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Funérailles ou renaissance du patronat ?

Le patronat français n’est ni plus, ni moins stupide que les autres patronats européens. C’est une association d’intérêts comme les autres, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
Sa religion est simple. Elle est celle de la meilleure compétitivité et du profit qui en résulte, sans nul égard pour les dégâts sociaux des « dégraissages » et des « décentralisations ».
Pour la cohorte de chômeurs que le patronat de par sa politique jette sur le pavé, traîner ses grolles dans un centre culturel, glander sur les boulevards ou s’agenouiller dans un lieu de culte sont des activités qui ne coûtent rien ; mais, il faut bénéficier de plus de revenus conséquents pour s’intégrer à la culture marchande, et se dédouaner aux yeux du pouvoir en qualité de progressiste et membre actif du corps social.
Il y a des millions de Français en état de pauvreté, comme partout en Europe, qui ne le peuvent pas et qui sont cependant sollicités par les staffs d’exposition et de publicité des industries que vous dirigez, madame Laurence Parisot, au nom du patronat français.
N’est-ce pas, d’une certaine manière, faire de la provocation quand des gens dénués de tout découvrent sur Paris Match et aux étalages du luxe comment sont supposés vivre les Français, comme si ceux qui ne le peuvent pas, ne le sont pas !
Les centre commerciaux sont les lieux favoris du progrès inaccessibles pour beaucoup d’entre nous. Ce sont des vitrines qui reflètent bien la société qui monte et qui se fait admirer par la société qui descend.
L’incapacité des badauds de participer à une culture « de progrès », du luxe et de la vie facile, se traduit pour les petites gens par des frustrations permanentes.
Mieux, derrière l’admiration béate des réussites médiatiques s’accumulent des mouvements de colère à la fois contre le monde extérieur et l’incapacité personnelle à répondre aux critères conférant un statut de Français intégré.
Lorsque le nombre de mal aimés du système atteindra un niveau élevé, l’étiage dans lequel vous barbotez à l’aise se trouvera submergé et vos petits patrons, chère madame Parisot, pourront toujours essayer de regagner une rive plus clémente à la nage.
Tout sera dévasté et ce ne sera pas drôle, surtout pour les petites gens, car, voyez-vous, leur travail dont vous vous servez à parfaire votre condition de vie au détriment de la leur, sera pour eux aussi tout à fait saccagé et détruit.
Schumpeter voulait la destruction progressiste, on pourrait dire qu’il serait entendu au-delà de toutes les espérances pour la destruction seulement.
Personne de raisonnable ne souhaite une pareille fin d’un système économique qui a tout de même certains succès à son actif.

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Les quelques petits points suivants pourraient refroidir le moteur du bélier et relancer la machine libérale, puisqu’il n’y a plus qu’elle qui fonctionne en cette Europe crépusculaire.
-Garantir des emplois stables et correctement rémunérés à une partie plus importante de la population ; quoique faire des profits paraît être la chose essentielle à l’entreprenariat.
-La politique locale devrait être portée à l’aune européenne afin que l’Europe pour diminuer le risque de conflits intercontinentaux réduise sérieusement les disparités salariales. A travail égal, salaire égal. Il faudrait qu’entre un ouvrier des antipodes et un Européen l’écart salarial soit acceptable et qu’il soit nul en Europe entre les sexes. Seuls les holdings et les multinationales apatrides sont compétents, plutôt que les Etats en ce domaine. Et ils ne sont accessibles que par une pression des entreprises au niveau de l’Europe des Associations patronales réunies.
-L’Etat doit livrer clé sur porte un habitat digne pour chacun. Vous pouvez l’y aider en recherchant des solutions dans le préfabriqué. A charge de la collectivité de créer les infrastructures et les services dignes d’une ville moderne.
-Il faudra mettre un terme au travail en noir, avec lequel le patronat joue un double un jeu, tour à tour victime et bénéficiaire.
Il ne s’agit que de conditions minimales. On voit que le patronat est loin du compte.
Les tendances d’une politique libérale dans les pays d’Europe, ne sont évidemment pas en accord avec ce qui précède.
Une fois de plus, cela relève de l’utopie et prête à la moquerie. Mieux, il vous serait facile d’abattre le tout d’un raisonnement péremptoire de grande école.
Cependant, méfiez-vous. Vous ne pourrez pas revenir en arrière, quand il sera trop tard. D’autres plus compétents que moi en matière géoéconomique vous aurons tenu un meilleur discours et vous aurez été prévenue.
Alors, si vous êtes encore à la tête du patronat français, vous serez le bouc émissaire ; sinon, ce sera votre successeur. Il faudra bien un jour que quelqu’un avoue les erreurs de sa classe sociale et ne finasse plus entre responsabilité et culpabilité.

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