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…des mœurs du temps…

…mettons nous moins en peine,
Et faisons un peu grâce à la nature humaine…

Débat de routine sur RTL, dimanche midi.
Difficile de placer un bémol dans ce débat sur la pédophilie en arguant de la liberté de consultation des sites Internet par des adultes, sans passer soi-même pour un odieux abuseur d’enfants.
Alors, c’est entendu, on va passer par les fourches caudines de la morale, version 2008, sans prendre la précaution d’écouter les psychiatres. Ceux-ci nous disent en matière de fantasmes que la plupart d’entre nous entretiennent avec le cerveau primitif des rapports troubles, souvent conflictuels et jamais simples.
Ceux qui commercialisent et diffusent des images à caractère pédopornographiques sont condamnables, comme ceux qui les reçoivent, encore que pour ces derniers, il faille distinguer de ce qui relève du fantasme, de la démarche « militante », voire du passage à l’acte.
Ce qui me gêne dans ce débat, c’est la prétention de chasser l’innommable chez l’homme dans sa seule phénoménologie sexuelle.
De ce fait, on ne sait pas où l’on va et pour faire quoi ?
Puisqu’il y a un salaud qui sommeille dans presque chacun d’entre nous, pourquoi ne pas confondre aussi le salaud social qui, s’il ne force pas des enfants à des ignominies, c’est en exploitant honteusement leurs parents, qu’il réduit leurs progénitures à des promiscuités dangereuses et à des infamies probables dans des taudis !
Les temps n’étaient pas si lointains où tout ce qui touchait le sexe était interdit.
On lisait Sade sous le boisseau. Aujourd’hui il est en collection 10/18 et d’accès à tous.
Et pas que lui : d’Apollinaire à Voltaire et de Bellmer à Rowlandson, en passant par Aragon, Arétin, Bataille, Nicolas Chorier, John Cleland, Céline, Dali, Dubuffet, Eluard, Fautrier, Flaubert, Anatole France, Théophile Gautier, Kleist, Klossowski, La Fontaine, La Popelinière, Léautaud, Louis XV, Pierre Louÿs, Mandiargues, André Masson, Maupassant, Picabia, Queneau, Pauline de Réage, Rimbaud, Antonio Saura, Verlaine…de sorte que l’on pourrait se demander pourquoi ces écrivains ne sont pas à nouveau interdits, puisqu’ils mettent en situation des adultes et occasionnellement des adolescents, voire des enfants...
Bien entendu, écrire, c’est différent que mettre en photos ses propres fantasmes en y incluant des enfants. L’écrit était jadis criminalisés, surtout par l’église ; aujourd’hui, il semble bien que seule la photo soit considérée comme une action criminelle, et à juste titre puisque les acteurs ne peuvent être consentants et de pleine maturité d’esprit, en-dessous de l’âge légal. L’image a besoin du support humain, tandis que les élucubrations d’un écrivain ne sont autrement préjudiciables que par les idées et les perversions qui en découlent.
Et c’est cela le risque dans la traque aujourd’hui : qu’on la fasse sans discernement parmi les internautes pornographes, parce qu’il est fort possible qu’en traduisant devant la justice les curieux de ces sites, on arrive à mélanger tout et à interdire bel et bien toute diffusion pornographique, tant le caractère pédophile de certains sites ne sautent pas immédiatement aux yeux.

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De l’image à l’écrit, il n’y a qu’un pas...
La barrière étant peu nette entre érotisme et pornographie, on devine jusqu’où pourrait aller la dérive d’une censure au départ bien accueillie par l’opinion.
On a été bien prompt à jeter le nom de Maître Hissel en pâture au grand public, sachant que celui-ci est toujours enclin à imaginer le pire. C’est d’autant plus curieux que via le site australien diffuseur et selon les journaux, il y avait trois autres amateurs ? Pourquoi a-t-on choisi de jeter le seul Maître Hissel en pâture, alors que les trois autres restaient anonymes ?
Bien sûr, on pourrait rétorquer que seul Maître Hissel est bien connu du grand public. Et qui nous dit que l’un des autres ne l’était pas aussi, d’une autre manière ? Cette façon malsaine de jeter un nom plutôt qu’un autre sur la place publique pourrait laisser supposer que ceux qui échappent à cette publicité d’un mauvais goût, le seraient parce qu’ils bénéficieraient d’un soutien occulte d’une autorité quelconque ?
On voit bien comme l’affaire Hissel jette un climat délétère aujourd’hui et comme la présomption d’innocence n’étant pas respectée, le risque de dérive est important.
Pourtant l’affaire d’Outreau devrait nous inviter à la prudence.
Qu’on en soit arrivé à punir des fantasmes, c’est-à-dire des états de l’imaginaire sans prise avec la réalité, sur le même pied que des passages à l’acte, en dit long sur le besoin d’une société en apparence aseptisée d’évacuer sa mauvaise conscience dans la façon dont elle éduque ses jeunes, les adultes de demain, en privant un peu plus les citoyens de leur droit à la liberté de penser.
Comment se fait-il que tous les sites pédophiles payants continuent à être clients des banques ? Elles ont à connaître sans aucun doute du genre de commerce qu’elles protègent du secret bancaire ?
La voilà bien cette société de consommation qui répugne à certaines consommations, mais qui n’en tarit pas la source des profits honteux par des mesures simples et moins compliquées que de remonter à Maître Hissel ?

Commentaires

C'est parfait, Richard III! Rien à jeter!

Salut Richard, et merci tout plein pour tes articles, et pour les disques et tout et tout que tu m'as envoyées.
Comme je sais que tu aimes écrire je t'ai inscrit à un petit quizz, que tu pourras retrouver sur cette page http://musique-et-photos.over-blog.com/article-16966246.html . J'espère que tu pourras y répondre et faire suivre aussi.
Ps : on ne gagne rien.

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