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Littérature : occupation des oisifs.

A privilégier les math et les sciences dites exactes dans nos écoles, Arena et les autres en sont venus à oublier que la langue était le principal support des idées. Les cours de français cèdent du terrain partout où il faut rassurer par du concret le futur demandeur d’emploi. Il doit y avoir certains conseillers qui suggéreraient plutôt les cours de gymnastique, à la langue de Voltaire !
Moralité, lalangue – dirait Béatrice en un mot (comment vas-tu, en ton privé ?) - rétrécit avec l’idée, comme l’idée courte rétrécit la langue.
Va savoir laquelle des deux commença ?
La mathématique sert plus en plomberie que des lettres et de l’esprit. Nos lourdauds au Parlement donnent l’exemple. Ils sont plus tuyautés qu’une entreprise sanitaire. Aujourd’hui, même l’avocat est plus au fait d’une équation que d’une périphrase… si en plus d’être d’Oudenaarde lui fait rouler les « r » !
La parole critique se raréfie.
C’est ainsi qu’à la télé aux journaux télévisés, à la radio, partout où des babillards « jactent » la langue, on sait à l’avance ce qu’ils vont dire.
Il y a une pente naturelle en-dessous de laquelle certains mots en télescopent d’autres, comme si à la pauvreté d’idée succédait les mots « allant de soi ».
Flaubert en fit un dictionnaire.
Dans un univers sans surprise, chacun peut s’amuser au jeu des trois idées reçues..
On prend un papier et un crayon pour noter une suite associative de mots qui constitue un début de phrase dont on n’aurait pas besoin d’entendre la suite pour la terminer.
Les affirmations… sont souvent gratuites. C’est pratiquement les seules choses. Quant à la sonnette d’alarme, elle est là pour être tirée. Nos gaspards adorent parler d’alternance pour la respecter en bonne démocratie, alors qu’ils sont vissés à leurs mandats comme un cul sur le télésiège de Megève.
L’ambition, quand elle n’est pas noble, est toujours au-dessus des moyens, sans parler de celle qui est folle. Depuis les trous noirs, tous les astronomes sont poètes. Ah ! la poésie des astres, plus besoin de bagage (intellectuel) pour parcourir la voie (lactée).
Quittons les bars « inoubliables » des grands hôtels, comme on quitte les basses-fosses dont on ne voit que le cul.

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C’est déprimant.
Le danger, c’est de s’endormir au ronron conforme d’un hymne au libéralisme avancé, en sachant que des voyous des eustaches à la main, nous attendent sous les porches, derrière les portes cochères. Les mêmes qui, quelques instants auparavant, nous assuraient de leur parfait dévouement, collaient à leurs fenêtres les visages aimés : Serge, Michel, Didier… tous ces gens honorables, la main sur notre portefeuille, en criant leur numéro d’urne.
L’Administration a compris la leçon depuis longtemps.
Moins bien payée que les élus, c’est quand même de l’argent public. C’est-à-dire le nôtre.
Et jamais personne ne nous remercie !
Comme si nous nous étions débarrassés des mots superflus de la langue, comme ils nous débarrassent de ce que nous leur gagnons !
Nous recevons chaque jour des lettres types avec des blancs que le fonctionnaire remplit en respectant le petit pointillé, ou mieux, à l’aide d’une autre machine à écrire dont les caractères ne s’alignement sur les autres que de façon accidentelle…
Il suffit de reconnaître l’entête sur l’enveloppe pour savoir ce qu’elle contient.
Les plus redoutables sont les recommandés.
L’hagiographie en est souvent déroutante.
Si bien qu’un exploit en la matière est immanquablement d’huissier.
Le lieu commun d’y répondre ne contredit pas le goût des radars, des interdictions, des caméras de dissuasion pour notre bien.
Ils voudraient nous sauver de nous-mêmes qu’ils n’agiraient pas autrement.
On ne le croira pas : ces gens nous aiment.
Leurs longues conférences, leurs hésitations, leurs scrupules, tout est pour nous !
Que feraient-ils sans nous ?
Qui traiteraient-ils de cons ?
Et si l’inflation à près de 5 % ne les gêne pas trop, ils savent compatir à notre gêne authentique.
La preuve, c’est qu’il y a des économies de mots dans le dictionnaire.
A supprimer un lieu commun sur deux, on finira par retrouver le langage initial, celui des signes que les jeunes savent bien mieux que leurs vieux : le majeur dressé en guise de réprobation.

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