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Au p’tit bénéfice.

L’épicerie du coin n’existe plus. La concurrence des acrobates de la conserve l’a mise par terre, à côté du filet de la ménagère. Les petits une fois disparus, les grands ont occupé le terrain. Sans concurrence, ils peuvent se partager les clients, redistribuer les cartes, rationaliser le secteur.
La concurrence était une blague. Les prix sont à peu près les mêmes partout. Ils sont à la hausse, c’est-à-dire au beau fixe pour les artistes.
C’est ainsi que Carrefour fait le ménage et liquide des surfaces G.B. « non rentables », après un accord avec les syndicats qui évite des licenciements secs.
C’est entendu, il n’y aura pas de casse sociale. Mais, c’est en se foutant de la clientèle qui a vu son épicier remplacé par la grande surface ; car, qui va remplacer la grande surface qui ferme ?
Bien entendu, nous n’avons plus affaire à des commerçants, mais à des financiers. C’est-à-dire des industriels qui n’intègrent pas le service aux gens sans voiture dans le périmètre raisonnable. Dès lors, comme les assurances, comme les banques, enfin tout ce qui tourne autour de l’argent et du profit, ils sont insensibles à ce que justement ils prétendent être, des commerçants au service des gens.
Une nouvelle sorte de commerçants de quartier voit le jour : les Night Shop.
Bien sûr, ils dépannent, bien que les prix soient assez élevés. On revient au début du détail quand le petit commerçant bossait 14 heures par jour. En non-stop avec un seul salaire pour sa famille, le nouveau commerçant semble repartir de la case départ. Dans ces nouvelles petites surfaces, on n’y trouve que certains produits de première nécessité, plus quelques spécialités exotiques suivant l’origine du commerçant ; ce qui est loin de valoir l’intérêt que suscitait l’ancien commerce local.
Ça ne veut pas dire que l’on respectait mieux les gens avant et que le max de profit n’attirait pas les magouilleurs ; mais simplement faire remarquer que le système de la grande distribution n’a nullement amélioré la distribution des produits à la population et n’a pas donné en compensation des petits commerces qui ont fermé à cause d’eux, les emplois de qualité qu’on s’attendait à trouver dans ces grandes entreprises.

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Ce qui est plus grave est encore à venir.
Aujourd’hui la grande distribution s’est regroupée en périphérie, avec de vastes parcages pour les voitures, en fonction non plus des critères de proximité mais de coût d’emplacement sur des terrains souvent cédés par les communes pour une bouchée de pain.
Que se passerait-t-il si, un jour, le carburant devenait hors de portée des masses, et que la crise survenant, les voitures devenaient rares et chères, pour la clientèle des supers ?
L’hypothèse contraire est aussi inquiétante.
Admettons que des réserves importantes de pétrole découvertes reculent le pic de Hubert d’une bonne centaine d’années et que les immatriculations nouvelles augmentent le parc automobile d’une manière considérable ?
Le gouvernement ne sera-t-il pas obligé de contrer la pollution en limitant l’usage des véhicules, comme par exemple, alterner les numéros pairs et impairs ?
Quid de l’achat des produits frais, des articles oubliés, des ajouts indispensables ?
En laissant la bride sur le cou au monde de l’argent, le politique ne sait pas quel est l’avenir qui nous attend et qui l’attend.
Ici, il s’agit d’une chose essentielle : la nourriture des populations, aussi indispensable que le droit au logement.
Les hommes ne font pas l’histoire, ils ne font que des histoires.
Mais celle-ci pourrait avoir des conséquences imprévisibles.
Bien entendu, les GB fermeront leurs portes et, malgré les accords avec les syndicats, il y aura toujours l’un ou l’autre des petits salariés dans le collimateur des actionnaires qui n’y trouvera pas son compte ; cependant, ce ne sont pas ces fermetures qui vont bouleverser le secteur.
L’absence de plan des pouvoirs publics en cas d’urgence dans ce domaines vital, fait que l’on peut être inquiet pour l’avenir.

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