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Paul Magnette, la solution marketing !

Di Rupo voulait dépoussiérer le PS après le sinistre qui dévasta le socialisme militant de Charleroi et lui fit perdre les élections de juin. Imitant en cela Sarkozy, il adouba une nouvelle personnalité sur les lieux du drame, en contre-feu à son « ami » Van Cau : Paul Magnette, cadre débutant et apolitique.
C’est un jeune loup de 36 ans, sans passé de gauche. Les porteurs assidus de serviettes des Comités y voient un grand risque et une menace de déséquilibrer le parti.
Faisant confiance à son instinct plus qu’aux hommes, le Président ouvrait la voie à une belle carrière.
Du coup Paul Magnette s’est dit qu’on pouvait en ramasser autant dans un parti que dans les entreprises, et il se mit en devoir de séduire « le patron ».
Après les écuries d’Augias au Karcher, Paul Magnette s’affilia et se mit en devoir de comprendre le socialisme de Di Rupo, sans tenir compte des radotages orthodoxes de Philippe Moureaux.
On connaît la suite, ministre wallon de l'Action sociale en juillet, voici Magnette ministre fédéral en décembre. L’ascension est fulgurante. Bien que les électeurs ne le connaissent pas, on trouvera bien une commune du Borinage pour le triomphe du jeune prodige aux Régionales de 2009.
Pour plaire à Elio Di Rupo, la non-pensée des temps modernes est de mise. C’est l’efficacité par le vide. Magnette a compris. Il est glamour. Elio le regarde d’un œil attendri. Il dit bien les choses sans importances ou convenues, celles que l’on attend de lui.
Elles marquent la fin du militantisme qui s’apprenait dans les usines, dans la rue, dans les comités là où la gauche a ses racines.
Aujourd’hui, le métier s’apprend dans les universités, à manier les statistiques et à faire de la profession politique un challenge l‘œil rivé sur les sondages. Il ne s’agit plus de prendre le pouls des populations et de se mettre à leur service, mais de plier celles-ci à des politiques dont le fin du fin consiste à prendre des mandats juteux et à se placer dans le système. Exactement comme le fait depuis toujours le rival libéral.
L’ennui, ce sont les élections de proximité, les Communales, où ces grands flandrins frais émoulus paraissent empruntés et tiennent des discours aux antipodes des préoccupations des gens. Mais, noyés en bonne place dans une section de complaisance, ils intègrent la masse et passent les barrages de la culture populaire qu’ils dédaignent. Dans les Cités naïves, on pardonne à leur langue de bois considérée comme une preuve de capacité.
Le parti socialiste est passé en 25 ans des mains des travailleurs aux affairistes mondains. Pour Elio Di Rupo, les travailleurs sont incapables de dire ce qui est bon ou mauvais, ils doivent faire confiance à des « esprits supérieurs » venus d’ailleurs, qui pensent pour eux. Les grandes écoles leur confèrent une plus-value irrésistible, dirait gros QI, lui-même issu du même grenier à farine.
On avait déjà un avant-goût avec la chiée d’avocats qui envahit le parti depuis 20 ans, voilà le temps des ingénieurs en communication, des licenciés en sciences politiques et en politique européenne.
Cette politique universitaire de l’aigle de Mons serait peut-être moins haïssable, s’il puisait dans les gisements des autres sections que celles du Borinage, les grosse têtes qui désormais y sont foisons. Par les temps de chômage qui courent, passer par Cambridge ou Berkeley, est devenu nécessaire pour atteindre l’échelle des salaires la plus élevée ! C’est fini le temps où l’humble marchand de pommes sortait de son Fouron natal pour conquérir Namur !...

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Charleroi convalescent, sans Liège, le PS de Di Rupo n’est plus qu’une enveloppe vide.
En ignorant le duel à la Violette entre Didier Reynders, président du MR et Willy Demeyer, bourgmestre, il déforce ce dernier en ne distinguant pas avec l’accord du PS liégeois, une relève capable d’opposer un ou des ministres fédéraux à l’intrigant libéral.
Le Parti socialiste est bien désormais une affaire du Centre, avec Mons et Charleroi en référence. Pour un parti qui se veut désormais au centre, évidemment, tout est dans le symbole.
Il est même à craindre que le Montois, dans sa mégalomanie, ne s’attaque après Charleroi à la régionale de Liège pour l’affaiblir en raison de certaines inimitiés personnelles et aussi afin d’y placer des hommes à lui.
Au PS, pour faire un « homme-à-soi » c’est très simple.
Vous prenez un loustic qui a beaucoup de diplômes et beaucoup d’ambition, les convictions socialistes étant sans importance, vous lui mettez le marché en main : « Tu fais ça pour moi et tu gagnes tant… ». Vous le lâchez dans la nature et vous le récompensez au résultat.
Il n’y a qu’un danger, c’est que le loustic prenne goût au pouvoir, qu’il l’associe à l’argent qu’il peut se faire et que son ambition le pousse au-delà de ce qu’il lui était permis d’espérer.
C’est ça la politique de Di Rupo. Une politique dangereuse qui corrompt ce qui reste d’idéologie d’un parti qui devrait en avoir plus que d’autres et qui en a un grave déficit.
Quant à Paul Magnette, dans la bonne tradition des faux culs, il s'est déclaré très surpris par sa désignation au fédéral. Il n’a pas encore intégré la phraséologie Dirupienne ; car, il aurait dû ajouter, « en toute humilité ». Ça viendra. Ce type apprend vite.
A moins, à moins, autre hypothèse… amour quand tu nous tiens… Mais cela relève de la vie privée et comme diraient les Inconnus : « Cela ne nous regarde pas » !

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