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Pax germanica ?

On peut remiser les drapeaux, se foutre à nouveau de tout, râler sur la vie chère et reprendre un traitement sans stress pour essayer de ne plus fumer, nous avons un gouvernement !
Il ne paie pas de mine et il a trop été attendu pour que nous en soyons enthousiastes, mais l’essentiel, c’est qu’il existe.
C’est bien la première fois dans l’histoire courte mais pathétique de ce fichu pays, que les organisateurs de notre avenir ont senti l’extrême urgence de sortir des querelles pour afficher leur réussite à former un gouvernement.
Certes, le résultat n’est pas terrible et on doute qu’il aille jusqu’au bout de la législature, pourtant bien entamée. Enfin si tout ne baigne pas, au moins sommes-nous en train de revenir à une normalité apaisante.
Signe que les négociateurs ont eu chaud devant l’opinion grondante, tous ont parlé en priorité de l’adaptation des salaires et pensions au coût de la vie, par un petit pourliche…
Même Chastel, le nouveau toutou de son maître, a reconnu que cela devenait difficile de ne pas faire autrement, après avoir ergoté sur les améliorations et soutenu les salaires de 2.500 à 3.500 euros, histoire de ménager la clientèle libérale ; car, oui, il paraît que c’est la catégorie laborieuse qui vote le plus pour le MR !
C’est un geste. Qu’on ne s’attende pas à des miracles. Les gens qui nous gouvernent ont de trop gros besoins pour nous laisser espérer grand chose.
Ce n’est pas pour demain que les vieillards au minimum pension iront se refaire un bridge chez le dentiste.
Les gens ne sont pas bêtes, ils voient bien que ce n’est pas parce qu’on a été le héros de 800.000 Flamands que l’on peut faire un premier ministre assez adroit pour concilier l’eau et le feu et faire comme si les antagonismes de culture entre les deux communautés n’existaient plus.
Evidemment, si Leterme avait eu devant lui une majorité wallonne composée du seul Reynders, cela aurait été plus facile pour la Flandre de nous plumer. Comme ce n’est pas le cas, Leterme a repris la méthode Verhofstadt qui consistait à remettre à plus tard les poils à gratter du jour. Aujourd’hui, les frigos débordent. Je souhaite bien du plaisir aux frigoristes qui vont interrompre la chaîne du froid vers la mi-juin, ou juillet au plus tard. Le bruit que cela promet fera que même en Grèce ou en Tunisie, les touristes belges auront leurs vacances gâchées !
La question du jour est de savoir en quelle langue le premier ministre va accomplir sa prestation de serment jeudi matin. S’il lui reste un soupçon de bon sens, il la fera dans les deux langues.
On voit par un détail qui, en d’autres temps aurait été superflu, comme les choses vont mal dans cette désignation résignée de quelqu’un qui ne peut oublier d’avoir été le président de l’exécutif flamand.
C’est avant tout sur ce destin qu’il faut revenir, parce qu’il inquiète.
Leterme est la victime de son succès dans une seule partie du pays. S’il ne se conduit pas comme la Flandre l’entend, ses partisans lui retireront leur confiance ! Le délai est court. D’ici juillet, il n’a que quatre mois… C’est dire comme cette pression, venue de Flandre, pèsera sur les négociateurs wallons qui sont loin de ressembler tous à Reynders. Le président du MR braderait tout pourvu que l’on pourvoie au sort des classes moyennes supérieures et des entreprises.
Condamné à réussir écrivent les journaux.
Condamné certes, mais c’est la quadrature du cercle, cette condamnation-là, !
Tant qu’à faire, les Wallons préfèrent sans doute Leterme condamné, plutôt que la Wallonie. On ne voit pas la possibilité d’une réussite des deux, tant les intérêts de l’un vont à l’encontre des intérêts de l’autre.
Madame Houart aura quelques drapeaux à coudre d’ici les vacances.
Franchement, la solution n’est-elle pas de séparer les destins, quand deux entités ne s’entendent plus ?
A-t-on déjà imaginé quel serait le raffut en Flandre si, au lieu de Leterme, cela avait été Rudy Demotte, son homologue à la Région wallonne, premier ministre ?
Alors, au lieu de perdre du temps en ravaudant un Etat belge en quenouilles, si on essayait de s’entendre sur une séparation à l’amiable ?

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Cette idée n’inclut pas directement des douaniers aux frontières et le sciage en 6/10 pour l’un et 4/10 pour l’autre, du patrimoine national ; mais, au contraire, une séparation raisonnée et méthodique, d’autant qu’elle pourrait être progressive, sous l’aspect premier d’une confédération que les Flamands veulent et que nous ne voulons pas, pour des raisons fausses, masquant une peur irraisonnée d’être maître de notre destin.
Les plus « aventureux » des Francophones veulent, comme Olivier Maingain, que ce soit la Flandre qui nous largue et que nous gardions la dénomination Belgique avec drapeau, dynastie et tout le saint tremblement. Est-ce réaliste ? En voulant donner tous les torts à la Flandre, nous excluons toute possibilité de rendre la chose possible. Nous les forçons à faire usage de leur majorité pour nous imposer leurs vues, sans aucune contrepartie.
Est-ce raisonnable ?

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