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La capacité d’adaptation.

On n’est encore nulle part dans la connaissance de la capacité d’adaptation d’une société.
Quelques indications du passé nous démontre qu’elle est grande, comme par exemple, la réelle placidité des foules lors de l’Occupation allemande de nos pays en 40 et 45. Si les faits de résistances avaient été généralisés, il est certain que la Wehrmacht aurait été incapable de maintenir l’ordre dans les pays occupés.
C’est donc avec une certaine sérénité que les organisations politiques en Europe voient venir le temps des vaches maigres et des promesses non tenues.
Car se joignant à la capacité d’adaptation, il y a la faculté d’oubli.
Si les délassements publics insignifiants et enfantins accentuent chez les adultes l’effet de placidité, on ne peut pas dire que la débilité des spectacles proposés dans les télévisions et dans les arts de la communication ludique soit la seule source de la résistance à une attitude de révolte. Les violences imposées par les Etats, en panne de progression et en butte à des contre-performances sociales, légitimeraient, à tout le moins, une réplique des victimes
La capacité d’adaptation est donc grande. Elle tient à l’incapacité des foules à imaginer autre chose que ce qu’on leur impose.
Imaginons que les négociations en Belgique n’aboutissent pas à un accord entre Wallons et Flamands. Cela signifierait que les classes dirigeantes admettraient la possibilité d’abandonner le pouvoir à d’autres qui auraient la capacité d’aboutir.
C’est demander beaucoup à des gens rompus à diriger. L’échec des négociations cumulé avec une régression sociale est donc une probabilité ultime et par conséquent fort improbable.
Il y aura accord.
Savoir lequel est relativement sans importance ; car, bon ou mauvais, le peuple n’est pas en capacité de le refuser.
Un échec serait contradictoire, puisque les dirigeants admettraient eux-mêmes qu’il faut changer le système qu’ils ont créé et dans lequel ils sont impliqués !
En l’occurrence, il n’y aura pas d’échec sur les négociations actuelles. La capacité d’adaptation des foules fera le reste.
Dans une telle situation, les classes dirigeantes pratiqueront une sorte de sur symbolisation qui aura pour fonction de faire croire à l’apparence de la rigueur et de la force, même si ce « jeu de théâtre » ne fera aucune illusion sur son historicité réelle.
On peut habilement retourner pour soi les destins contraires.
Qui ne voit, comme un nez au milieu de la figure, ce que le mouvement libéral réformateur est en train de perpétrer ?... un crime majeur en matière de consensus communautaire, avec ou sans l’assentiment d’Olivier Maingain.
Mais, ce qui sera davantage édifiant, puisque la perspective d’un renoncement libéral aux valeurs défendues est patent, ce sera par la suite, le ralliement des autres formations politiques, pour la même raison qu’annoncée précédemment.

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L’une des reproductions les plus élémentaires de la capacité d’adaptation est la reproduction politique. C’est un ensemble d’activités et de décisions ayant des rapports directs et impératifs sur la société totale, sans que le recours démocratique y soit pour rien, ou si peu. C’est une hiérarchie de systèmes sur le meta-système. Le principe qui en résulte est la domination.
Ici, la faculté d’adaptation de la classe politique se réplique sur le groupe social le plus élevé, donc dirigeant, afin qu’elle s’adapte à son tour sur ce qui est déjà en cours : l’adaptation des foules aux desideratas de la notion vague « d’intérêt supérieur ».
Ce n’est donc pas le suffrage universel qui détermine la politique, mais la politique qui détermine le suffrage universel.
La mémoire sociale, pur produit extérieur à l’homme, s’en trouvera confortée par les dirigeants, les parents, l’école, l’église, le travail, l’appartenance à une organisation politique et syndicale.
Il ne restera plus au citoyen lambda qu’à accepter le sort qu’il lui est conseillé d’avoir, s’il ne veut pas être rejeté, même de manière symbolique, de la Communauté.
A ce petit jeu, la condition sociale des francophones pourrait être adaptable à l’infini par la classe supérieure, elle-même adaptée à la Loi flamande, le tout dans de graves inconvénients, de restrictions et donc de pauvreté des classes inférieures.
Le cas belge est caractéristique de la double adaptation : à celle de la crise économique américano-occidentale qui approche et à celle de la domination d’une société plus nombreuse sur une autre en nombre inférieur.
Dès le 23 mars, les Wallons entreront dans un processus minoritaire dont ils paieront les conséquences bien plus tard, quand leur grande capacité d’adaptation sera épuisée.

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