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Le maître et l’esclave.

Le Belge se trouve à quelques jours d’une échéance qui n’aurait été qu’une péripétie si du Nord au Sud on n’en avait pas fait une date butoir.
C’est ainsi que parfois, à force de ne pas vouloir un événement, on le provoque.
Les enjeux sont clairs. Les jalons sont posés. Pour comprendre ce qui pourrait se passer le lendemain du 15 juillet, il faut revenir à Hegel (1770-1831) dans sa phénoménologie de l’esprit, lorsqu’il distingue la conscience servile de la conscience stoïque.
La totale dépendance de la conscience à l'égard de l'existence (Dasein) la rend esclave; sa totale indépendance la rend stoïque. La conscience servile lie enchaîne l'individu, la conscience stoïque le libère. La liberté repose sur le concept de l’essence pensante de la conscience. C'est seulement de cette manière qu’un fait, un événement, peut se présenter comme vrai et bon pour elle.
Il n’y a donc pas, selon Hegel, à balancer dans l’alternative qui surviendra le 15 juillet, étant entendu que les francophones ne sont demandeurs de rien et que les autres demandent beaucoup.
L’esclave doit se séparer du maître !
Quels sont les motifs qui ont conduit l’esclave à servir le maître ?
Le sentiment subjectif qu’il est bon de s’abriter sous la protection de plus puissant que soi. La notion « historique » d’un Etat liant des entités différentes dans un même destin. Comme dans le conte d’une vieille servante de ferme qui ne voit plus son aliénation, tant lui apparaît naturel son servage, puisqu’elle pense qu’elle est de la famille du maître.
Quels sont les motifs qui conduisent l’esclave à se séparer du maître ?
L’aliénation contre des avantages et des commodités de vie n’a plus de sens quand ceux-ci fondent à la suite d’une nouvelle rationalité du maître qui fait supporter les économies qu’il réalise à son esclave. La réalité historique disparaît dans une actualité où le maître tente de déposséder l’esclave de son propre langage (les francophones de la périphérie). L’ordre n’est-il pas de parler seulement dans la langue du maître sous peine de ressentir sa force ?

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S’il y a bien une Histoire raisonnée, c’est celle de Hegel qui nous renseigne sur notre propre destin. Bien sûr, il est loisible de penser l’Histoire autrement. Seulement, en se référant à une pseudo-histoire puisqu’il y faut abandonner la phénoménologie de l’Histoire même !.
Un des facteurs rémanent de la pseudo-histoire, c’est le rêve sans cesse renouvelé de l’Unité ! Tous les Empires ont poursuivi cette chimère sans avoir eu l’occasion de la pérenniser à commencer par Alexandre, le rêve d’Auguste, puis le Saint-Empire, jusqu’au Troisième Reich !
Tous ont voulu l’impensable en philosophie : unifier ; c’est-à-dire produire dans la réalité une multitude de rapports de petits maîtres à esclaves, les petits maîtres devenant esclaves à leur tour pour de plus grands, jusqu’au Grand Maître qui est le seul à ne pas être esclave ou, si l’on veut, qui l’est de tous les autres.
Evidemment, le rêve de l’unité dans la pseudo-histoire conduit à la division de la même manière que le rêve de liberté, puisque d’autres s’opposent à l’unité et qu’elle devient de ce chef impossible !
Hegel a décrit l'histoire de la société civile comme une genèse de ses antagonismes, en démontrant son irrationalité.
On peut ne pas aimer la réaction de Maingain à la RTBF suite aux propositions de Leterme, mais n’est-ce pas le langage de qui ne veut plus être asservi, lorsqu’il dit : « On n'est nulle part. Rien de très concret, de palpable, de structuré. Le Premier ministre vient avec des propositions tellement faibles, insignifiantes, à la limite du mépris pour les francophones, que ça ne facilite pas la situation."
Il n’y a donc plus aucun accord possible entre un maître dont il est indifférent que son esclave soit encore ou non à son service, dans la mesure où celui-ci mettrait dans son comportement plus d’indépendance que de zèle aux nouvelles dispositions du maître. Attacher plus de devoir et moins de droit, placerait n’importe qui dans une situation insupportable.
Kris Peeters avec l’ensemble de la classe politique flamande est incapable dévaluer les bouleversements en cascade vers lesquels conduisent ses raisonnements, s’ils étaient appliqués. Comme, il va de soi, les Francophones manquent aussi de projections réalistes des affabulations de Kris Peeters, sinon ce qu’ils en pensent reste confidentiel dans la peur de conclusions qui déplairaient à leur électorat toujours unitariste.
Dans leur situation d’esclaves, les francophones ne peuvent avoir ni propositions contradictoires, ni acquiescements mitigés. Ils sont condamnés à dire oui, ou non. C’est un referendum déguisé. Voulez-vous encore de la Belgique ? Alors, approuvez les thèses flamandes et ne discutez pas. Sinon, il n’y a plus de Belgique.
A moins d’avoir l’âme basse, salie par cent cinquante ans de bourgeoisisme, on ne peut que prendre la fuite et laisser le maître cirer ses bottes tout seul !

Commentaires

L'esclavage étant parfois plus "confortable" que la liberté, pensez-vous que la majorité des francophones est d'accord de devoir trimer dur pour assumer son indépendance.
Pourtant mieux vaut libres et pauvres que soumis aux diktats flamands ou autres.

Maitres, esclaves, que de superlatifs quand il ne s'agit que d'un couple qui ne s'entend plus et qui commence à parler divorce.

L'un qui travaille et qui en à marre de payer pour deux, l'autre qui est à la maison et qui commence à se demander si c'est normal de se faire prendre par derrière tous les soirs quand la lumière est éteinte.

Le premier aime encore bien ca, il hésite encore un tout petit peu mais il a confiance dans le pouvoir de séduction de son bel uniforme nazillon et se dit qu'il ne tardera pas à trouver un nouveau partenaire tout aussi conciliant à plus vil prix.

L'autre exclu l'idée même du divorce et continue à en prendre dans l'anus terrifié par l'idée de se retrouvé à la rue à un age ou on ne trouve plus de travail, sans argent, sans revenu, sans diplome et sans espoir.

Si vous voulez mon avis, dans toutes les situations de divorce, personne n'en est jamais mort et peut être qu'il vaut mieux accepter de se passer d'un certain confort que d'être forcé à sucer une bite molle à longueur d'années.

Ben tout arrive, pour une fois je suis d'accord, même si se faire enculer de temps en temps ben ça fait du bien mais une bite molle ah non!

Richard3, j'aime quand tu fais de la philosophie. Quant à la séparation, un flamand me disait il y a 20 ans "Le jour où la Flandre n'aidera plus la wallonie, elle sera la région la plus pauvre de l'Europe....dorebul

raannemari, permettez moi une citation de Jules Renard : "Si le mot cul est dans une phrase, le public, fut il sublime, n'entendra que ce mot"...

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