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Déballonnons l’élite !

C’est Radcliffe Brown qui a raison. La mort sociale existe, mais elle est rare, pratiquement faite pour les cons qui ne savent pas rebondir.
Une panouille à laquelle on ne s’attendait pas : révolution, société en quenouille, changement de Régime et hop… l’élite change de casquette. Robespierriste jusqu’au 8 thermidor. Le neuf ? pas question… L’avant-veille de Waterloo, Talleyrand faisait ses valises, prêt pour la Conférence des Alliés, déjà une petite idée sur le sort de la Belgique.
En termes plus classiques, Richard III propédeutique pour les gros cursus de l’ULg. : la mort sociale apparaît comme une interruption de la reproduction sociale.
Tout ça momentané, dans le flou artistique des modifications apparentes. Mais que les âmes raffinées se rassurent, le fils du boulanger deviendra boulanger, et le rejeton du rentier retrouvera dans une banque suisse, tout ce que la famille avait planqué pour qu’il ne manque de rien.
Loi naturelle, évidence nécessaire pour que chacune des rames de la galère ait son titulaire, pour qu’on folâtre avec le capitaine sur le pont.
L’homme de science se demande si la mort sociale n’est pas plus apparente que réelle, si c’était vraiment Mussolini pendu à un croc de boucher, Adolphe cramant devant son bunker à une dizaine de mètres des tankistes de l’Armée Rouge.
C’est dire l’absolue mauvaise foi des milieux autorisés.
Il y a quelque chose d’éternel dans la structure sociale.
Une modification importante du système politique, même radicale, ne fait jamais l’autodafé de tout.
La Société bouge rarement.

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La Révolution d’Octobre, vous me direz. Certes, finir dans les caves de la villa Ipatiev à Iekaterinbour, c’est plus qu’une mort sociale pour Nicolas II. Encore que, c’est l’exception. Y a-t-il eu vacance des bienfaits dus à la disparition du dirigeant suprême ? Le Palais d’Été et celui d’Hiver, le Kremlin et les datchas tout de suite occupés, simple changement de personnel, c’est tout. Lénine et Staline en savent quelque chose.
Oui, mais alors, grave dilemme !
Ou bien on considère 1789 et les grandes dates qui suivent jusqu’à cet effroyable 1917 comme des révolutions comparables à des coups de torchon, ou ce n’est qu’un entracte de la reproduction sociale, des instants mis entre parenthèses, parce qu’à un certain moment les dirigeants étaient devenus par top cons, que ça excitait les Napoléon en devenir, qui prévoyants faisaient courir les bruits du genre « Il n’y a plus de pain ! Donnez donc de la brioche… ».
Péripéties, adaptations, c’est toute la rhétorique des historiens.
Il faut bien enseigner quelques rudiments qui ont à voir avec la morale afin de parfaire l’instruction de nos chères têtes blondes.
On ne peut pas leur dire que si parmi l’élite, il y a des chutes inéluctables, par contre le fils du ramoneur, surtout qu’il ne s’en fasse pas une seconde, son destin de ramoneur est tout tracé.
Il ne faut pas décourager l’être social en devenir, n’est-ce pas !
Mais, si l’on nie les phénomènes révolutionnaires, il faut bien croire à la duplication générationnelle.
Et alors qu’est-ce qu’on fout dans les Révolutions, puisqu’on chasse une certaine élite par la porte et qu’elle rapplique par la fenêtre déguisée en son contraire ! De même, qu’est-ce qu’on en a à foutre d’applaudir un système quel qu’il soit quand on est fils d’éboueur et presque à coup sûr futur éboueur ?
Pourquoi ne nous tenons-nous jamais ce type de raisonnement qui relève du bon sens ?
Parce que nous sommes depuis toujours dressés à utiliser, pour les problèmes économiques qui touchent l’ensemble de la population qui travaille, un étalon conventionnel qui nous assure que nous avons changé de régime, que l’ancien ne valait rien. Même le système capitaliste paraît changer et se modifier d’année en année, comme si l’ancien pliait bagage le 31 décembre pour faire place le 1er janvier à la merveille des merveilles. Alors que c’est le même !
On peut appliquer cette duplication à la situation de la Belgique. Le 23 mars, il ne se passera rien d’apparent. Les uns auront retourné leurs vestes, les autres auront bombé le torse. L’ensemble de la population trinquera pareil, peut-être pire quand on voit le baril monter à 100 dollars !...
Bien entendu les gazettes sont payées pour vous dire le contraire, pour vous faire croire que l’ascenseur social existe en dehors des héritages ou des passe-droits et qui consiste pour le fils du boulanger et le fils du ramoneur à faire des efforts afin de devenir un petit génie comme Di Rupo ou un parfait baratineur comme Reynders.
Depuis quand généralise-t-on la réussite pour faire croire qu’elle ouvre les portes des paliers supérieurs à tout qui la mérite ?
Les statistiques sont là. Tout le monde est bel et bien archi baisés et dans la merde, à l’exception de quelques-uns. Ceux qui disent le contraire sont des bluffeurs…

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