« Le poids de son cul. | Accueil | Un crime qui paye bien ! »

A l’insu de mon plein gré…

(Cet article a été écrit avant le contrôle positif de Vinokourov)

Tout môme, je collectionnais les images des coureurs cyclistes que nous nous échangions lors de parties de bille mémorables ou de cartes (plus tard). C’est dire si le Tour de France était un événement.
Aujourd’hui quelque chose s’est cassé et je n’ouvre même plus la télé juste aux arrivées.
L’impossibilité d’arrêter le dopage, malgré les apparentes prises de position fermes des organisateurs, est à la source de mon écoeurement.
Je ne vois pas l’intérêt de promouvoir un sport dont les protagonistes sont susceptibles de se doper pour passer devant un concurrent « sain ».
C’est dommage pour les purs qui n’en prennent pas, mais c’est à peu près le « tous pourris » que l’on dit parfois aux moments de lassitude à l’encontre des politiciens de quelque parti soient-ils.
A la réflexion, les « purs » sont presque aussi coupables que les bourrés au pot belge, puisqu’ils ne sont pas sans ignorer qu’un tel en a pris et qu’ainsi, ils se rendent complices de cette loi antisportive qui s’appelle l’argent et qui a corrompu les milieux sportifs, et pas que la cyclette… Ceux qui rompent la loi du silence parmi les coureurs sont rares et les courageux doivent s’en repentir tant leur carrière en a été perturbée et leur contrat compromis.
Les mésaventures de l’actuel Tour de France va peut-être sonner le glas de la popularité dont il jouissait.
Il faut lire les articles « Et si les médias disaient stop au Tour ? » et « Dopage dans le cyclisme : la RTBf et ses œillères » de mon excellent confrère en blogs Pierre Eyben http://pierre.eyben.be/
Peut-être que le point d’orgue de ce Tour n’est pas atteint, pourtant le titre du Monde de ce lundi : l’ « affaire Rasmussen déstabilise le Tour de France » pourrait le laisser supposer. En effet, le porteur du Maillot jaune Rasmussen vient d’être exclu de l’équipe nationale danoise par la Fédération danoise de cyclisme pour avoir manqué des contrôles antidopage. Le comble du scandale est encore à venir, puisque le patron d’Amaury sport Organisation propriétaire du Tour n’a pas jugé utile de stopper ce coureur désavoué, laissant aux spectateurs sur les chemins de la course le soin de l’applaudir ou de le siffler.
Mieux, les organisateurs crient au complot.

g_dopage_4jambes.jpeg

Déjà que la télé officielle allemande a plié bagage à la suite du contrôle positif de Patrick Sinkewitz, c’est tout le cash à encaisser par les actionnaires d’Amaury qui en prend un coup.
Cela révèle en même temps que si les coureurs se dopent pour faire du blé pendant les deux semaines de course, les patrons du Tour en font autant. Ce qui fait que les uns sont solidaires des autres et que par conséquent le Tour de France n’est pas le lieu où l’on combattra efficacement le dopage, puisqu’ils le sont déjà tous par l’argent !
Le Monde nous explique en fin d’article qu’il s’agit d’une rivalité au sommet entre promoteurs et que le corbeau qui a balancé Rasmussen n’est autre que l’UCI qui a lancé un nouveau circuit professionnel : ASO, tandis que les responsables des autres Tours s’y opposent.
En attendant le Bernie Ecclestone du cyclisme qui mettra tout le monde d’accord en raflant la mise, c’est la guerre des chefs, à mille lieues des questions éthiques qui touchent à la santé des coureurs et des sportifs en général.
C’est toute la différence de l’estime que l’on portait au sportif amateur sur son courage – sa « bravoure » disait-on - et l’admiration de l’exploit qui passe aujourd’hui par le fric récolté dans le sport professionnel.
Pour ma part, j’accuse le sport actuel de m’avoir volé les enthousiasmes de mon enfance.
Je l’accuse de donner aux jeunes une image perverse du sportif de haut niveau, en lui attribuant une carrière, plutôt qu’une épopée, en mesurant le sport pratiqué au rapport financier qu’il procure et en conduisant ceux qui veulent se faire des sous par ce moyen de forcer leur nature pour atteindre à l’exploit qui rapporte.
Décidément l’argent corrompt, ce n’est pas un truisme.
Même dans le sport nous allons vers des lendemains de complets désenchantements.

Poster un commentaire