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Encore enceinte !

-M’enfin, Richard ! T’as vu ton dernier ours ?
-Quoi ?
-Enceinte ! Le jour avant tu faisais dans le « lourd sérieux » !
-Et alors ?
-On pourrait croire que tu plaisantes à tous les coups !
-J’alterne.
-Tu glisses de la plaisanterie au sérieux et du sérieux à la plaisanterie…
-Des plaisanteries afin d’évacuer mon côté « prof chiant », c’est une autre manière d’intéresser. Sous l’ironie, il y a toujours une vérité.
-Si elle n’est pas bonne à dire, à quoi ça sert ?
-…la masquer sous des propos graves, en réduire l’importance par un haussement d’épaule, s’en amuser en espérant que cela amusera les autres.
-Dans quel but ?
-…celui d’être d’abord un homme libre qui dit ce qu’il pense, selon le moment et sa fantaisie.
-Même s’il ne pense pas juste ?
-Qu’est-ce que penser juste ? Daladier en revenant d’Allemagne avec Chamberlain après avoir signé un traité – un de plus – avec Hitler pour assurer la paix, pensait « juste » pour des millions de Français. Lui-même le pensait peut-être au moment de son retour, quoiqu’on lui ait prêté le mot « …les cons ! S’ils savaient ! ».
-Il ne pouvait pas faire autrement.
-On lui a prêté le mot bien plus tard, quand tout le monde savait. L’a-t-il dit au moment même ? Dans ce cas, c’est un type d’une grande médiocrité et en même temps d’une grande duplicité. Comment qualifier un homme d’Etat qui signe un traité qui va plonger son pays dans une fausse joie... et qui le sait ? Un traître !…
-Un résigné ?
-Tu parlais de mon dernier ours. Qu’est-ce qui te gêne ?
-Tu sais bien que c’est une rumeur qui a circulé qu’elle est enceinte, la femme du Président, et qu’aucune information n’a confirmée. Alors pourquoi transmettre un potin et t’en faire, d’une certaine manière, le complice ?
-L’histoire tient dans un dialogue entre deux types qui prennent pour argent comptant tout ce que les magazines spécialisés et les feuilles à scandale vendent.
-Tu ne le dis pas clairement.
-Comment veux-tu que je le fasse, puisque ces deux-là sont convaincus que les bobards qu’ils lisent sont réellement de l’information ?
-Faire une petite annonce, un mot de la fin, un rectificatif ?
-Ça non ! Pas de côté moralisateur. C’est comme une histoire de comptoir qui ne serait pas brève, si tu comprends ce que je veux dire, à quoi on ajouterait « Tu sais, c’est une blague » !

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-Tu fais quoi, du café-théâtre, de l’esprit chansonnier ?
-C’est une question qu’il faut poser à tous ceux qui ne prennent pas la vie au sérieux, en attendant que les circonstances leur fassent regretter le temps où ils pouvaient rire de tout....
-Finalement, elle l’est ou elle ne l’est pas, enceinte ?
-Je n’en sais rien et je m’en fous. Ce n’est pas parce que deux types se vengent d’un autre qui raconte des craques à des millions de Français, qu’il faut être dupe de ce qu’ils croient être vrai. Même si l’information est fausse, elle tempère leur colère…
-C’est quoi, cette manière de se défouler ? C’est complètement malhonnête.
-C’est le cœur du débat. Nous sommes dans une société foncièrement malhonnête où chacun essaie par indifférence ou par manque de scrupule à tirer son épingle du jeu. Dans ce cas, les pires seraient ceux qui se disent détenteur de la morale, du civisme, de la vérité. Alors, mes deux menteurs, ne sont pas ce que l’on croit. Ils ne sont affreux que par rapport à ceux qui le sont plus, c’est-à-dire qu’ils le sont beaucoup moins que d’autres.
-Tu deviens incompréhensible !
-Et puis à défaut d’un petit mot d’explication, il suffit de réfléchir à l’outrance de la photo - ce ventre manifestement d’une femme enceinte ornant la façade du Panthéon…

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