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Un monde sans avenir.

L’heure est au marketing, à la grande distribution, à la collecte d’infos statistiques. Les enfants du Coca-Cola et de l’informatique ont compressé la société sur un épais tarmac goudronné, piste unique pour automobilistes pressés.
Conséquence politique : avant la gauche montrait une voie intuitive disjointe du système libéral. Le discours discursif d’aujourd’hui pousse tous les partis sans distinction sur l’aire unique, parce que les faits semblent donner raison à la pensée « apaisée », la pensée étale et passive, celle qui est comme l’eau : insipide et inodore, adaptée à la génération centriste.
Que les partis qui ne se prétendent pas de gauche s’y vautrent comme l’hippopotame dans le marigot, c’est de bonne guerre, mais que le parti socialiste s’y complaise aussi, c’est une faute lourde qu’il n’en finira pas de payer.
Ne lui revenait-il pas, à lui seul, de dénoncer l’égoïsme, sur le temps qu’il imaginait une autre société en l’état utopique, mais qui à la longue aurait opposé à la lâcheté, au laxisme, au crime baptisé vertu, une réalité alternative ?
Au lieu de quoi, le spectacle offert est une sorte de foire d’octobre le jour où les forains remballent les glaces et les strass, empilent le rêve dans des camions sous la forme matérielle et inexpressive de boulons et de tubes, en lieu et place du train fantôme et de la fusée sublunaire.
Michel Onfray a remplacé Sartre, ce qui ne serait pas si mal, mais personne ne l’écoute. Régis Debray parle avec Bové de développement durable. On coupe à la sauvette du maïs transgénique et on applaudit aux heures de prison des martyrs de l’altermondialisme. Mais, on patauge toujours dans le marigot. Les aspirations du peuple à vivre autrement s’estompent. Les forces de gauche s’épuisent et à force de tirer la masse vers le centre, la volonté de changement s’est dissoute dans un confort dont personne n’aperçoit la précarité et surtout sa future disparition, peut-être dans moins d’un quart de siècle ?
Il faudra s’y faire, notre génération est définitivement centriste. Elle vivra jusqu’au bout avec l’idée qu’elle s’en fait, quand l’heure sera venue et sans autre forme de procès, elle disparaîtra dans la honte.
A quoi dès lors le parti socialiste aura-t-il servi ? Réponse définitive : à rien !
Le libéralisme triomphe sur toute la ligne. On en est arrivé à confondre les concepts moraux avec des termes de marketing ! On fait son marché de bonnes intentions, on sauve des vies grâce aux sponsors et on accroît sa vertu personnelle au rythme de la vertu du commerce extérieur, les sous-continents endettés et misérables passent pour être en voie de développement, les organisations mondiales volent au secours de la détresse universelle, non sans perdre quelques personnels tombés au champ d’honneur pour la bonne cause ; alors, qu’on n’a jamais tant exploité la misère et pour une vie sauvée à coup de désintéressement, le capitalisme sauvage en tue cent !
Cette façon de voir les choses reste confidentielle, passe inaperçue, tant l’actualité inutile embrouille les pistes, noie le poisson. Oui, le capitalisme a gagné grâce au seul élément qui l’intéresse dans cette guerre entre l’intelligence comptable et l’intelligence du coeur : l’opinion publique. Une opinion bien cadenassée dans laquelle le parti socialiste s’est engouffré et dont il lui sera impossible de sortir sans une terrible cure d’amaigrissement.
Comment se battre contre la vérité officielle, le parti pris généralisé, le capitalisme à la Sarkozy, c’est-à-dire celui qui mélange les genres à plaisir, brouille les pistes, dont le seul intérêt est finalement de débusquer les hommes faussement de gauche, les Kouchner, les Lang et les Strauss-Kahn ?

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Il est à noter qu’en Belgique si une pareille alternative écherrait aux ministres sortant socialistes, bien peu résisteraient au chant des sirènes.
Notre génération semble bel et bien perdue. Elle donne tort à l’éthique.
L’homme est soumis aux apprentis sorciers. De sujet il est devenu objet. Il ne sait plus à quelle morale se vouer et dès lors, n’en adopte aucune, si ce n’est l’officielle qui n’est rien d’autre que l’adaptation des mœurs au temps, dans la consécration des simulacres, comme la justice et le travail.
Enfin puisque consommer tient lieu de tout : souffrance dans le travail, égoïsme par rapport aux autres, aliénation des libertés… consommez donc, dépêchez-vous.
Bâfrez tant qu’il est encore temps.

Commentaires

l'écherrait n'est-il pas quelque peu mal échu ;-)

La conjugaison du verbe "échoir" est en effet scabreuse. Il eût fallu que je misse le verbe à l'imparfait dans la forme employée (si). Las, ce temps n'existe pas dans le Bescherelle, il existe par contre dans le Littré de 1863 ! J'aurais dû écrire "échoyait" et tant pis pour Grévisse, qui parle quand même de "échéait" sans être plus convaincu que cela.
Merci pour votre vigilance, mais, vous savez, ces chroniques sont écrites à la va-vite et à des heures tardives. J'y laisse parfois passer bien plus d'horreurs encore.

Ce n'était qu'un clin d'oeil. Merci pour vos textes qui me sont devenus indispensables pour bien commencer la journée.

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