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Le fric, eux et nous.

Au mois de janvier 2008, la « Libre » dénonçait une pratique légale d’éluder une partie des impôts de nos élus et mandataires locaux.
Elle vaut son paquet de biscuits. En quelques mots voici le « truc » dévoilé.
« La pratique vise à démissionner de son mandat d'administrateur en tant que personne physique d'une société (publique ou privée) et à se faire mandater au même poste par une Société privée à responsabilité limitée (SPRL). Cela permet aux adeptes d'augmenter leurs rentrées financières, car leurs revenus d'administrateur ne sont plus taxés (IPP) au taux marginal de 50 pc, mais seulement au taux de l'Isoc (33 pc). Selon des observateurs de la chose publique, il leur permet aussi de contourner la règle qui limite le revenu total d'un mandataire public à une fois et demie le salaire d'un député fédéral. »
A l’article précédent au sujet des voyous d’Etat, il faudrait ajouter les « voyous locaux ».
Détenir une quarantaine de mandats de la bouillabaisse locale de ces rascasses d’eau douce est monnaie courante. On voit le bénef !
Etablir un cadastre des mandats dérivés, voilà ce à quoi s’est attelé le ministre Courard. Passer par une Loi sur le cumul des mandats avec la mise en place d’une cellule chargée de contrôler l'existence et la conformité des déclarations des mandataires et proposer des sanctions en cas de violation du code de démocratie locale, avant un office de contrôle définitif, relève d’une tâche difficile, puisqu’il faut passer par l’approbation du parlement wallon, lui-même farci de cumulards !
La preuve ? Le décret Courard doit être voté d'ici au 20 juin. Pour l'éviter, les députés wallons traînent la jambe…
C’était sur la lancée des scandales à répétition de Charleroi que Di Rupo, alors ministre président de la Région s’était drapé dans sa toge d’honnête citoyen pour vilipender les profiteurs. Nanti des pouvoirs spéciaux, Courard s’était fait procureur.
L’enthousiasme citoyen était à son comble. Il est beaucoup retombé depuis.
Trois ans plus tard, ce n’est plus l’ambiance de la Convention républicaine. Ça sent Barras et Napoléon, premier Consul…
On dit même que les députés wallons veulent éviter le décret Courard. Ils doivent tenir le coup jusqu’au 20 juin date fatidique de la fin des pouvoirs spéciaux. Ils allument des contre-feux.
« Le Soir » parle d’une lettre éclairante envoyée par Jean Bourtembourg, avocat, à José Happart (PS), président du parlement wallon, selon laquelle il faudrait disposer d'une étude juridique relative aux éventuelles implications des dispositions des arrêtés sur le statut des députés wallons. ». Il paraît que, suivant le juriste (le Soir avait ajouté « éminent »), le bidule de Courard pourrait faire doublon avec la loi spéciale du 8 août 1980.
Parlons-en de la loi de 1980, elle n’a pas empêché du tout les rigolos des Communes de s’en mettre plein les poches et pas qu’à Charleroi.
C’est tout le drame du batteur d’estrade. Devant le public, il est Robespierre, il incarne le Droit, il vole au secours du malheur, pour un peu, emporté par son lyrisme, il se dépouillerait lui-même. Puis, il réfléchit. Parfois il a une femme, peut-être une maîtresse, les enfants grandissent, sa maison de campagne a un toit à refaire, etc… ce n’est qu’un homme, l’argent des autres est là, en tas, il n’a plus qu’à se baisser… et il s’abaisse, dans tous les sens du terme…
Que ce texte coupe aux finasseries sur l’impôt, à la rigueur, mais qu’il coupe dans le cumul et qu’il le limite, c’est proprement intolérable quand on vit sur un grand pied et qu’on dépense l’argent public sans compter…
Et puis aussi, cette idée de Courard d’assortir le manque à gagner, d’une déclaration des mandats publics et privés, ainsi que le montant des rémunération et des avantages en nature, José Happart n’en dort plus de la nuit !
Enfin, tous seront contrôlés par la future Cour des comptes wallonne, et plus par le bureau du parlement où l'on réglait, finalement, les choses entre copains.

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C’est entendu, on ne fait plus de la politique pour aider les autres, mais pour s’aider soi-même. D’accord. Ce qui gêne, c’est leurs discours sur l’austérité pour le redressement des finances publiques. Ce qui interpelle c’est le culot qu’ils ont de nous emmerder avec leur sens de la grandeur de l’Etat.
Qu’ils en prennent puisqu’ils sont à la source, nous sommes dans un système où seuls les égoïstes sans scrupule se tirent d’affaire ; mais qu’ils en prennent trop, non. Ils manquent de mesure. Et dans ce métier hasardeux, manquer de mesure risque de faire perdre tout.

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