont des prix en chute libre, par contre les fruits et légumes, le pain et les denrées de première nécessité ont fait des bonds en avant considérables. Le prix de la pomme a été multiplié par 5 depuis ces dernières années, le pain, ce n’est pas triste non plus. Et bien entendu les carburants et les indices de loyer ne sont pas repris en compte.
Ce qui fait que l’indice des prix est stable, tout en cachant une forte tendance à la hausse des produits de première nécessité.
Il y a dans le comportement de la machine centrale, des directives qui rejoignent les façons d’être des pickpockets, sans pour autant songer une seconde que les prélèvements obligatoires d’impôts et de TVA ne soient pas indispensables, à condition qu’ils soient équilibrés et source de confort social pour les plus démunis.
Nous sommes dans une société apparemment paisible, mais d’une rare violence sous-jacente lorsqu’on y regarde de près. La norme remplace la loi , comme dirait Michel Foucault.
On se rappelle cet étrange rapport de l’Inserm qui mettait en évidence une remarque concernant l’enfance selon laquelle un enfant turbulent est un futur délinquant potentiel !
Nous sommes sur une pente qui nous conduit dans les bas-fonds d’une citoyenneté où tout ce qui n’est pas permis est interdit. Les dernières directives et lois de ce gouvernement moribond pour raison électorale indiquent bien que les dirigeants légifèrent pour interdire ce qui n’est pas « normal ».
Or, cette normalité n’est rien d’autre que l’opinion centriste. Que ce soit l’histoire de la vieille dame volée deux fois, par le pickpocket et par les banques, le consommateur volé par l’Etat sur la base d’un indice des prix mal agencé et tant d’autres « normes » instituées ou non sous forme de lois, tous ces faits posent un problème de fond qui va plus loin que celui de la petite ou de la grande délinquance, spécieuse ou officielle, légale ou illégale. Cela traduit une dérive du bien dire et du bien penser centralisés, repensés selon des normes restrictives qui ne sont pas les nôtres. Ces ukases dits d’intérêt général et qui cachent en réalité des intérêts bien particuliers ne peuvent que conduire à un type nouveau de société dont le seul souci ne sera pas de répondre que la justice sera la même pour tous, équitablement corrigée à l’aide de « différences » positives, mais qui sera essentiellement basée sur le devenir sécuritaire des possédants.
Le centre acceptera de moins en moins des différences, étouffera dans la répression policière les contestataires et enfouira les conflits de classe sous l’étiquette d’un terrorisme intégriste venu fort à propos dans le débat entre les possédants et les possédés.
Si dans les faits, on trouve encore le moyen d’entendre et de comprendre les protestations de la vieille dame et des consommateurs, en réalité, celle-ci et ceux-ci ont déjà le grand tort de transgresser la norme.
En donnant à ses agents le mandat de faire régner l’ordre parfait, en ne tolérant plus aucune transgression par rapport à la norme bourgeoise et centriste, l’Etat est en train de produire ce dont il est censé contrôler puis de réduire le flux : des délinquants !

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