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Un formateur heureux.

Ce n’est encore qu’une rumeur, rien de précis. Mais, en attendant qu’elle se confirme, je puis vous dire que le roi vient de me charger de former le nouveau gouvernement.
Tout s’est passé très vite.
Il y eut le défilé des grosses cylindrées avec dans chacune d’elle un énergumène des dossiers sur les genoux, l’air capable et préoccupé.
Après la première journée des vainqueurs, il fallait bien faire la deuxième des vaincus.
Ce fut pareil, les « rood » et les rosés, dans les mêmes voitures (à croire qu’elles sont en location !), avec des dossiers sur les genoux, le sourire flottant sur les lèvres, à se demander s’ils n’étaient pas plus fiers d’être battus, surtout Johan Vande Lanotte.
Eh bien ! le roi n’en veut pas, même des battus.
Trop lents, trop glorieux, il y avait quelque chose en trop chez tous, sans doute, ce petit surplus qui empêche la modestie.
Chez les vainqueurs, César-Didier, la Gaule conquise, doit encore conquérir les Michel.. Ce sera d’autant plus rude que la méthode pour faire toucher le tatami des épaules au spécialiste de l’aïkido montois, Didier s’était inspiré de la méthode Sarko : accuser l’autre de ses faiblesses et se parer des points forts de l’adversaire. Ce que les Michel n’acceptent pas, c’est le discours léniniste de Didier. S’il s’était borné au marxisme, celui-ci était suffisamment obscur pour qu’on n’y comprenne rien. Mais annexer Lénine, Sarko lui-même n’aurait pas osé !...
Quand j’ai appris que le roi allait me demander ce petit service à la Nation, j’ai cru d’abord que je rêvais. Puis, j’ai couru louer une jaquette. On m’a dit que cela ne se faisait plus. Il me restait le costume taché de tomates que j’avais reçu des royalistes, un jour que j’écoutais les rattachistes et qu’entraîné par la foule, je me trouvai à côté de Gendebien qui me croyant des siens me passa son mégaphone et je fus surpris de m’entendre hurler des mots très durs pour la recréation du département de l’Ourthe, ponctués de « vive la France ».
C’est ce que le roi apprécie sans doute. Je ne peux pas écouter une musique militaire sans la suivre au pas cadencé. Ni voir un couple glamour se former sans sentir les larmes me venir aux yeux.
Ainsi, la déclaration d’amour du couple Elio, Joëlle, je la repasse en boucle sur mon téléviseur.
Quand Elio dit « le roi » on dirait qu’il mange des moules de Zeelande en regardant d’un air gourmand le garçon de dos, cintré dans son tablier bleu. Milquet, pareil, si la fée CDh avait existé en 40, on l’aurait sentie prête à se donner aux désirs lubriques de la soldatesque de la Wehrmacht emmenant en exil le bon roi Léopold, pour que celui-ci épousât Liliane en Belgique, plutôt que derrière les barbelés d’un horrible camp de décontraction,.
Oui, disé-je j’aime la Belgique, son folklore et ses Fourons. J’en étais-là quand vinrent à passer les magnifiques Lion noir sur fond jaune tenus hampe levée par les beaux jeunes gens de Philippe De Winter.

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Ce fut plus fort que moi, je me mis à côté du premier porteur et soutenant sa marche héroïque au pas cadencé, je criais à en perdre la voix …ingwekkend dat onze fiere Vlaamse leeuw niet helemaal de plaats heeft ... quand mon portable sonna. J’étais convoqué au palais !
Impossible de trouver une voiture de prestige, genre Mercedes 600. Je pris donc le train, me perdit dans Bruxelles. Lorsque j’arrivai à Laeken, le roi m’attendait depuis deux heures.
Il ne comprit pas pourquoi les gendarmes de l’entrée ne voulaient pas me laisser passer parce que j’étais à pied.
Enfin nous bavardâmes. Il est très bien, gentil et propre sur lui, pas antipathique comme sur les images quant à la Noël il fait ses confessions au public.
La reine aussi. Quand elle passa dans le bureau avec une manne de linge, elle me dit gentiment « surtout ne vous dérangez pas », je crus même qu’elle dit après dérangez pas « une fois ». On peut dire qu’elle a bien accompli sa reconversion.
Voilà des gens biens, me dis-je.
J’étais prêt de prendre un abonnement au journal des Anciens combattants et de fouiller dans mon arbre généalogique pour savoir ce que mes ancêtres foutaient en 1831, quand il se leva. Je me levai aussi. Il me désigna la sortie. Je pris la porte sans un mot de plus, l’estomac dans les talons sans même savoir si j’allais le former, ce gouvernement.
Il avait dû me prendre pour quelqu’un d’autre. De loin et de profil, je ressemble à Leterme.
Dehors, la meute des journalistes m’attendaient depuis trois heures.
Je marchandai l’interview moyennant un voyage sur la moto du reporter qui me conduirait à la gare centrale pour reprendre le train.
Tout le monde trouva mon deal hors de prix. Je dus allonger dix euros.
Je partis en croupe derrière Anne Fulda du Figaro.
Elle me dit l’ingratitude des grands et surtout des petits, puis me consola du mieux qu’elle put.
Depuis, on est resté en croupe. Je me suis inscrit à un club de motard et j’ai pris un abonnement au Figaro. Il est très bien ce journal pour cirer les chaussures.




Commentaires

J'aurais, moi aussi, aimé savoir ce que mes arrière-grand parent faisait en 1831... Mon avis est qu'ils ont dù au moins une fois s'envoyer en l'air... Du moins lui... Elle je ne sais pas... Et une maman qui me dirait "tu veux encore de la soupe une fois"... Combien aurait été ma joie!!! Et pourtant je lis depuis des années le Figaro : mes chaussures sont toujours crottées... Richard y a pas de doute, tu as un truc!

On prend la page la plus encrée. C'est souvent celle du gratin chicose du pouvoir. On chiffonne et on astique. C'est simple et pratique.

Ah vu comme ça... Oui... Evidemment, j'exprimais le sens figuré... Au propre, en effet, même la Pravda possède les même propriétés : Quand je lis le Fig, j'ai toujours l'impression d'avoir les pieds dans la merde...

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