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On peut toujours rêver…

Ce n’est pas bien de dénigrer encore et toujours la classe politique.
J’en conviens volontiers.
Mais, au vu des résultats, comment ne pas se laisser aller à l’exaspération ? Comment ne pas voir l’électeur malmené. Dans quel genre de démocratie sommes-nous tombés !
Le suffrage universel ne devrait pas être le seul événement participatif qui unit l’électeur au pouvoir politique. Or, c’est bien le seul aujourd’hui.
Le suffrage universel est comme toute chose. Sa forme compte moins que son contenu.
Quand on voit, par exemple, la ténacité du président du PS à repousser l’idée du référendum d’initiative populaire sur le traité européen, on a compris à quelle démocratie il nous condamne.
Il devrait pourtant constater que l’initiative de madame Houart s’apparente à ce type de démocratie participative et qu’elle a servi sa politique.
Bien d’autres participations sont possibles que l’unique fait de voter, à condition d’accepter la diversité d’opinion comme un enrichissement et non comme la perte du privilège de parler au nom de tous.
Nous voilà en Wallonie avec une nouvelle Commission, dite Wallonie-Bruxelles. L’initiative en est louable. Pour la suite, on en est moins certain.
Vous allez dire que la Commission Wallonie Bruxelles est un mélange du public et du politique.
Bien évidemment que non, il ne l’est pas. Qui verra-t-on ? Mais ceux qui d’habitude sont les partenaires rêvés de tout ce qui touche à l’officiel. C’est-à-dire ceux dont l’opinion est la plus proche de l’opinion officielle, qu’il conviendrait que nous partagions et qui malheureusement n’est approuvée que par le petit nombre de gens qui en vivent : mutuelles, mandataires syndicaux et communaux, forces vives du privé, etc.
Mais abandonnons cette malheureuse Commission. Ne l’accablons pas. Elle n’a besoin de personne pour ne rien valoir et ne servir à rien, puisqu’elle se suffira à elle-même.
Revenons à la démocratie.
Nous sommes en plein bouleversement du système économique. Ce dernier est devenu le critère mondial. C’est la société de marché qui se distingue de l’économie de marché en ce sens que celle-là est devenue le référent central de l’ensemble des activités humaines.
C’est évidemment le constat d’un totalitarisme économique dont les représentants du peuple dans une démocratie bien comprise devraient débattre. Et ce sujet essentiel devrait redéfinir nos rapports avec les partenaires flamands. Car, dans leurs discours, les différences les plus marquantes avec nos concepts touchent surtout à l’économie, si l’on excepte le nationalisme territorial, ce prurit linguistiques d’un autre âge.
Les Flamands en acceptant d’évidence que l’on ne peut plus rien tenter qui ne soit d’abord économique préparent pour leur Région un futur détestable. Un futur où l’homme ne sera plus – qui n’est déjà plus – qu’une marchandise dans un seul critère de production et d’encouragement pour un travail poussé à ses extrêmes.
Ce suivisme est voué à un échec certain.
L’art de vivre en harmonie avec les autres et avec soi-même ne peut se dissocier du désir de l’homme à d’autres choix que ceux qu’on lui impose. Il y a gros à parier que l’apothéose capitaliste et libérale actuelle est plutôt son chant du cygne !
Prévoir en démocratie est essentiel.
Les socialistes ont désenchanté les gens à force de coller à l’idéologie libérale. Les libéraux ne se sont pas encore détrompés de l’aventure à laquelle ils exposent les populations en suivant la terrible logique de l’efficacité, dans le jusqu’auboutisme de la réussite du pire. !
Reynders et ses pareils ont confondu l’utilité politique avec l’utilité économique. Si l’une doit consacrer le bonheur du plus grand nombre, ce n’est pas en l’associant à l’autre qui conduit au bonheur du petit nombre qu’elle y parviendra.
La politique devrait intégrer dans ses concepts le plaisir de vivre.

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La somme des satisfactions individuelles peut être aussi celle du bien commun, à condition de ne pas confondre la satisfaction avec l’égoïsme individualiste.
On ne peut pas fonder une politique sur de supposées valeurs morales comme le travail et la perception de l’impôt, sans se poser la question de savoir s’il ne conviendrait pas de donner un autre sens à produire beaucoup, pour que les producteurs récoltent fort peu, alors qu’ils sont les seuls à contribuer à la richesse de l’Etat.
On voit bien comme le sens de la politique d’une démocratie est dévoyé par ceux que nous élisons.
Quant à moi, je me refuse de cautionner un système qui confond la cité idéale rêvée par tous, avec une jungle consumériste où chacun lutterait pour son intérêt personnel.
Des cendres d’un capitalisme de société, naîtra la conviction que l’homme est capable d’autre chose que la poursuite de ses intérêts, qu’il est capable de désintéressement, capable de créer une organisation sociale qui a d’autres buts que celui de perpétuer sa puissance.
Tout le monde a de la valeur dans une démocratie égalitaire. Si la démocratie ne consiste qu’à peser la manière dont on négocie les intérêts des uns et des autres, la vie politique n’a aucun intérêt et n’a plus aucun sens. Un bon tribunal de commerce suffirait.
Cette Commission a l’occasion de définir un autre modèle que celui d’une Flandre anglo-saxonne dans ses rapports avec l’argent et le travail.
Si cela se faisait, je retirerais volontiers toutes les horreurs que dessus j’ai dites.

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