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Nico des fortifs…

Les admirations inconditionnelles sont rares. Elles se manifestent souvent pour une star de cinéma ou du show-biz, rarement pour un homme politique. A l’élection du président de la république, on a senti la foule frissonner pour Nicolas Sarkozy, un peu comme pour John Kennedy… S’il a moins de fans aujourd’hui, il n’est pas encore sans groupie.
J’avoue n’avoir aucune affinité pour l’Homme et sa politique. Il est comme ses pareils en France et en Belgique : inapte à comprendre le merdier dans lequel on est !
Du genre moderne, son discours pour le changement ne colle pas avec la situation économique, ce qui en fait une palinodie insupportable.
Cynique et pragmatique, il est le symbole même de l’égoïste, tel que l’avait rêvé Edouard Balladur son maître en jactance libérale.
La façon de remonter les bretelles du pantalon par un haussement d’épaules, la démarche chaloupée à la Jésus-la-caille, l’œil aux aguets du mec qui sort de Fleury-Mérogis, tout chez Sarko nous le suggère, il est ainsi parce qu’il truande. Ce type est un affranchi !
Il désacralise la fonction de président et la banalise par la même occasion, au point qu’il en devient sympathique.
Il manquait au portrait de jacter chébran comme Mitterrand. Il a choisi pour ne pas imiter la gauche, de faire dans le vulgaire.
Il s’est lâché au salon de l’Agriculture. Il a comblé les soucis égalitaires du populo parisien !
Le dialogue est rapporté par les médias. Ce n’est pas si bien que de l’Audiard, c’est du Bertrand Blier, ce qui n’est pas si mal.
"Ah non, me touche pas, tu me salis", lui lance un visiteur en colère. "Casse-toi, casse-toi alors! Pauvre con va...", réplique le Président de la République française.
Enfin, les Français ont un Président qui ne dédaigne pas le parler des rues.
Un ancien maire de Neuilly qui parle comme à la Courneuve, le fait est tellement rare qu’il mérite d’être signalé.
Chirac avait laissé traîner derrière lui quelques imprécations, des mots salaces, plus orduriers que populaires. En dialoguant avec le public au salon de l’agriculture, le Président a pris une longueur d’avance.
L’UMP devra en tirer la leçon, les godillots à l’argot. La langue verte fait le bras d’honneur à la langue de bois. Michèle Alliot-Marie ne s’écrie jamais « putain de banlieue » quand elle discourt devant un parterre de flics. Sa place est en jeu !…
J’en suis ravi et je me demande si un président qui dit « pauvre con et casse-toi » à un quidam dans la foule, n’est pas tout simplement en train de descendre de son piédestal, en faisant la nique à tous les cons du royaume… pardon : de la république !
Dorénavant on pourra écrire que Sarkozy nous emmerde grave. Il ne se privera pas de répliquer « tu veux mon poing sur la gueule ? ». Ce sera Sarko en personne qui cassera du beur dans la banlieue.
En nettoyant au karcher les cages d’escaliers crades de Sarcelles, on l’entendra jurer « la putain de pression de la pompe est en train de lâcher. Le tuyau est mou comme la queue de Villepin. Merde, c’est quoi ce bordel ? ».
Les discours de Guaino seront remplacés par du pur jus élyséen.
« Avec ma meuf Carla, on va s’en jeter un chez Bolloré. T’as rien contre, trouduc ? ».
Nous entrons dans une nouvelle aire de communication.

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On se souvient du face-à-face tendu qui avait opposé Nicolas Sarkozy aux pêcheurs du Guilvinec début novembre, quelques jours après l'annonce de l'augmentation de son traitement de chef d'Etat. Il avait été à la limite d’exploser. On sentait chez le Président la volonté de mieux faire, mais une retenue inexplicable l’avait empêché d’égayer la minque.
Il a retenu la leçon.
C’est détendu et heureux que nous serons à l’écoute du prochain discours. Nous irons à l’aise à la découverte d’un parler vrai qui n’était plus en usage depuis qu’un général d’empire, Cambronne, s’était lâché… mais c’était sur un champ de bataille.
Nadine de Rothschild, grande prêtresse de la bienséance, va sortir un nouveau livre pour les usagers des salons de l’Elysée.
Il commence ainsi : « Avec sa bonne mine à peine plaint, il ne laisse rien voir qui fasse signer sa peine ».
La baronne s’est mise au contrepet !

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