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Royal et Delanoë, même combat !

Le Parti socialiste français passe d’une phase inactive à une phase active, sans que l’on puisse discerner la différence entre les deux !
C’est tout de même étrange la situation de ce parti ! Crédible au niveau des municipales où il est nettement majoritaire, il ne parvient pas à rendre perceptible son action d’opposant à la majorité.
Cette semaine, la déclaration d’intention de Ségolène Royal à diriger le parti et le livre de Bertrand Delanoë « de L’audace » annoncent la phase active. Mais tout est à l’intérieur, on n’est pas certain que le vote du Congrès qui s’annonce ne sera pas à l’avance déterminé.
On n’est pas certain que le débat qui s’ouvre intéressera les travailleurs. La part des salaires diminue dans le partage entre le capital et le travail, sans qu’on planche vraiment sur la chose au PS.
Les clivages sont plus présents que jamais. Les éléphants piétinent le magasin de porcelaine dans lequel le premier secrétaire, avant de partir, tente de sauver les belles pièces. A la base, les sections sont toujours structurées de manière stalinienne. Il est difficile d’y entrer dans l’intention de jouer un rôle. L’appréciation s’y fait depuis toujours par recommandation et par l’ancienneté.
Delanoë va-t-il simplifier ou compliquer le jeu en publiant son livre d’entretiens avec Laurent Joffrin, du journal Libération ?
Il semble que Royal l’ait pris de vitesse par l’annonce de sa candidature au secrétariat général du parti. Tout le monde sait l’ambition présidentielle de la dame intacte pour 2012. Dans la mesure où Delanoë abonde dans les intentions identiques qu’on lui prête, n’est-ce pas jouer un sale tour aux Parisiens après leur avoir dit, la main sur le cœur, que la mairie de Paris était sa seule ambition ?
On connaît le peu d’attaches de Ségolène Royal parmi les cadres du parti. Elle n’est pas membre du Bureau et n’assiste que lorsqu’il le faut aux messes de ce dernier. Elle ne prendra la direction de celui-ci que grâce à l’appui extérieur des militants qu’il faut rassembler, car ils se sont égayés dans la nature après son échec à la présidentielle. Si elle est élue aux commandes de l’usine à gaz de la rue Solferino, ce sera pour faire du parti une machine de guerre pour sa deuxième candidature. Il y aura l’obligation pour elle d’imaginer enfin une politique de cabinet fantôme sur tous les grands sujets et donc d’établir un plan de conduite de ce parti. Comment négocier le passage à la social-démocratie quand bon nombre de militants croient encore à la nécessité de ressusciter la lutte des classes ? Ne va-t-elle pas provoquer inutilement les vieux militants des sections et refroidir les ardeurs des nouveaux, ce qui serait tout bénéfice pour une gauche de la gauche qui monte : celle d’Olivier Besancenot ?
C’est là qu’on voit sa convergence avec Delanoë qui lui s’appuie depuis longtemps sur cette espérance « centriste » de par ses amitiés avec Jospin, auquel il a dédicacé son livre « A Lionel, Claude et Daniel », les deux autres étant Claude Estier et Daniel Vaillant.
Et justement, ainsi affiché jospiniste, Delanoë ne remet-il pas en pleine lumière un Lionel Jospin qui est considéré depuis 2002 comme une machine à perdre ?
Ce livre écrit en collaboration avec Joffrin et qui se veut une machine tournée vers l’avenir, n’est-il pas plutôt le signe que Delanoë rejoint Royal dans son allégeance à l’ordre économique libéral pour une politique centriste dont de plus en plus les gens écrasés par ce système ne veulent plus ?

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Qui ne voit aujourd’hui que si les classes se sont dissoutes, mélangées au point d’y voir un rapprochement général, même si c’est parfois illusoire, un autre genre de lutte fait ressortir néanmoins un réel antagonisme de « conditions » sociales.
Est-on aveugle dans ce parti socialiste au point de ne pas voir qu’il y a rupture entre ceux qui naviguent au-dessus pour toutes sortes de raisons et ceux qui naviguent en-dessous ? Une société à deux vitesses, a-t-on dit.
La manière de partager le pouvoir des classes politiques d’Europe devrait éclairer les gens, comme par exemple cette dernière affaire belge où des parlementaires refusent de s’aligner sur une Loi limitant leurs mandats et leurs revenus.
Et pas que les parlementaires, les bénéficiaires des fortunes se tirent magnifiquement bien des remous provoqués par la mondialisation de l’économie et de l’émergence des pays comme la Chine et l’Inde.
C’est en fustigeant les abus, en démontrant que le parti socialiste n’a rien à voir avec le monde du dessus et que sa tâche concerne essentiellement le monde du dessous, qu’il aura une chance de se réformer dans le bon sens.
Royal et Delanoë semblent penser autrement.

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