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Vous avez dit Europe ?

Ah ! ce qu’on est bien compris.
Avec le gouvernement que l’on a, l’électeur est rassuré. Il peut aller à la pêche à la ligne, suivre les matchs du Standard et même s’insurger contre les trublions qui empêchent, quelques mois avant l’août olympique, de goûter aux saines joies du sport.
Ou – beaucoup plus rare - s’inquiéter de la manière avec laquelle nos grands penseurs du Parlement escamotent la démocratie.
Car la Chambre a débattu mercredi du Traité de Lisbonne.
Vous savez bien, cette Constitution européenne dont nos voisins français ne voulurent pas par referendum et que sans doute nous ne voulions pas davantage, cependant que personne n’en a rien su.. La voilà revenue sous la forme d’un Traité à l’identique - à quelques virgules près. On nous voulait bien emballés dans les marchés mondiaux sans filet social de protection et sans espoir d’en voir jamais un. Il paraît que l’Europe est à ce prix !
Traité rebaptisé de Lisbonne, comme il aurait pu l’être de Houte-si-ploût.
Deux élus écologistes s’abstiendront pour souligner le déni démocratique, c’est tout.
Le Parlement a réduit dix millions d’habitants à une trentaine de députés (fort taux d’absence en cette séance qui décidait de notre devenir), la matière étant sans doute trop délicate, trop fine, pour qu’elle soit perceptible par la masse jugée inculte et irresponsable.
Avec les deux écologistes, ne parlons pas des opposants accrédités, la fine fleur du nationalisme, qui voteraient la mort de leur mère afin qu’elle ne parlât plus le français et nous aurons fait le tour de ceux qui ont encore le droit de s’exprimer alternativement dans ce fichu pays.
De ce débat entre compères, puisque le peuple n’a plus son mot à dire, est ressorti le discours d’Hermann De Croo de l’Open VLD.
Lui, c’est un cas.
Il est persuadé qu’il parle au nom d’une majorité ! Et il en est tellement sûr qu’il n’a pas besoin de l’aval de celle-ci pour prendre des engagements en son nom. Ainsi, est-il persuadé qu’en fustigeant l’Europe de la haine, que nous nous engagions par sa voix à défendre l’Europe du Libre échange et accessoirement du Droit.
De la bouche d’un Flamand, parler de Droit de nos jours, c’est assez gonflé ; de l’étendre à l’Europe l’était davantage. Mais enfin, personne ne changera Hermann, lui et ses certitudes, ses cocardes, son attirail libéral et sa foi incandescente en la Belgique de madame Houart.
A croire que cet homme, s’est mis à incarner le peuple de la Belgique Joyeuse de 58, celle de l’Expo. Il mourra persuadé que c’est sous le règne de Beaudouin 1er !
Elio Di Rupo n’a pas emballé ses gloses et ses raisonnements dans le papier cadeau commun avec le CDh. Certes, le parti socialiste a fait son devoir sans abstention, comme de braves petits soldats à la cause centriste ; mais, depuis le film des Chtis, on sent l’homme pris d’un remord : celui de ne plus fréquenter la baraque à frites avec les camarades.
Aussi, sans y croire vraiment, poursuit-il l’espoir d’intégrer les nombreux défis sociaux dans le bidule de Lisbonne.

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Comme il est farouchement contre une consultation populaire, il fait, comme Hermann, le bonheur du peuple sans le consulter. Les voix, qui l’inspirent sur les talus boisés de Mons, sont celles que la Pucelle entendait. C’est l’âme d’Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, par la voix d’Adamo qui souffle en lui la braise wallonne qu’il est censé représenter. Elio a conquis ses prestigieux diplômes pour nous dispenser d’avoir le certificat d’études. Nous pouvons compter sur lui.
Certains diront : à force de lui faire confiance, voilà où nous en sommes !
Ce sont des grincheux, dira le chœur du bureau du PS, dans un hymne au chef.
La manie qu’ont tous ces gens de parler à ma place est énervante.
Ils croient que la machine à décerveler de Marie Aréna a fini par nous vider la tête.
Il paraît que le montage lisbonnais intensifiera la lutte contre les discriminations. On verra bien ce qu’il en adviendra, car justement, la Belgique compte pas mal de discriminés.
Mais ce n’était pas à nous que l’on pensait, mais bien à l’adhésion de la Turquie. Il paraît que ce pays est européen ! A part quelques bandes de terrains volées à la Grèce, on a beau consulter les cartes, on ne voit pas la Turquie en Europe. Mais enfin, puisque c’est le Traité qui va pouvoir changer tout cela et que c’est Hermann qui le dit, inclinons-nous.
Et puisque la Turquie est dorénavant en Europe, attendons-nous à ce que géographiquement Israël le soit bientôt aussi.
Il faut rendre hommage aux députés absents. Ils avaient rejoint l’électeur dans le désintérêt d’un jugement qui précède le vote.
Ainsi, ils pourront dire plus tard à leurs petits enfants qui pourraient le leur reprocher, qu’ils n’y étaient pas.
La bouffonnerie ne s’arrête pas à l’hémicycle suprême. Nos Deus ex machina doivent encore s’exprimer dans nos cinq parlements régionaux et communautaires avant que le Traité soit définitivement ratifié.
On fait déjà comme si c’était fait.

