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Le cas Di Rupo

La perte des élections législatives de 2007 met en cause la capacité d’Elio Di Rupo à diriger le PS. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient d’atténuer sa responsabilité pour deux raisons.
La première est l’effet Sarkozy qui a bénéficié largement au MR, par entraînement des foules et par mimétisme du comportement français.
La seconde est la manière employée par la Justice pour instruire les affaires à Charleroi en laissant à la seule initiative de la juge Baekeland, le soin de poursuivre les hommes des dysfonctionnements à la gestion de la ville.
On se souvient de l’affaire Cools à Liège et de l’effet tiroir de cet assassinat sur des inculpations connexes au fil des découvertes de la juge Ancia. La solitude de celle-ci et son manque de moyens ont eu l’effet inverse de ce qui se passe à Charleroi, en ce sens que des zones d’ombre demeurèrent, bénéficiant au PS liégeois et diluant les responsabilités de telle sorte que les élections législatives de 1995 n’en furent pas influencées. En effet, il avait fallu attendre 1993 pour qu'enfin naisse une «cellule Cools» et qu’on décharge «Madame le juge» des dossiers courants, meurtres, bagarres, viols, etc., qui mangeaient son temps jusqu'à l'été de 1992.
En laissant la juge Baekeland distillé à sa guise les inculpations et ce à proximité des élections de 2007, on a véritablement pourri la campagne électorale du PS, car l’électeur n’entre pas dans la subtilité légale qui veut qu’un inculpé soit présumé innocent. Certes la justice est indépendante, mais quand elle est à ce point capable d’influencer ce qui devrait être le droit des citoyens de voter d’abord, on est perplexe. Qui est en mesure aujourd’hui de déterminer les responsabilités parmi les personnels de la ville ? Des mandataires honnêtes auront été sanctionnés une première fois par d’autres instances que leur Bureau, avant peut-être d’être blanchis, et cela est inadmissible.
Venons-en aux erreurs de Di Rupo.
Elles tiennent principalement dans sa méconnaissance de la vie de la section du PS carolo ou alors la connaissant, de son impuissance à nettoyer les écuries d’Augias en temps utile.
Bien sûr, la période était mal choisie pour exiger la démission des responsables de la Section et la mise sous tutelle des socialistes de Charleroi par leurs pairs, en attendant de nouvelles structures et des élections internes, avec l’impossibilité de l’ancien noyau autour de Jean-Claude Van Cauwenberghe de se représenter.
On peut penser que Elio Di Rupo ait reculé devant cette perspective qui, pourtant, était la seule à clore les rumeurs. Cette mise au point eût pu être faite il y a 6 mois et par conséquent être moins directement en relation avec les élections de juin, et pas comme nous l’apprenons au lendemain des élections. Cette tergiversation est bien dans le caractère de l’homme et coûte la perte de plusieurs sièges de députés et de sénateurs, sans compter le discrédit qui persiste et qui pourrait à longue échéance faire plus de ravages que l’on ne pense.

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Elio Di Rupo, sous des dehors humbles (il s’en prévaut sans arrêt) est en réalité un nombriliste hors pair, dont la personnalité transpire dans ses discours et son comportement.
Sa foi en la Belgique de papa, le regarde. Ce qui ne va pas, c’est qu’il la clame haut et fort au nom de tous les socialistes. Il n’est pas sans ignorer qu’il y a parmi eux d’ardents républicains et une bonne partie d’adhérents qui ne sont attachés à la Belgique fédérale qu’à demi. Est-ce bien adroit d’avoir une opinion aussi tranchée de ce qui n’est qu’une appréciation et un état d’esprit personnels. Est-ce là, une attitude respectueuse de tous les socialistes ?
Admettons que son royalisme parle haut et fort sans qu’il en maîtrise l’exubérance. Mais alors, son fédéralisme est aussi conservateur que son royalisme. Les structures fédérales, jeu de mécano qui se monte pièce par pièce, seraient-elles achevées, au point qu’il ne serait plus question de toucher à l’édifice ?
Et au nom de quoi, est-il complètement fini ce montage ?
Il faudrait d’abord que Di Rupo explique en quoi le fédéralisme belge est parfait. Ou alors, loin d’avoir collaboré à cette perfection, de reculade en reculade, Di Rupo n’en pourrait accepter d’avantage. Cela ferait vingt ans que les socialistes subiraient un fédéralisme dont ils n’auraient jamais voulu !
André Renard lors des grèves de 60-61 posait bien la question, et, que je sache, il était socialiste !
On voit bien qu’il y a quelque chose de cassé dans la personnalité du président Di Rupo.
Ce conservateur royaliste est-il bien socialiste ?
Le PS ne sanctionne que les lampistes. Il faudra donc trouver un poste compensatoire au prodige montois, si le parti veut s’en débarrasser.
Busquin, autre président cafouilleux, s’était rangé des voitures suite aux casseroles de l’après Cools. Il finit carrière au poste convoité de commissaire européen.
Le bureau du PS va devoir gamberger une sortie honorable de son président. Il a sous le nez la nouvelle de la démission du président SPA, Johan Vande Lanotte. Ah ! si Di Rupo avait ce courage politique, cela serait plus facile…
Tout humble qu’il est, Di Rupo ne se voit pas portier à l‘hôtel Métropole.
Restera-t-il « humble » jusqu’au bout et rendra-t-il son tablier ?
On s’agite boulevard de l’Empereur. Il y a de quoi.

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