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La gaufre Liégeoise améliorée…

C’était sa spécialité, la gaufre au sucre. Une tradition de famille… cinq générations de fameuses matrones au fer, d’abord au fourneau, puis à l’électricité. La mienne était sur 220, sa mère avait connu le 110… une époque !... La mère de sa mère bricolait la sienne au coke…plein feux !... une de ces cuisinières en acier… la Lison de Lantier… toute noire avec des poignées de cuivre frottées au Sidol... si lourde qu’on savait pas comment elle était arrivée dans la cuisine…
Les deux dernières générations avaient conservé des fabrications de la mère de la mère, histoire de bien prouver que c’était du sérieux, gaufres reliques, trophées culinaires sous une cloche de verre… de ces gaufres pour cap-horniers... La pluie les ramollissait pas. Rien les ramollissait.
Au four, elles rougeoyaient comme une coulée à Seraing, pleine fusion… fallait attendre qu’elles refroidissent pour les saisir avec des pinces, comme au haut-fourneau n° 9.
La mienne qu’était sur 220 avait tout essayé pour les attendrir. Le secret de famille tenait bon. Cent ans de secret !... La pâte dès qu’elle entrait au contact du fer, avec le secret bien mélangé au levain, prenait tout de suite la couleur rouge brique, avant de virer brique recuite, comme on n’en sort plus des fournées depuis que le four à brique est électrique lui aussi…
Elle avait appâté tous ses maris, en 220, avec ses gaufres.
Comment ? Ça reste un mystère.
Le prétendant actuel, Porfirio, avait vu l’évolution de la gaufre au début de ses relations avec Stengerson. Oui, c’est le nom de famille de mon ancienne….
Le secret s’était-il rendu aux sentiments toujours vifs, quand ils sont nouveaux ? La pâte mollissait-elle de plaisir ?
Des bruits circulèrent à la Foire de Libramont que Stengerson arpentait chaque année, son petit panier de gaufres sous le bras, histoire de tenir la journée : de l’avis des organisateurs, la gaufre Stengerson était devenue mangeable !…
Pourtant, qui n’avait jamais plaisanté sur la gaufre Stengerson parmi les habitués des stands !
Les maris de la gaufreuse s’étaient tous plus ou moins arrangé la mâchoire… l’un une dent, l’autre un éclat du maxillaire dans l’effort. Moi-même, deuxième dans le cycle renouvelable des mangeurs maritaux de gaufres, j’ai conservé depuis un défaut du côté gauche du maxillaire inférieur, si bien que, même sans plus aucun espoir de goûter à la spécialité Stengerson, dès que je ferme la mâchoire vivement, j’entends un craquement jusque dans l’oreille. C’est l’os qui se souvient et qui geint !

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Or donc, Porfirio sans bicarbonate, sans dissolvant, sans rien que la force du mâle italien qui rompt la gaufre théâtralement, avait nettement senti une amélioration ! Il faut dire qu’il avait fait partie d’un cycle de jeunesse et qu’il avait déjà goûté à la chose dans l’arrière cuisine d’où l’alchimiste avait ses cornues à pâtes pour les mélanges druidiques nécessaires, en même temps que certaines faveurs qu’elle accordait généreusement à qui les voulait à l’insu de ses vieux, béats devant Dallas à la téloche … Il avait donc les deux versions en bouche.
Certain jour à Libramont où la célèbre gaufre était appréciée par les rudes fermiers, aux prothèses à toute épreuve garanties par les forgerons de village, les maris, les amants, les dégustateurs de passage, les artistes, tout qui comptait de la gaule galante et de l’estomac plombé se réunirent en colloque, sur le thème : la gaufre Stengerson est-elle comestible ?
Quoique limité par l’esprit, l’Italien avait bon cœur. Il distribua des gaufres nouvelles à tous les anciens de Stengerson afin d’en recevoir les impressions.
Nous fûmes tous unanimes. La gaufre 2007 battait les autres millésimes, par ce petit rien qui fait tout. Certains évoquèrent des saveurs particulières que leurs palais avaient perdues, depuis le temps que leurs émotions intimes s’étaient faites à d’autres partenaires.
Porfirio fut chargé d’une mission discrète d’observation.
Aujourd’hui, nous le savons, la gaufre au sucre sort d’un maître four… une de ces pièces anatomiques à l’incalculable moiteur… la seule au monde à pouvoir distiller un suc supérieur au sucre. La gaufre Stengerson est si onctueuse, qu’utilisée en orthopédie, elle soulage les cors au pied.
Un seul défaut que j’éprouvai et que je me gardai bien de divulguer - Porfirio avait été si aimable - dans la nouvelle version les morceaux de sucre avaient des poils !...

Commentaires

bonsoir ma douceur j'adorrrrrrre ton genre tu es belle et coquine douce j'adore passé des nuit avec vous hummmmmmmmmmm

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