Commentaires

Si l'on avait du soumettre l'abolition de la peine de mort ou la loi sur l'avortement à consultation populaire, on aurait toujours la peine de mort et l'avortement serait toujours interdit. Parfois il faut accepter que l'on vote tous les 5 ans pour des gens qui vont nous representer et prendre les decisions en notre nom et je ne vois pas bien en quoi cela constitue un escamotage de la democratie. Des nouvelles règles, des lois, des décrets sont prononcés chaque jour, je me réjouis par ailleurs de ne pas devoir chaque jour me prononcer en consultation populaire là dessus.

Concernant la constitution europeenne, il faut aussi peut etre remettre l'église au milieu du village. Si les francais l'ont rejetée, il faut rapeller que les trois grand partis UMP, PS et Modem (je ne sais plus le nom qu il portait à l epoque) etaient pour. Ils etaient tellement pour qu'au lieu d'expliquer au gens pourquoi ils etaient pour, ils ont juste dit aux gens "votez pour". Quand on manque d'explications, on peut tout dire et son contraire et quand les "anti compulsifs" essentiellement l'extreme gauche, on donné de la voix, les francais etaient pret à tout croire, certains étaient contre parce que la constitution etait trop liberale (l'argument majeure), d'autre parce qu'elle était trop sociale, bref du grand n'importe quoi, il aurait suffit de la lire pour se rendre compte qu'elle n'est ni de gauche ni de droite et qu elle se contente de fixer de nouvelles regles d'organisation à 27 parce que ce qui se faisait à 15 ne pouvait plus fonctionner à 27. Mais qui l'a lue cette constitution ? Vous ?

Ce qui est amusant d'ailleurs c'est que les hollandais ont refusé la constitution pour des raisons exactement opposées aux francais. Ils ne l'avaient pas lu non plus, personne ne s'etait cru obligé de la leur expliquer non plus tant les politiques ont cru que c'etait du tout cuit et les gens se sont fait manipulés là par l'extrème droite et on rejeté la constitution parce que ils ont cru qu'ils "payaient pour les autres" ... une resucée de "I want my money back" en quelque sorte.

Moi je vote tous les 5 ans et même si l'issue du vote n'est pas toujours à mon gout, j'accepte que les representants élus me représente aussi et prennent les décisions pour ceux qui les ont plébiscité et je ne me rejouirait pas à l'idée que demain l'on fasse un référendum sur l'avenir de la Belgique où une majorité pourrait imposer sa volonté sur une minorité parce que les institutions, ELLES, ont les mécanismes qui conviennent (enfin plus ou moins) pour guarantir le respect de tous.

Es tu vraimenr sur Michel que par consultation populaire la loi sur l'avortement ne serait pas passée et qu'il valait mieux que cela soit voté par des gens soit disant "plus cultivés et bien meilleur en tout que le bas peuple "?

Dangereux de prétendre ce genre de choses là...

Oui j'en suis sur Thomas. En 1990, les mentalités n'''etaient pasprêtes, parfois il faut un peu forcer les choses, et rappelons nous qu'être un politicien, idéalement (bien sur), c'est être une peu visionnaire, proactif et en avance sur son temps, ceci n'a rien à voir du tout avec le fait d "être cultivé ou meilleur en tout". Les notaires ou les comptables aussi cultivés et intelligents soient ils font rarement de bons politiciens.

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