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Plouf !...

Luc van der Kelen de Het Laatse Nieuws a dit le mot le plus juste des éditorialistes flamands, à propos de la crise de l’orange bleue. Si on enlève toutes les agaceries de bouche pour l’électeur libéral, il pense que sans une réponse de gestion rapide du pays, celui-ci se « désintégrera discrètement ».
Et on se demande si ce n’est pas le commencement de la fin, avec un Yves Leterme plébiscité par 800.000 Flamands et qui n’a pas été à la hauteur de ce que ses électeurs attendaient de lui !
Une désintégration discrète, c’est bien belge ça, dans un scénario sans remous, à peine quelques ronds dans l’eau, un plouf à n’inquiéter personne… l’étron dans un WC !
Le dernier sursaut « unanime » du CD&V en faveur de leur « crack » est un baroud d’honneur pour ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui un tocard et comme ils se sentent responsables d’avoir mis sur le turf un cheval panard, il importe de ne pas perdre la face devant les parieurs.
Le CD&V perd tout dans l’affaire. Leurs dirigeants se sont laissé avoir par le petit parti associé le N-VA qui ne tirait aucune ficelle au départ et qui se voit crédité de toute l’influence des deux partis associés ; car, avec l’échec de Leterme, le CD&V doit prendre à son compte le nationalisme du N-VA sous peine de montrer au grand jour qu’il s’est fait piégé par Bart De Wever.
Et c’est cela le danger : la radicalisation des pères tranquilles du jésuitisme flamand…
C’est un mauvais réflexe, mais de pratique courante dans la fuite en avant quand on s’est fait avoir.
Si le CD&V ne désavoue pas tout de suite le petit parti de De Wever, il sera contraint à la surenchère nationaliste et il s’obstinera jusqu’au bout à remettre en selle au poste de premier ministre, un Leterme qui a montré qu’il ne résistait pas aux thèses séparatistes du N-VA.
Avec Di Rupo, il revient à beaucoup que l’orange bleue n’a plus aucune chance.
Si le roi – qui s’est déjà fourvoyé dans ses choix – s’obstinait à faire plaisir au CD&V, il serait le meilleur artisan de la perte de la Belgique et de son trône.
Didier Reynders n’y aura pas mal contribué aussi, par son entêtement maladroit.
Ce type avait échafaudé un plan qui devait conduire à la réduction des voix du PS au niveau de celles des Ecolos. Il suffisait de laisser mijoter à feu doux les affaires du type Charleroi et souffler sur les braises à temps voulu. Il n’y avait qu’une condition que Leterme réussisse et que Reynders devienne le bras droit du nouveau premier flamand. En ce faisant, le MR était prêt à toutes les compromissions sur le plan communautaire pour éliminer le PS et surtout pour aligner sur la droite, voire l’extrême droite flamande, les programmes en matière de sécurité sociale, salaire et chômage, en sachant que l’objectif flamand est un peu celui d’un Sarko, c’est-à-dire s’attaquer aux salaires sous prétexte de travailler plus pour gagner plus, économiser sur les retraites, acculer les préretraités d’office à ne percevoir que les allocations de chômage, celles-ci étant allouées avec de nouvelles conditions plus restrictives, soins de santé et autres dans la même optique, d’autant que la Wallonie avait à rattrapé les Flamands sur leurs objectifs de régression des droits et avantages sociaux.
Ainsi, le MR pensait pouvoir « redresser » le pays en nous serrant la ceinture, ses thèses devant beaucoup plus tard asseoir le triomphe libéral en comparant les résultats au niveau des sociétés scandinaves.
Que faire dans l’état de pourrissement de la situation ?
Le gouvernement d’union nationale que Di Rupo appelle de tous ses vœux en ce début de décembre est aussi dangereux que le sauvetage coûte que coûte de l’agrume vision Reynders. Ce que Di Rupo veut, c’est une sorte de réunion des vieux briscards. Dans la cacophonie de cette nouvelle arithmétique qui n’est possible qu’avec le CD&V N-VA, le loup s’introduirait de toute manière dans la bergerie.
Reste le joker Verhofstadt.

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C’est la dernière cartouche du Palais avant les tralalas de l’Union nationale.
Le hic, c’est que le VLD a perdu les élections.
Resterait la dissolution et les élections anticipées, avec le fol espoir que les incompétents soient jugés pour ce qu’ils valent par l’électeur, à savoir pas grand chose. Cependant, le risque que ce scénario tourne à la catastrophe n’est pas négligeable. Et si l’opinion flamande de plus en plus foldingue votait encore plus à droite ?
Ce serait alors l’exil, ô pas loin, à Ciergnon.
On verrait aussi la fin de l’aventure pour nos grands professionnels de la politique qui auraient scié la branche depuis laquelle ils nous envoient régulièrement les peaux de leurs bananes et les débris de leurs cacahuètes.

Commentaires

Hé Oui! Il n'y aura bientôt plus de Belgique... Je suis convaincu, persuadé que les grands titres des journaux sont rédigés des mois en avances... Tout était prévu, et le merveilleux, tel Noël, notre bonne démocratie, plus ça va, peut maintenant, comme une jolie dictature, écrire son histoire des années, des décénies, des siècles par avance... La révolution? Ce n'est qu'un effet co(s)mique : une boule qui tourne en rond de façon tellement prévisible... Je vous l'écris : Des Siècles d'avance!

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